Un désengagement de la Russie du terrain d’action pour la stabilisation des cours, pourrait avoir des effets directs sur ces derniers, mais également des effets indirects. Il pourrait donner des idées à d’autres producteurs qui ne peuvent se permettre de continuer à réduire leur production si un géant comme la Russie continue à vendre son pétrole à grandes quantités.
La Russie n’aurait pas tenu ses engagements quant à la réduction de sa production de pétrole de 300.000 barils par jour, selon l’agence de presse Reuters qui cite « deux sources » sans fournir plus de détails.
Les sources en question assurent que la Russie a produit en février 11,1 millions de barils par jour, contre plus de 11,2 millions en octobre, ce qui représente une réduction de 100.000 barils par jour. Si l’on se base sur ces chiffres, explique Reuters, le taux de conformité de la Russie à l’accord de réduction de production conclu, en décembre, par des pays pétroliers membres et non membres de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) serait de 33%, loin du taux de conformité de l’Opep estimé en février à 94%, grâce notamment à une importante baisse de la production saoudienne.
Un risque de contagion ?
Le 30 novembre dernier, rappelons-le, les membres de l’Opep avaient convenu de réduire leur production de 1,2 millions de barils par jour, à partir du 1er janvier 2017 et ce pour une durée de six mois. Ils ont été rejoints, quelques jours plus tard, par une dizaine de pays non membres de cette organisation, dont la Russie, qui se sont engagés à réduire leur production de 558.000 barils par jour. Une démarche qui a eu pour résultat de faire remonter les prix de 14% entre novembre et février derniers.
Il convient de signaler que le ministre russe de l’Energie, Alexandre Novak, avait annoncé que son pays opérerait des baisses progressives avec 200.000 barils par jour au premier trimestre. La Russie dispose donc d’encore un mois pour atteindre le seuil de baisse fixé pour les trois premiers mois de l’année. La baisse de 300.000 barils par jour devrait être, quant à elle, atteinte en avril prochain.
Il va sans dire qu’un désengagement de la Russie, premier producteur mondial de pétrole, du terrain d’action pour la stabilisation des cours, pourrait avoir des effets directs sur ces derniers, mais il pourrait également avoir des effets indirects. Il pourrait donner des idées à d’autres producteurs qui ne peuvent se permettre de continuer à réduire leur production si un géant comme la Russie continue à vendre son pétrole à grandes quantités.
Le délicat point d’équilibre des cours pétroliers
Paradoxalement, un engagement trop important de la part de la Russie, ou même d’autres pays, pourrait avoir un effet non souhaité en faisant augmenter les prix du pétrole à un niveau que l’on pourrait qualifier de « dangereux ». Un prix élevé ouvrirait, en effet, la voie au pétrole de schiste américain, dont le coût de production est plus élevé que celui du pétrole conventionnel. Un scénario susceptible de propulser le marché pétrolier vers une situation similaire à celle de juin 2014, une offre trop importante impliquant automatiquement une baisse des prix.
L’Arabie saoudite avait annoncé la couleur, officieusement, affirmant que le prix idéal du baril pour 2017 serait de 60 dollars. Pas trop bas pour ne pas décourager les investissements dans le secteur pétrolier et pas assez élevé pour éviter d’inviter le schiste américain à faire une entrée sur le marché. Ainsi, contrairement aux années précédentes, l’Opep est les autres pays producteurs de pétrole ne souhaitent-ils plus vendre cher leur pétrole mais plutôt à atteindre un point d’équilibre.