Alors que Paris multiplie les déclarations de fermeté sur le dossier migratoire algérien, une voix dissonante s’élève au sein même des Républicains. Amine El Bahi, juriste spécialisé en droit public, démontre sur CNews comment la France pourrait être la première victime d’un bras de fer qu’elle a elle-même initié.
“Je ne blâmerai pas la fermeté du gouvernement algérien, je blâmerai en tant que Français la médiocrité de ceux qui nous dirigent”, déclare sans détours El Bahi. Une critique acerbe qui introduit une analyse dévastatrice pour la stratégie française.
L’accord de 1968, souvent brandi comme un levier de pression par la France, pourrait en réalité se révéler être son talon d’Achille. “La pire humiliation pour la France dans ce dossier ? Ce serait que l’Algérie elle-même dénonce cet accord de 1968 qui ne profite absolument pas aux Algériens”, souligne le juriste.
Plus révélateur encore, El Bahi expose comment l’abandon de cet accord profiterait paradoxalement aux ressortissants algériens. “Demain, un ressortissant algérien pourra se prévaloir du droit commun”, explique-t-il, évoquant l’accès à la régularisation exceptionnelle, aux cartes de séjour pluriannuelles de 4 ans, au passeport talent, ou encore aux cartes de séjour étudiant. Des dispositifs plus avantageux que le régime actuel, figé depuis 1968.
Le coup de grâce porte sur la question des retours en Algérie, véritable enjeu selon El Bahi. “Le vrai sujet, ce n’est pas l’entrée en France, c’est le retour en Algérie”. Il révèle l’existence d’un protocole administratif non publié, signé sous l’ère Bouteflika, suggérant que la seule carte dans le jeu français serait la publication de ce document confidentiel.
Ces révélations d’un expert français en droit public démontrent ainsi les limites d’une politique de fermeté affichée par Paris. Alors que la France multiplie les déclarations musclées, l’analyse d’El Bahi suggère qu’elle n’est pas en position de dicter ses conditions, au risque même de s’affaiblir davantage en tentant de le faire.
Yasser Kassama