Le président du Conseil présidentiel libyen et président du gouvernement d’union nationale libyen, Fayez el-Sarraj, a annoncé dimanche soir à Skhirat (banlieue de Rabat), la formation d’un gouvernement d’union nationale dans le cadre d’un plan élaboré en décembre par les Nations Unies dans l’espoir de mettre un terme à la division du pays et de contrer l’influence croissante du groupe Etat islamique (EI).
Le Conseil présidentiel libyen est composé de neuf membres de factions rivales libyennes et est dirigé par Fayez el-Sarraj, homme d’affaires appelé à devenir le Premier ministre selon un accord conclu sous l’égide de l’ONU. Ce Conseil présidentiel avait un délai de dix jours pour présenter un nouveau gouvernement. L’annonce de dimanche est intervenue quelques minutes avant l’expiration de ce délai.
Lors d’une conférence de presse tenue dimanche soir à Skhirat, le porte-parole du conseil présidentiel libyen Fethi El Mjibri a fait savoir que « le choix des membres du gouvernement a été fait en fonction de critères relatifs à la compétence, l’expérience et la répartition géographique (…). Certes, ce gouvernement ne satisfera pas toutes les parties en Libye, mais devrait aider les Libyens à préserver l’unité de leur pays ».
« La formation du nouveau gouvernement, composé de 13 ministres, dont trois femmes, et de cinq ministres d’Etat, a pu se concrétiser aujourd’hui à l’issue de négociations de longue haleine », a relevé M. El Mjibri.
Il a précisé que la liste du nouveau gouvernement a été soumise au parlement pour approbation. Le Parlement de Tobrouk devrait tenir lundi ou mardi une session pour accorder ou non sa confiance au gouvernement d’union nationale. Lors d’une réunion à Munich (sud de l’Allemagne) sur l’avenir de la Libye, les chefs de la diplomatie américaine, française, allemande, italienne, égyptienne, de l’UE ainsi que l’émissaire de l’ONU pour la Libye, Martin Kobler, ont exhorté le président du Parlement de Tobrouk, Aguila Saleh, à approuver le gouvernement d’union nationale.
Pour sa part, le Premier ministre désigné Fayez el-Sarraj a expliqué que ces nouvelles nominations tenaient compte de « l’expérience, des compétences, de la répartition géographique, du spectre politique et des composantes de la société libyenne ».
Nombre de noms figurant sur la liste présentée dimanche sont différents de la première. Selon la lettre du Conseil, le poste de ministre de la Défense est attribué au colonel Mahdi al-Barghati. L’attribution du portefeuille de la Défense a été l’un des principaux obstacles rencontrés au cours des négociations.
Cependant, deux des neuf membres du Conseil ont une nouvelle fois refusé d’apposer leurs signatures au projet de gouvernement.
Après la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye a sombré dans le chaos. Le pays a eu à sa tête deux gouvernements et deux parlements rivaux, les uns basés à Tripoli, les autres à Tobrouk, dans l’est de la Libye. En janvier, la formation d’un gouvernement comprenant 32 ministres et destiné à rassembler les factions rivales a été annoncée dans le sillage de l’accord de Skhirat du 17 décembre dernier. Le parlement libyen reconnu par la communauté internationale a rejeté une première proposition pour constituer ce gouvernement unifié, estimant que le nombre de ministres proposés était trop élevé.
L’EI a profité du vide politique pour prendre pied en Libye, s’emparant de la ville de Syrte, à quelque 450 kilomètres à l’est de Tripoli et menaçant d’étendre son territoire dans le pays.
Inquiets de l’installation d’un bastion de l’EI à 300 kilomètres seulement de l’Europe, les occidentaux se disent prêts à contribuer au rétablissement de la sécurité en Libye à condition qu’un gouvernement d’union nationale en fasse la demande. Ils estiment que seul un gouvernement d’union nationale pourra constituer un interlocuteur fiable pour combattre l’EI et pour mieux juguler l’émigration clandestine africaine vers l’Europe au travers de la Libye.