Un représentant de l’ONU pour la Sahel a estimé que les Etats de la région devraient faire avancer le développement tout en bénéficiant d’un appui international.
Les experts de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) ont fait le bilan, dimanche à Addis-Abeba, de la situation socioéconomique de la région du Sahel. Une région à double face qui cherche déjà à se positionner dans l’écosystème de la zone de libre-échange africaine, avant son entrée en vigueur. C’est lors d’un événement parallèle à la conférence des ministres des Finances africains, organisé conjointement par la CEA et l’équipe régionale d’Afrique de l’Ouest du groupe des Nations unies et en présence de la ministre du plan du Niger et le ministre de l’Economie et des finances de la Mauritanie.
Chiffre à l’appui, Vera Songwe, secrétaire exécutive de la CEA, juge qu’il est nécessaire de prendre des engagements envers la région du Sahel, qui compte 10 pays pour une population de 165 millions d’habitants. Mais en dépit de son potentiel, la région n’a pas pu se développer sur le plan socioéconomique. D’ailleurs, 60% de la population n’a pas accès à l’électricité malgré son potentiel énorme en énergies renouvelables, près de 50% de sa jeunesse n’a pas accès à l’éducation et 35 % des adultes de la zone sont au chômage. D’autre part, le taux de mortalité infantile est de 60 décès pour 1000 naissances. Par contre, le taux de fécondité a atteint ces dernières années 6,4% et elle sera l’une des régions les plus peuplées d’Afrique d’ici 2030.
Selon la secrétaire exécutive de la CEA, la région a enregistré près de 5000 incidents politiques entre 2012 et 2016, en plus des chocs climatiques causant la sècheresse et des problèmes sécuritaires.
D’un autre côté, « il y a un grand potentiel dans la région », souligne Vera Songwe. Les pays du Sahel font 190.000 milliards de dollars de PIB et dans l’ensemble, c’est la 4ème économie du continent. De plus, la région a enregistré le taux de croissance le plus élevé en Afrique, ces cinq dernières années.
De son côté, le Conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la Sahel, Ibrahima Thiam, pense que « le Sahel est une zone riche en ressource de pêche maritime. Elle dispose aussi d’un grand potentiel en ressources en énergies fossiles et renouvelables, en eaux, ses terres agricoles non exploitées, mais aussi un grand potentiel touristique à exploiter ». Il a ajouté qu’avant de commencer à espérer un progrès socioéconomique, les pays doivent améliorer leur système judiciaire et les climats des affaires dans chaque pays ». Il a tenu à préciser, en revanche, que ce sont« les Etats qui devront faire avancer le développement, parce que les programmes des Nations unies sont là juste pour donner un appui et assurer un développement à long termes ».