« Je suis administrateur d’une entreprise privée dont je suis actionnaire. Cette entreprise passe son temps à se battre contre la discrimination entre le public et le privé que pratique l’Etat ».
Slim Othmani ne désarme pas. Il continue à défendre mordicus l’assainissement de la relation entre l’Etat et les entreprises qu’il estime « malsaine » dans la situation actuelle. « La relation Etat-entreprises est un vrai problème en Algérie. Il faut mettre ce sujet sur la table. On doit en parler très sérieusement.Il faut qu’on se débarrasse de tous les tabous qui entourent cette relation. Il faut qu’on construise quelque chose qui ait du sens pour l’Algérie, pour l’entreprise, aujourd’hui et demain. On doit véritablement être dans la perspective de la construction de l’Algérie 2030, 2060, etc. En tout cas, on doit construire quelque chose où l’on se sent embarqué, » a-t-il indiqué lors de son passage aujourd’hui à l’émission « l’invité du direct » de Radio M.
En effet, selon lui, même si, du côté des entreprises, la volonté et la biodisponibilité sont là, « il n’y a pas de leadership politique pour conduire un projet dans ce sens ». Bien plus, M. Othmani considère que l’Etat algérien ne se contente pas de ne pas prendre en considération les revendications des chefs d’entreprises, mais il les bloque délibérément pour des raisons qu’il qualifie « d’incompréhensibles ».
« Je suis administrateur d’une entreprise privée dont je suis actionnaire. Cette entreprise passe son temps à se battre contre la discrimination entre le public et le privé que pratique l’Etat. Je ne comprends pas pourquoi on continue à agir avec autant de distorsions alors qu’on est assis sur un véritable trésor qui s’appelle l’Algérie», s’indigne-t-il en remettant en question l’idée selon laquelle le secteur économique public serait plus performant que le secteur privé. « L’acteur économique public ne peut pas être meilleur comme on le raconte ici et là. Il ne peut pas être meilleur parce qu’il n’a pas d’autonomie de gestion, parce qu’il n’est pas redevable de ce qu’il fait, parce que la relation entre les employés et les dirigeants n’est pas construite sur une vision de l’entreprise, » affirme-t-il.
Evoquant la prestigieuse distinction qu’il vient de recevoir sur proposition du ministère français de l’Europe et des Affaires Etrangères, à savoir le titre de Chevalier de l’ordre de la légion d’honneur, Slim Othmani, tout en ne cachant pas sa joie et sa fierté, a déclaré que cette distinction « est un signal positif qui dit que l’Etat algérien ne peut pas continuer à ignorer le secteur privé qui œuvre à faire avancer l’économie algérienne, ce secteur producteur de richesse, qui crée des emplois, privé avec lequel la relation est extrêmement difficile ».
Autrement dit, à travers son choix d’honorer Slim Othmani, connu pour son engagement en faveur d’un climat des affaires sains et d’une relation entreprise-Etat complémentaire et sereine, la France a voulu, d’un côté exprimer son désaccord avec les politiques économiques actuelles de l’Algérie et, d’un autre côté, afficher son adhésion à la vision que défendent les chefs d’entreprises acquis aux idées du patron de NCA-ROUIBA.