La non-intégration du Maghreb coûte 10 milliards de dollars par an au pays de la région, selon une note de l’ONG Oxfam rendue publique à l’occasion du 20ème anniversaire de la fermeture de la frontière entre l’Algérie et le Maroc.
Dans cette note illustrant les principaux coûts liés à la non-intégration du Maghreb, Oxfam souligne que « l’existence effective d’une union maghrébine aurait fait gagner aux cinq pays une valeur ajoutée annuelle de l’ordre de 10 milliards de dollars par an » pour les économies cumulées des cinq pays du Maghreb.
L’ONG ajoute, citant certains analystes, que la fuite de capitaux de la région est équivalente à 8 milliards de dollars chaque année, qui s’expliquerait, en partie, « par la non-intégration de la région qui la rendrait moins attractive pour les investissements ». Oxfam relève aussi dans cette note que, suivant les estimations, le coût de la non-intégration du Maghreb représente de 2 à 3 % de PIB annuel pour les pays de la région.
Le Maghreb demeure aussi, l’une des régions qui traine un potentiel commercial non-exploité. Selon un rapport de la Commission Economique des Nations unies pour l’Afrique (UNECA) de 2013, l’UMA ne réalise que 56% de son potentiel de commerce interne. L’utilisation de ce potentiel, dont le coût était encore estimé en 2014 à entre 2% et 3% de PIB supplémentaire par an pour chaque pays, « pourrait avoir des répercussions positives significatives sur le développement de la région ».
Course à l’armement au détriment des besoins sociaux
Selon l’ONG, l’un des plus importants obstacles à cette intégration du Maghreb est la perpétuation des tensions entre le Maroc et l’Algérie qui se cristallisent autour du conflit du Sahara Occidental.
Ainsi, outre les pertes en termes de croissance, Oxfam relève que ces tensions sont à l’origine d’une course à l’armement dangereuse entre les deux pays : de 2007 à 2013, la part des dépenses militaires dans le PIB a augmenté de 19% au Maroc et de plus de 65% en Algérie, grevant les budgets de ces pays de ressources cruciales. En 2013, ces deux pays ont fait partie des 20 pays consacrant la plus grande part de leur PIB aux dépenses militaires.
« Ce niveau de dépenses militaires faramineuses est incompréhensible, alors que le chômage touche un jeune sur cinq au Maroc et un jeune sur quatre en Algérie, et que les besoins sociaux sont gigantesques. Obtenir une résolution du conflit au Sahara Occidental, pourrait contribuer à un apaisement diplomatique, et créer une dynamique budgétaire et de développement vertueuse au Maroc et en Algérie et, au-delà, dans l’ensemble du Maghreb, qui pourrait bénéficier aux populations les plus vulnérables », Nicolas Vercken, directeur du plaidoyer d’Oxfam France.