Comme lors de la semaine précédente, les chiffres sur les taux de participation, hier, à la grève dans la fonction publique pour la défense de la retraite proportionnelle sont aux antipodes entre les syndicats et les médias officiels qui parlent d’une participation « mitigée ». L’intersyndicale, elle, s’en prend aux propos « provocateurs » du ministre du travail.
La plupart des syndicats autonomes évoquent une mobilisation encore plus grande hier avec des taux de participations importants. Dans le secteur de l’éducation où l’administration a annoncé que les grévistes vont subir des retenues sur salaires, une « mesure normale et légale » a dit Nouria Benghabrit, la participation reste aussi importante, selon les syndicats.
Le taux de participation y a atteint, selon un communiqué de l’intersyndicale, 75,3%, soit trois enseignants sur quatre. A l’opposé, Mme Nouria Benghabrit, ministre de l’éducation, a affirmé à l’APS que la participation n’a pas dépassé 19% et qu’elle était inférieure à la semaine dernière où elle n’a pas dépassé, selon elle, les 21%.
Selon les chiffres de l’intersyndicale, le record de participation est le fait des vétérinaires : selon leur syndicat le taux de participation a atteint 85,5%. Les autres chiffres tendent à montrer que la participation est loin d’être aussi « mitigée » que ne le disent les médias officiels : 75 % pour les Collectivités locales, 35% dans l’Enseignement supérieur, 75,3% dans l’Education nationale, 74% dans la Santé publique, et 52% pour le secteur de la Formation professionnelle.
Les « provocations » de Mohamed El Ghazi
Le communiqué de l’intersyndicale réaffirme l’attachement à la revendication du retrait de la décision prise par a tripartite validée par le Conseil des ministres de supprimer la retraite proportionnelle et sans condition d’âge. L’intersyndicale revendique également le droit d’être partie prenante de l’élaboration du code du travail.
La multiplication des « déclarations provocatrices » du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi risque de « faire empirer la situation » averti l’intersyndicale.
Le ministre du travail a accusé les syndicats de « tromper l’opinion publique » au sujet du Code du travail qui n’est pas « à l’ordre du jour », leur déniant au nom des « textes » le droit de participer à son élaboration. Le ministre du travail a chargé de manière particulière les fonctionnaires du secteur de l’éducation.
Pour rappel, le gouvernement a décidé de supprimer la retraite proportionnelle et sans condition d’âge en arguant de ses coûts qui seraient insupportables pour la Caisse nationale des retraites (CNR) et mettraient en péril son existence même.
Les chiffres du gouvernement contestés
Les chiffres du gouvernement fortement relayés par la presse sont contestés par les syndicats. Ils estiment que les chiffres avancés servent à justifier une fausse solution aux dépens de fonctionnaires. Le gouvernement ne fait aucun effort pour s’assurer de la participation du secteur privé, un gisement important selon eux pour financer la Caisse des retraites
L’ancien syndicaliste et expert dans les relations du travail, Nouredine Bouderba a conforté, sur RadioM, les syndicats en accusant le gouvernement de créer délibérément une confusion autour des chiffres.
Selon lui, la mesure de suppression des retraites avant l’âge légal de 1997 ne soulage pas la CNR « d’un fardeau financier ». Il a mis en exergue le grand gisement pour la Caisse de la retraite que constituent les travailleurs du secteur privé non affiliés à la CNAS.
Citant les chiffres de l’Office national des statistiques, Bouderba note que sur 3 millions de salariés dans le secteur privé, 2,26 millions ne sont pas affiliés. « C’est un gisement énorme » et il «devrait être pris en considération par l’Etat ».
La grève des personnels de la fonction publique doit se poursuivre aujourd’hui. L’intersyndicale compte se réunir samedi prochain pour «évaluer le mouvement de protestation» et décider «de la suite à donner à la grève»
.