“Ils ne nous ont même pas laissé savourer notre victoire et l’annonce de l’abdication de Bouteflika hier” nous lance Mohamed, un jeune rencontré en marge du débat populaire organisé à la Grande poste aujourd’hui.
“Nous étions très motivés, unis et nous avions des idées intéressantes pour la suite du mouvement, aujourd’hui et à cause de la quantité de rumeurs colportées par les télévisions privées, les sites et certains influenceurs sur les réseaux sociaux, on en est à compter les points entre Gaid Salah et Said Bouteflika et à attendre les démentis ou les confirmations des informations et communiqués diffusés” ajoute notre interlocuteur.
En effet, depuis la sortie publique d’Ahmed Gaid Salah la semaine passée et son appel à appliquer l’article 102 de la constitution, c’est à une véritable guerre psychologique que nous assistons à grand coups de faux communiqués, d’images fuitées et de Fake News distillées par certaines chaînes de TV privées qui ont choisi un camps.
“Nous ne sommes pas dupes, les images transmises à Ennahar montrant le Général Toufik et Liamine Zeroual sont l’oeuvre de l’équipe de surveillance du renseignement militaire qui garde un oeil à distance sur l’ancien patron des services. Il n’est pas pensable dans ce cas que la fuite soit l’oeuvre des agents eux-mêmes, on l’a vu les conséquences de la divulgation de documents militaires lors de l’affaire Ould Kaddour, c’est donc en haut lieu qu’on a décidé de transmettre ces photos à Ennahar, pour étayer les déclarations de Gaid Salah le 30 mars dernier” nous explique un retraité du DRS qui estime que les agissements de part et d’autre constituent un danger dans la mesure où les différents clans qui sont à couteaux tirés aujourd’hui ne regardent pas vers la rue qui ne désempli pas. “La rue a su garder le caractère pacifique des marches, ce n’est pas par faiblesse et le potentiel de violence est toujours là” conclut notre source.
Hier, alors même que la Présidence annonçait la prochaine démission d’Abdelaziz Bouteflika, les TV privées, puis certaines chaînes étrangères relayaient l’information selon laquelle, l’armée encerclait l’immeuble de l’ENTV, puis diffusait la photo d’un faux communiqué portant le sceau du secrétariat général de la présidence et annonçant la mise à la retraite du chef d’Etat-major, Ahmed Gaid Salah, dont les services de communication démentiront le contenu.
Aujourd’hui, récidive, un autre faux, prétendument signé par le conseiller du président, Mohamed Boughazi, annonçait une rupture entre l’institution présidentielle et l’armée. Mieux élaboré que le faux grossier de la veille, ce document, a vraisemblablement été fabriqué par des personnes ayant accès aux documents de la présidence, car on y vois la signature du concerné et différents cachets. Mohamed Boughazi finira par nier en être l’auteur, encore une fois sur une chaîne de TV privée.
Sur les réseaux sociaux la guerre fait rage, entre les campagnes virales affirmant que le peuple a décidé de s’en remettre au chef d’état-major de l’armée pour se débarrasser du président et les différents appels à la sédition, voir à l’établissement de maquis insurrectionnels par de douteux exilés, c’est un brouhaha assourdissant qui perturbe les algériens ces derniers jours et qui est entrain de gâcher les retrouvailles du peuple avec son destin.
