L’ex-ministre des Finances Abdelkrim Harchaoui est revenu ce mercredi, dans l’ « Invité du Direct » de RadioM, sur toutes les questions qui agitent la sphère économique nationale : la baisse des prix du pétrole, les subventions, les réformes, le marché, etc.
Fidèle à son franc parler et à son attachement à la souveraineté du marché, Abdelkrim Harchaoui, ex-ministre des Finances, plaide énergiquement pour une démarche libérale. « Je suis contre les entreprises qui bouffe la rente. Je suis pour une privatisation maîtrisée. C’est incontournable, mais il faut des conditions pour privatiser. Nous vivons sur une rente depuis la nuit des temps, mais jusqu’à quand? » a-t-il relevé d’emblée avant de décliner sa vision de la situation économique actuelle du pays et son avenir immédiat, notamment à l’aune de la crise induite par la chute des prix du pétrole qui la traverse.
Commentant les réformes enclenchées par le Gouvernement Sellal depuis quelque temps, il a estimé que celles-ci ne doivent pas s’arrêter là où elles sont actuellement et qu’elles devraient continuer. « La réaction avec la loi de finances 2016 était une réaction d’urgence. C’était incontournable! Mais le train des réformes ne doit pas s’arrêter. Il doit continuer », a-t-il indiqué. Pour mener cette entreprise, il a préconisé « la création d’un noyau technocrate au sein de la présidence, capable de penser les réformes avec les ministères, et de faire des évolutions trimestrielles ».
Au sujet des déficits budgétaires qu’enregistre la balance des paiements, il a fait savoir que la crise que vit le pays « n’a pas encore fait mal, parce qu’on a des réserves. Mais c’est temporaire», d’où l’urgence de conjuguer tous les efforts afin de trouver les solutions adéquates. En effet, selon lui, l’Algérie est appelée à faire face à une situation très difficile dans les prochaines années et ce, d’autant plus que le niveau actuel des prix des hydrocarbures va se prolonger dans le temps puisque même « l’accord entre l’Arabie Saoudite et la Russie pour geler leur production pétrolière n’apportera aucun changement à la situation actuelle », l’appel de l’Algérie et du Vénézuala à la baisse de la production n’ayant pas été pris en compte par les grands producteurs.
« L’amnistie fiscale est une excellente mesure »
Néanmoins, Abdelkrim Harchaoui pense que la pente peut être remontée mais à condition d’une rupture s’opère avec les pratiques anciennes. Dans ce sens, il a plaidé pour une perception plus rationnelle de l’impôt en rappelant que celui-ci « n’est pas une amende, mais une contribution ». Il a également, toujours au sujet de la fiscalité, indiqué que « l’amnistie fiscale est une excellente mesure » et qu’il ne « faut pas avoir honte de le dire ».
Rappelant par ailleurs que « le prix à la consommation en Algérie représente 10 à 12% du prix international des produits, ce qui entraîne des fraudes, il a appelé à une réforme du système des subventions ». «C’est urgent. On ne peut plus négliger le dossier des subventions! Il n’y a pas d’autres formules. Il faut recenser les familles dans le besoin et les aider.[…] Les subventions implicites et explicites coûtent 45 milliards de dollars à l’Algérie. Cette politique est une catastrophe nationale », a-t-il soutenu, rejoignant en cela, les propositions du FCE et de nombre d’analystes qui plaident pour un meilleur ciblage des catégories démunies en matière de subvention. De plus, continuant sur la même lancée, Abelkrim Harchaoui a carrément renversé la table sur les tenants de l’ordre conservateur actuel en appelant indirectement à une libération totale des prix en avançant que « stabiliser les prix et les geler amène au gaspillage ».
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