Les centrales syndicales les plus représentatives au Maroc tranchent la question de la grève générale. L’Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT), l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et la Fédération démocratique du travail (FDT) de Abderrahim Azzouzi ont décidé d’organiser une grève générale, le 24 février prochain, dans les secteurs privé et public.
La FDT de Fatihi avait décidé de faire cavalier seul en annonçant une grève générale le 11 février en signe de protestation contre le projet de réforme défendu par le gouvernement au sujet de la Caisse marocaine des retraites (CMR).
Lors de la conférence de presse organisée au siège de l’UMT à Casablanca, le secrétaire national de l’UMT, Miloudi Mokharek, a déploré « l’attitude négative » du gouvernement à l’égard des revendications de la classe ouvrière et « l’absence du dialogue et de la négociation collective en dépit des initiatives sincères des syndicats ».
Revenant sur la dernière rencontre « informelle » qui a eu lieu dernièrement avec le chef du gouvernement, le secrétaire national de l’UMT a affirmé que les centrales syndicales ont présenté à M. Abdelilah Benkirane une feuille de route pour la réforme des systèmes de retraite et pour l’apaisement du climat social. « Mais devant l’entêtement du chef du gouvernement, décidé à aborder ces dossiers sensibles d’une façon unilatérale, nous avons décidé de passer à l’acte en organisant une grève nationale dans tous les secteurs », a-t-il souligné.
Représentant l’UGTM lors de cette rencontre, Mme Khadija Zoumi est revenue sur les détails de la vision de réforme proposée par le gouvernement. Selon la syndicaliste, il suffit d’une simple lecture des projets de lois en question pour se rendre compte que le gouvernement impose une retraite à 63 ans en plus d’une rallonge de deux années renouvelable une fois. « On se retrouvera bientôt avec une retraite à 67 ans », a affirmé Mme Zoumi en dénonçant l’approche gouvernementale qui, selon elle, n’est pas dans l’intérêt des salariés.
Par cette grève générale, aboutissement d’un processus protestataire enclenché il y a plus de trois mois, les principales centrales syndicales entendent exprimer leur désaccord avec le gouvernement Benkirane sur le projet de réforme des systèmes de retraite, mais aussi « l’unilatéralisme » dont aurait fait preuve l’actuel exécutif dans l’élaboration de ce projet de réforme.
Ce nouveau débrayage intervient quelques jours après l’annonce de la visite officielle au Maroc du directeur général de l’Organisation internationale du travail (OIT). Celui-ci devra recevoir une plainte des syndicats contre le gouvernement, qui sera déposée dans les prochains jours auprès de l’Organisation. M. Guy Ryder se rendra pour la première fois en visite officielle fin février au Maroc avant de participer au Forum international sur les politiques de l’emploi.
L’annonce a été faite lundi à l’issue d’un entretien entre M. Ryder et l’ambassadeur représentant permanent du Maroc à Genève, Mohamed Aujjar, axé sur les divers programmes et domaines de coopération entre les deux parties. A l’occasion de cette visite, le chef de l’OIT devra rencontrer plusieurs responsables marocains avant de prendre part au troisième Forum international sur les politiques de l’emploi, prévu les 2 et 3 mars dans la ville marocaine de Marrakech.
Les deux parties ont également évoqué la participation de l’OIT au Forum parlementaire sur la justice sociale qui sera organisé par la Chambre des conseillers les 19 et 20 février à Rabat. Tout en se réjouissant de son prochain déplacement au Maroc, « un pays au dynamisme remarquable », le chef de l’OIT a indiqué qu’il va examiner avec les responsables marocains les moyens de consolider un partenariat déjà solide dans les domaines se rapportant au travail et aux affaires sociales.