Cette tension a commencé avec la volonté d’un parti de gauche suédois de faire adopter par le parlement une motion pour la reconnaissance de l’Etat sahraoui.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté lundi devant l’ambassade de Suède à Rabat contre une motion de parlementaires suédois en faveur de la reconnaissance de la RASD par le gouvernement suédois.
La tension entre les deux pays s’était manifestée, quelques jours plus tôt, par le blocage par la justice marocaine de l’ouverture d’un magasin du géant mondial du préfabriqué, Ikea. Celui-ci devait ouvrir ses portes mardi dernier à la nouvelle ville de Zenata, entre Casablanca et Mohammeadia. Officiellement, ce blocage est dû à l’absence de certificat de conformité, exigé par les autorités locales à l’enseigne suédoise. Dans les faits, il s’agirait d’autre chose selon le site marocain le360.ma, réputé proche du Palais royal : c’est le gouvernement marocain qui, outré par la motion du parti social-démocrate des travailleurs (SAP), au pouvoir en Suède, de porter au parlement une motion reconnaissant la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), qui serait derrière cette décision.
Ikea, Volvo, H&M et Ericsson sous la menace de boycott
Les premières salves anti-suédoises avaient été tirées juste après la réunion du Conseil de gouvernement, jeudi 1er Octobre, sous la forme de menaces de boycott du Maroc des sociétés suédoises. Dans sa traditionnelle conférence de presse après la réunion du Conseil de gouvernement, le ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi a souligné sur son compte twitter que ‘’le Maroc s’orientera vers le boycott des sociétés suédoises après les campagnes de boycott des entreprises marocaines ». Immédiatement après, l’ambassade de Suède à Rabat a répondu que ‘’la Suède ne boycotte pas les produits ou les entreprises marocaines’’.
Outre Ikea, Volvo, H&M et Ericsson ont une forte présence au Maroc, dont le déficit commercial avec la Suède a atteint 69%, le montant des échanges commerciaux entre les deux pays étant de 410 millions d’euros.
Une affaire politique
Lundi 5 octobre, le chef du gouvernement social-démocrate, Stefan Löfven, contacté par le quotidien suédois Expressen, a confirmé l’existence d’une proposition de loi portant sur la reconnaissance de la RASD. Mais ‘’nous n’avons pas pris une telle décision’’, a t-il précisé. Pour le gouvernement marocain, le palais royal et les partis, c’est une affaire sérieuse. C’est ce qui explique la décision du chef de gouvernement de déléguer à Stockholm une délégation de partis marocains de gauche, conduite par le petit Parti Socialiste Unifié (PSU), pour une rencontre avec le chef du gouvernement suédois.
Le PSU n’est pas représenté au sein de la chambre basse du parlement. La délégation marocaine a rencontré lundi à Stockholm Annika Soder, secrétaire d’Etat au ministère suédois des Affaires étrangères. Malika Mounib, chef de la délégation marocaine, a indiqué à la veille de son départ pour Stockholm, que ‘’la Suède a été le premier pays à reconnaître l’Etat palestinien. Mais son approche quant à la résolution du problème au Sahara (Occidental NDLR) ne saurait trouver une quelconque analogie’’.