Avec une part des énergies renouvelables dans la production de l’électricité de l’ordre de 5 à 7% (soit 1% du mix électrique), une production d’électricité basée essentiellement sur le gaz (95%) et le déclin de nos ressources en gaz (importation de plus de 40% de gaz algérien), l’efficacité énergétique et la maîtrise de la demande devraient se situer au devant de nos préoccupations, a souligné Mehdi Ben Abdallah président de la Chambre tuniso-britannique de commerce (TBCC).
Intervenant, jeudi, lors d’un débat organisé par la TBCC sur la » stratégie énergétique de la Tunisie 2020 « , il a estimé que » la Tunisie a besoin d’une nouvelle stratégie énergétique afin de faire face à une situation énergétique inquiétante « .
« Toute stratégie énergétique devra être axée sur trois principaux piliers, à savoir la sécurisation de l’approvisionnement, l’adaptation aux aléas du changement climatique et la garantie de l’accessibilité (les tarifs d’accès à l’énergie), a estimé le responsable, ajoutant que les attentes multiples et tout aussi urgentes des professionnels, s’articulent autour de trois axes principaux.
Le premier axe concerne les textes réglementaires à mette en œuvre en vue de mettre le code des hydrocarbures en conformité avec l’article 13 de la constitution tunisienne (les ressources naturelles sont la propriété du peuple tunisien, la souveraineté de l’Etat sur ces ressources est exercée en son nom. Les contrats d’exploitation relatifs à ses ressources sont soumis à la commission spécialisée au sein de l’assemblée des représentants du peuple. Les conventions ratifiées au sujet de ces ressources sont soumises à l’assemblée pour approbation).
Pour ce qui est du deuxième axe, il concerne les professionnels qui restent attentifs aux efforts déployés en vue de restaurer la confiance concernant la bonne gouvernance du secteur, une confiance, estime encore le responsable, érodée par une diabolisation orchestrée contre le secteur et qui a détérioré davantage sa situation.
Le dernier pilier concerne les énergies renouvelables et leur contribution aux efforts visant à atteindre le mix énergétique souhaité, précise Ben Abdallah.
Réagissant sur ce point, la ministre de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables et ancienne présidente du Fonds Vert, Hela Cheikhrouhou, a rappelé que la stratégie énergétique 2030 prévoit d’atteindre 30% d’énergies renouvelables en 2030 avec un départ de 3%.
« La stratégie énergétique à l’horizon 2030 » adoptée le 22 novembre 2016 lors d’un conseil ministériel restreint, vise essentiellement à reconstituer nos réserves et renforcer notre capacité à garantir notre indépendance énergétique en termes de production d’énergie fossile et d’énergie primaire, à travers la révision du rôle de l’Etat appelé à simplifier les procédures d’octroi des permis (prospection, recherche…) « , a affirmé la ministre, rappelant dans ce cadre que son département se penche actuellement sur 20 permis, dont les contrats vont expirer au cours des prochaines années .
Au cours du débat, les intervenants ont mis l’accent sur l’importance de garantir l’adaptation du code des hydrocarbures avec l’article 13 de la constitution, et appelé à la nécessité d’optimiser l’exploitation des richesses naturelles renouvelables, notamment l’énergie solaire et éolienne. Le gaz de schiste et son impact environnemental, surtout sur la nappe phréatique, ont été soulevés au cours du débat.
Cheikhrouhou a affirmé dans ce cadre que la concrétisation du programme de production d’électricité à partir des énergies renouvelables, inscrit dans le cadre de la stratégie énergétique 2030, sera réalisée par les secteurs public et privé au cours de la période 2017/2020 avec une capacité totale d’environ 1000 Méga watts et aux alentours de 1250 Mégawatts pour la période 2020/2025.
S’agissant des énergies non conventionnelles (notamment le gaz de schiste) une étude sera lancée prochainement par le ministère des affaires locales et de l’environnement avec l’appui du département de l’énergie. Cette étude qui sera finalisée dans les 13 mois à venir, en évaluera l’impact.