La régularisation de milliers de sans papiers africains par les autorités marocaines, leur prise en charge et leur insertion sociale sont au menu, ce jeudi, d’une journée de réflexion organisée par le GADEM et la FIDH.
D’emblée, les organisateurs de cette journée de réflexion, prévue à Rabat, près des rives du Bou-regreg, annoncent la couleur : »cette journée rassemblera des associations de la société civile, des représentants des autorités, ainsi que des organisations internationales ». Elle sera également »l’occasion de partager les expériences de certains pays européens qui ont, eux aussi, mis en œuvre des programmes similaires par le passé et d’échanger sur les stratégies futures permettant l’implication des ONG, » poursuit l’un des organisateurs.
Pour la secrétaire générale de la Fédération internationale des droits de l’Homme, Amina Bouayach, cette rencontre de mouvements associatifs marocains et européens »sera l’occasion pour tous les acteurs concernés d’exprimer leur point de vue sur la partie du programme de régularisation déjà réalisée », et »pour que la suite de ce programme se déroule dans des conditions optimales, respectueuses des droits humains des migrants, et avec la participation pleine et entière de la société civile marocaine ».
Hicham Rachidi, secrétaire général du GADEM (groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants), relève de son côté que »le dialogue et la concertation entre les pouvoirs publics, les organisations de migrants et les associations marocaines, offre le gage d’une transparence et d’une légitimité accrues de la politique migratoire radicalement nouvelle ». Il estime également que »cette concertation permet de relever les points d’amélioration possibles afin que cette opération exceptionnelle puisse réellement correspondre aux visées humanistes qui en constituent le socle et le fondement ».
Une année pour avoir des »papiers »
Les subsahariens et migrants au Maroc qui veulent régulariser leur situation disposent d’un délai d’une année pour le faire, soit à la fin 2014. Entre le 1er janvier et le 31 décembre 2014, les immigrants établis illégalement au Maroc pourront ainsi régulariser leur situation après la décision des autorités marocaines de régulariser plusieurs milliers d’étrangers, en majorité des subsahariens, résidant illégalement depuis de nombreuses années dans plusieurs villes du pays. Ils seraient, selon le ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad, entre 25.000 et 40.000, et la plupart ont déjà »mis pied à terre » dans le pays, s’étant définitivement résolus à abandonner la poursuite de l’aventure vers « l’Eldorado » européen.
Mesures flexibles
En fait, c’est sur la base d’un rapport sur la situation des migrants et des milliers de réfugiés établi par le Conseil marocain des droits de l’homme (CMDH), que le roi du Maroc a donné le feu vert à cette opération de régularisation. Selon ce rapport, »le Maroc n’est plus seulement un pays de transit (vers l’Europe à travers les enclaves espagnoles de Ceuta et Melila), mais également un pays de résidence pour les migrants (….). Selon le ministre marocain de l’intérieur, les conditions d’éligibilité à la régularisation « demeurent plus flexibles et moins exigeantes » que celles imposées par d’autres pays d’accueil de migrants. »Une fois régularisés, les immigrés auront les mêmes droits et obligations que les Nationaux », a-t-il dit. Selon un communiqué du ministère marocain de l’intérieur, les associations et ONG marocaines des Droits de l’Homme seront étroitement associées à cette démarche pour assister les personnes concernées par les opérations de régularisation.
Pour autant, les africains cachés dans les forêts frontalières des enclaves espagnoles de Ceuta et Mellila, ne sont pas concernés par cette ouverture de la politique migratoire marocaine, qui ne s’adresse qu’à ceux déjà établi au Maroc depuis au moins deux ans et justifiant de ressources financières, ou conjoints de marocains (es).