Même la société civile a suivi la tendance en créant des observatoires spécialisés dans différents domaines.
L’annonce faite récemment à Alger par le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, concernant la création d’un Observatoire national de l’épargne fait suite à une longue série d’annonces similaires de responsables algériens pour faire émerger les mêmes structures que ce soit dans le domaine économique ou social.
Pour le cas des finances, l’objectif est de faire en sorte que les banques puissent appréhender « la réalité de l’épargne en Algérie et mettre en place des mécanismes adaptés pour mieux drainer les fonds », avait indiqué le ministre des Finances.
Par le passé, c’étaient d’autres ministres qui avaient annoncé l’installation d’observatoires, Sid Ahmed Ferroukhi, pour l’agriculture, Nouredine Bedoui, pour la gestion locale ou encore Mohamed Aïssa et Nouria Benghebrit pour les secteurs d’activité sociale. Tous ces ministres ont voulu avoir leurs observatoires, un véritable phénomène qui tend à devenir une mode en Algérie.
Ces observatoires annoncés pour de nombreux secteurs sont-ils censés remplacer les fameuses commissions créées autrefois là où il y avait un problème. En effet, l’Algérie avait coutume d’installer une commission pour enterrer les problèmes à l’ère du parti unique. Mais ce temps révolu risque-t-il d’être remis au goût du jour par le biais des Observatoires ?
Les secteurs économiques ont, eux aussi, prévu l’installation de ce genre de structures. C’est ainsi que l’ex-ministre de l’Energie, Youcef Yousfi avait annoncé la création d’un Observatoire national indépendant dédié au gaz de schiste et ouvert à la société civile. Le ministre avait estimé que cet observatoire permettrait de donner des avis sur cette énergie non conventionnelle, de garantir un contrôle rigoureux des sites d’exploration et de tranquilliser la population qui craint des dangers potentiels suite aux forages projetés.
L’Agence Nationale pour la Promotion et la Rationalisation de l’Utilisation de l’Energie (APRUE) a aussi soutenu l’apparition de l’Observatoire de la maitrise de l’énergie.
Un observatoire national pour les filières agricole et agroalimentaire a aussi été mis en place en 2014 dotant le secteur agricole d’un outil fournissant des informations sur les prix et les marchés agricoles ainsi que d’aide à la décision.
L’ancien ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et de la ville, Abdelmadjid Tebboune, avait aussi procédé, en 2014, à l’installation de l’Observatoire national de la ville chargé de l’amélioration du cadre de vie du citoyen à l’intérieur des villes algériennes.
Les organisations internationales comme le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a aussi contribué, en collaboration avec la le ministère de l’Agriculture et Développement rural, dès 2014, à la mise en place d’un Observatoire du développement des territoires ruraux. A souligner que la création des observatoires est suggérée même dans d’autres domaines connus pour gérer leur lot de problèmes.
Même la société civile et des juristes à l’instar du professeur Abdelhamid Berchiche s’engagent dans la démarche. Il avait indiqué qu’un observatoire de la commande publique était prévu dans législation mais qu’il n’a pas encore été installé, ce qui pose, selon lui, des problèmes pour connaître l’évolution de la dépense publique.
Toujours dans un domaine proche des problèmes que connaît le secteur économique, un observatoire national du service public chargé du développement de l’administration et de la lutte contre la bureaucratie est devenu opérationnel depuis 2016 à l’initiative du ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, Nouredine Bedoui.
Les difficultés rencontrées par les investisseurs dans les régions sont censés être pris en charge dans ce cadre. D’ailleurs, en 2017 il y a eu la naissance d’un Observatoire du climat des affaires (OCA), un outil d’aide à la décision et au suivi des réformes et actions menées par les pouvoirs publics et la communauté des affaires. L’OCA proposera un index du climat des affaires algériennes qui permettra de situer le niveau de mise en œuvre des réformes. Quant à l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications, elle a déjà créé son observatoire du marché de la téléphonie mobile.
Pour le domaine environnemental, l`observatoire national de l`environnement et du développement durable (ONEDD) a été créé en 2017 pour gérer un système national d`information à l’issue d`un programme de jumelage entre l`Algérie, la France et l`Autriche.
Le champ social observé
Les Observatoires sont également proposés pour les domaines sociaux comme la lutte contre la drogue alors que l’Observatoire algérien de la femme est déjà présent en tant qu’instance consultative nationale sous l’égide de l’Académie de la société civile algérienne. L’Observatoire des droits des enfants est aussi porté par la société civile.
Un autre appareil est proposé pour la promotion de la santé. Un Observatoire du handicap, de la réadaptation et de l’éthique en santé (OHRES) est une nouvelle société savante créée en 2007 basée à Oran, présidée par le professeur Khaled Layadi, chef du service de médecine physique et de réadaptation fonctionnelle du Centre hospitalo-universitaire d’Oran (CHUO). L’Observatoire régional de la santé d’Oran (ORS) présidé le professeur Chakali Mohamed est aussi opérationnel.
Toujours au niveau régional, l’observatoire des relations et de suivi de l’insertion des diplômés de l’université de Guelma a permis, depuis sa création en 2016, de créer une base de données concernant 10764 diplômés.
En réponse aux divers problèmes auxquels est confronté le secteur de l’éducation il y a eu la décision de création d’un Observatoire national de l’éducation et de la formation comme l’avait annoncé depuis des mois la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit.
Toujours dans le domaine des appareils d’Etat, et lors des travaux de la Conférence nationale des cadres du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs de 2015, le ministre Mohamed Aïssa a révélé la création d’un Observatoire national de lutte contre l’extrémisme religieux en Algérie. Mais peut-être que l’Observatoire national des droits de l’Homme est-il le plus connu de tous. Même si d’autres instances pourraient suivre. En effet, des députés n’ont-ils pas proposé la création d’un Observatoire national de la presse ?