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Économie

La production automobile algérienne s´accélère (document OBG)

Par Yacine Temlali
mars 15, 2018
La production automobile algérienne s´accélère (document OBG)

L´investissement international dans l’industrie automobile en Algérie s´accroit suite à la mise en place de mesures visant à soutenir la croissance de la production manufacturière.

 

 

Fin janvier 2018, le constructeur automobile espagnol SEAT, membre du Groupe Volkswagen, a annoncé son ambition d’augmenter la capacité de production de son usine d’assemblage à Relizane. Le site, résultat d’un investissement de €137m, abrite la production de plusieurs marques, et ajoutera courant 2018 deux nouveaux modèles à sa ligne d’assemblage pour le crossover Arona et la compacte León.

Inaugurée en juillet 2017, l’usine est une joint-venture (JV) entre le Groupe Volkswagen, actionnaire minoritaire, et SOVAC, partenaire local spécialisé dans l’importation et l’assemblage de véhicules. Etablie pour assembler des automobiles appartenant au Groupe Volkswagen, l’usine a une capacité de production de 200 unités par jour, incluant des véhicules commerciaux Volkswagen, et les marques SEAT et Skoda. Le plan de développement de l´entreprise prévoit de commencer la production locale de la Volkswagen Polo et de la Skoda Fabia cette année.

Le constructeur automobile français Renault se développe également. L’entreprise a ainsi débuté l´année dernière la production de camions. L´usine de montage, située dans la ville de Meftah, a pour ambition de produire 1000 unités en 2018. Renault Algérie a fait ses débuts dans le pays en 2014 avec l´inauguration d´une usine de montage de véhicules de tourisme à Oran. Le nouveau site de Meftah devrait quant à lui bénéficier d´une hausse de la demande pour les poids lourds et les véhicules commerciaux, profitant de la diversification de l´économie nationale. 

En plus des entreprises déjà présentes en Algérie, d´autres constructeurs automobiles prévoient de s´implanter sur le marché local.

Parmi elles figure le groupe français Peugeot qui a formé une joint-venture (JV) en novembre dernier avec trois partenaires locaux – Condor Electronics, Palpa Pro et l´Entreprise Nationale de Production des Machines-Outils – dans le but d´atteindre une capacité de production de 75 000 unités dans une future usine située près de la ville portuaire d´Oran.

Les constructeurs sud-coréens Kia et Hyundai cherchent également à accéder aux nouvelles opportunités qu´offre la diversification du marché algérien. Toutes deux sont en voie de développer des usines de montage capable de produire jusqu´ à 100 000 unités et devraient être opérationnelles d´ici 2021.

 

Des incitations à la production locale pour stimuler le secteur

 

Cette hausse de la production locale est le résultat des mesures mises en place par le gouvernement pour attirer davantage d’investisseurs privés locaux et internationaux dans la production nationale, avec l’objectif de réduire la facture d’importation et de diversifier l’économie. Le pays vise ainsi une production automobile locale de 500 000 unités dès 2019.

Apres avoir introduit plusieurs mesures d’incitation en 2015-16, notamment des exemptions d’impôt sur les sociétés et une facilitation des procédures d’obtention de permis de construire pour les usines, le gouvernement a également fixé des quotas d’importations de véhicules en 2016, provoquant une chute du nombre de véhicules finis importés de 417 913 en 2014 à moins de 20 000 en 2017.

En 2017, alors qu’aucune licence d’importation n’avait été accordée, les importations de collections SKD (semi-knocked-down) et CKD (completely-knocked-down) assemblées localement ont doublé pour atteindre 1,8 milliard de dollars, selon des chiffres publiés par l’Agence des Douanes en février, en raison de la hausse des capacités d’assemblage des usines algériennes.

Si l’industrie automobile locale semble donc se renforcer, plusieurs observateurs estiment que l’objectif du gouvernement de parvenir à 15% de production locale d’ici trois ans et 40% d’ici cinq ans est trop ambitieux. Alexandre Kateb, fondateur du cabinet de conseil Compétence Finance, a ainsi affirme a OBG l’an dernier que l’établissement d’un écosystème intégré comprenant équipementiers, fournisseurs de pièces détachées et sous-traitants prendrait environ 10 ans.

D’autres voix s’élèvent également pour noter que le modèle d’importation de pièces détachées pour un assemblage local revient en fait plus cher que l’importation de véhicules finis.

Il existe cependant de possibles indications d’un relâchement des restrictions sur les importations cette année. Début janvier, le ministère du Commerce a évoqué la possibilité d’un octroi de nouvelles licences d’importation dans les mois à venir, sans toutefois préciser le calendrier. Des précisions sur les quotas d’importation sont également attendues, le ministère ayant confirmé officiellement que ces quotas affecteront les véhicules de tourisme et utilitaires.

 

Le software pour véhicules comme horizon de croissance

 

Ces opportunités se trouvent par exemple dans la conception et la fabrication de systèmes d’exploitation novateurs développés par les grandes entreprises technologiques mondiales dans le but de concevoir des véhicules connectés.

Au-delà de l’assemblage et de la production de pièces localement, un investissement accru dans des produits à haute valeur ajoutée, notamment les systèmes d’exploitation nouvelle génération pour véhicules, constitue ainsi un fort potentiel de développement pour l’industrie automobile algérienne.

« Ces nouveaux systèmes d’exploitation sont déjà en train de renouveler en profondeur l’industrie automobile, et dans un sens, ce n’est pas un problème pour l’Algérie de ne pas disposer à ce jour d’industrie automobile locale » a déclaré à OBG Riad Hartani, Conseiller stratégique et technologique pour le projet Alger Smart City. « Concentrer les efforts sur les opportunités portées par ces nouveaux systèmes d’exploitation permettrait à l’Algérie de devenir l’un des premiers pays au monde à se positionner sur ce segment prometteur. »

Si une telle stratégie suppose des progrès pour bâtir un écosystème favorable à l’essor des nouvelles technologies, elle contribuerait à une hausse significative des investissements étrangers, tout en attirant une expertise technologique hautement qualifiée.

 

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