Les inquiétudes exprimées récemment par l’Algérie au sujet d’un flux « massif » et « inhabituel » de marocains vers la Libye n’est qu’une rare manifestation publique d’une politique particulièrement sévère visant à dissuader les citoyens étrangers de rejoindre ce pays via à les frontières algériennes.
Le journal El Khabar, qui cite des sources sécuritaires, souligne que ces mesures visent à la fois à protéger les étrangers présents en Algérie qu’à empêcher l’afflux de djihadistes vers la Libye.
Les autorités algériennes, indique-t-il, ont pris une série de mesures pour empêcher l’extension de l’organisation « Etat Islamique » ou Daech dont un contrôle strict des identités des citoyens des pays arabes et musulmans qui circulent par route dans le pays et une vérification du départ effectif des étrangers entrés au pays.
Les postes de contrôle sur les voies menant aux zones frontalières entre l’Algérie et la Libye effectuent des contrôles sévères des voyageurs qui se rendent dans la wilaya d’Illizi. Le but est d’empêcher les citoyens étrangers d’arriver à la frontière sud-est du pays.
Selon une source sécuritaire citée, les mesures visent aussi bien les citoyens subsahariens qu’arabes ou asiatiques. Les citoyens occidentaux sont déjà interdits de circuler dans ces zones sans une protection assurée par l’Etat algérien.
De facto, la frontière libyenne, fermée en mai 2014 après la fermeture de l’ambassade algérienne à Tripoli, est de facto interdite d’accès aux étrangers vivant en Algérie.
Des dizaines d’étrangers dans la nature
Cette politique a été mise en œuvre en plusieurs étapes. La première a ciblé les citoyens syriens venus de pays subsahariens suspectés de chercher à rejoindre l’Europe via les côtes libyennes ou, plus grave, rejoindre les groupes terroristes.
Selon la source citée, des rapports sécuritaires établis en 2014 et durant les premiers mois 2015 avaient signalé la disparition dans la nature de dizaines d’étrangers entrés en Algérie avec des visas touristiques. Ces « disparitions » ont été interprétées selon les deux possibilités précitées : migration clandestine ou ralliement à des groupes terroristes.
Des enquêtes menées en 2015 ont révélé qu’un nombre important de citoyens arabes ou de pays musulmans et « notamment de Mauritanie et du Maroc sont entrés en Libye via l’Algérie ».
Les services de sécurité ont décidé d’établir un liste, constamment mise à jour, des étrangers qui quittent l’Algérie après la fin de la durée légale de leur présence sur le territoire national.
Une mesure destinée à lancer rapidement l’alerte au sujet de ceux qui disparaissent sans quitter le pays. La mesure est clairement destinée à empêcher des combattants potentiels de rejoindre les groupes terroristes en Libye.
La même source sécuritaire citée par El Khabar précise que les pays voisins de la Libye se sont entendus en 2015 de prendre toutes les mesures pour empêcher l’arrivée de combattants djihadistes en Libye.