Le commerce transfrontalier informel en Afrique pourrait contribuer à l’amélioration des moyens d’existence et à l’intégration régionale à travers le continent, souligne un nouveau rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) présenté jeudi à Kigali.
Selon la nouvelle publication de la FAO intitulée ‘Formalisation du commerce informel en Afrique’, le commerce transfrontalier informel – dont les transactions ne respectent pas la législation locale sur les taxes, ainsi que d’autres règles – représente une part importante des emplois en Afrique subsaharienne (entre 20% et 70%).
Près de la moitié du commerce transfrontalier intra-africain est considéré comme informel, soulignant ainsi le poids de son rôle invisible. Le régulariser pourrait stimuler la prospérité tout en améliorant les perspectives d’avenir pour les femmes.
Rôle majeur des femmes
Les activités liées au commerce informel transfrontalier sont clairement un choix de second ordre que les personnes font lorsqu’elles n’ont pas d’autres alternatives formelles. Il s’agit principalement de la vente de biens et services, souvent de nature agricole, qui, en période de crises alimentaires et d’autres chocs, s’est révélée plus solide que les autres chaînes légales.
Cette activité économique, qui s’effectue loin des radars et qui n’implique pas toujours des échanges internationaux, représente près de 40% du PIB en Afrique, soit plus qu’en Amérique latine et en Asie.
Le commerce en question est rarement illégal. Dans la plupart des cas, il est considéré comme informel car les personnes impliquées n’ont pas accès aux licences commerciales, aux techniques administratives et aux informations sur les lois liées aux taxes douanières et aux normes d’importations pour agir autrement. Alors que de telles activités représentent une source de revenus importante pour les foyers, les commerçants sont souvent en proie à la corruption et leur accès limité au crédit implique que leurs activités sont rarement stables ou encore durables.
Les femmes constituent la plus grande partie des commerçants informels, qui selon le rapport de la FAO, seraient pour plus de la moitié en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale et représenteraient près de 70% de ces commerçants en Afrique australe.
Des recommandations politiques
Selon la FAO, des politiques proactives reconnaissant le commerce informel et exploitant son potentiel avec pour objectif d’en faire une situation réglementée seraient préférables plutôt que des approches autoritaires destinées à éradiquer les entrepreneurs ou à les taxer.
« Faciliter la formalisation représente l’unique option politique viable pour le programme de transformation africain en vue de réaliser ses objectifs », a déclaré Suffyan Koroma, Economiste en chef à la FAO et principal auteur du rapport.
Conscients du fait que mettre de côté le commerce informel transfrontalier dans les politiques commerciales nationales et régionales et dans les stratégies de réduction de la pauvreté pourrait freiner les progrès, les gouvernements africains redoublent d’efforts pour identifier les dynamiques du secteur.
L’étude de la FAO offre des directives politiques afin d’associer au mieux la moitié des échanges commerciaux transfrontaliers aux Objectifs de développement durable (ODD).
Selon l’agence onusienne, la simplification des conditions de permis et du régime fiscal, le développement de partenariats entre les radios et télévisions pour organiser des débats publics avec des participants issus du secteur de l’économie informelle et l’intensification des efforts visant à lutter contre la corruption officielle font partie des principales priorités afin de faciliter la formalisation du commerce informel transfrontalier.