« La moitié des entreprises privées du secteur du BTP risquent de mettre la clé sous le paillasson d’ici à la fin de l’année », a déclaré, lundi, sur Radio M Brahim Hasnaoui, président-directeur général du Groupe des sociétés Hasnaoui.
Cette situation de crise s’explique, selon lui, par « la diminution drastique des moyens de l’Etat » qui s’est traduite par l’interruption de la commande publique mais surtout par les retards de paiements des dettes de l’Etat envers les entreprises privées du secteur.
« L’Etat n’a pas payé ses dettes envers ces entreprises depuis huit mois », a-t-il affirmé signalant que ce sont surtout les petites entreprises qui souffrent de cette situation. « Les plus petites entreprises et les plus fragiles d’entre elles ont quasiment abandonné (le métier) », a-t-il assuré.
« Les petites entreprises n’ont pas recouvré leurs créances et n’ont plus de plans de charge », a-t-il dit ce qui lui fait prédire la mort imminente de très nombreuses entreprises. Pour lui, la crise ira en s’étendant touchant de plus en plus d’entreprises du secteur.
Une crise qui va obliger à se « surpasser »
« Aujourd’hui, la crise est en train de toucher les entreprises de réalisation mais demain elle touchera l’ensemble des activités liées au BTP », a-t-il encore annoncé. Brahim Hasnaoui estime cependant que cette crise peut avoir des aspects positifs sur le long terme.
« La crise ne peut être que bénéfique pour le secteur à long terme parce qu’elle va imposer de nouveaux comportements à l’ensemble des acteurs qui, jusqu’ici, travaillaient dans un certain confort et n’étaient pas obligés de se surpasser pour innover», a-t-il constaté.
Plus concrètement, la crise aura des effets sur les prix des matériaux de construction, selon l’invité de Radio M, qui rappelle que dans une situation de crise, tout comme dans un marché concurrentiel, les opérateurs sont obligés de réduire leurs marges.
Il relève que pour certains matériaux de construction, les marges bénéficiaires dépassent actuellement les 50%. Pour des produits tels que le ciment, le rond à béton ou encore la brique, « il est possible de réduire les marges de 30% sans que les entreprises qui les produisent ne soient réellement affectées », a-t-il poursuivi.
M. Hasnaoui indique, par ailleurs, que le groupe qu’il dirige s’est déjà lancé dans l’industrialisation des matériaux de construction afin de réduire les coûts tout en maintenant la qualité des produits. Il a indiqué également que le groupe entend investir massivement dans la production de marbre et de granit, largement disponibles mais encore importés pour un total de 160 millions de dollars.
L’objectif du groupe Hasnaoui est de produire dans les trois années à venir 10.000 mètres carrées de marbre et de granit, dont la moitié sera destinée à l’exportation vers l’Europe.
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