L’approvisionnement en carburant est contraint par la capacité de l’unique raffinerie de pétrole de Tunisie, 34.000 barils/ jour, pour une demande de 90.000 barils/jour (en 2013, selon l’EIA). Le projet d’une deuxième raffinerie à Skhira, d’une capacité initiale de 120.000 barils équivalent pétrole/ jour et pouvant atteindre jusqu’à 250.000/ barils/ jour a été suspendu en 2014, la baisse de production libyenne ayant semé le doute sur la fiabilité de l’approvisionnement en brut.
Face à une demande croissante et à un plafonnement de la production nationale, la Tunisie cherche à diversifier sa combinaison énergétique grâce à une coopération plus étroite avec l’Algérie et à l’augmentation de sa production d’énergie renouvelable.
La demande étant amenée à doubler d’ici à 2030, selon les prévisions de l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME), des projets visant à augmenter l’approvisionnement en gaz provenant du pays voisin ainsi qu’une progression régulière de la production solaire devraient aider à diminuer la pression qui pèse sur le réseau existant.
Un équilibre des pouvoirs
Dotée de petites réserves de pétrole et de gaz, la Tunisie est devenue progressivement, depuis 2000, importatrice nette de pétrole. Selon l’Agence d’information sur l’énergie (Energy Information Administration, EIA), la production nationale de pétrole a chuté par rapport aux niveaux de production du milieu des années 1980, passant de 120.000 barils par jour à environ 60.000 en 2013.
Dans un contexte où les hydrocarbures représentent environ 99 % de la consommation locale d’énergie, ceci expose le pays à des risques accrus de ruptures d’approvisionnement et à une volatilité des prix.
L’approvisionnement en carburant est également contraint par la capacité de l’unique raffinerie de pétrole de Tunisie, d’environ 34.000 barils par jour actuellement, un chiffre bien inférieur à la demande qui était en moyenne d’environ 90.000 barils par jour en 2013, selon l’EIA. Alors que le pays avait cherché à développer une deuxième raffinerie à Skhira, avec une capacité initiale de 120.000 barils équivalent pétrole par jour et pouvant atteindre jusqu’à 250.000 barils par jour, le projet de 2 milliards de dollars a été suspendu l’année dernière, une baisse de production en Libye ayant soulevé des interrogations sur la fiabilité de l’approvisionnement en pétrole. Les pénuries d’approvisionnement qui en ont résulté ont conduit à une plus forte demande pour les produits raffinés importés, augmentant encore les coûts nationaux de l’énergie.
Le secteur aval est quant à lui très réglementé avec un prix de vente obligatoire et de nombreuses lois, comme le stock minimum de deux mois, qui peut être difficile à appliquer. » La réglementation au niveau de l’activité aval, particulièrement au niveau de la révision des marges structurées des sociétés et la complexité de certaines démarches, limite les opportunités et la profitabilité des opérateurs et par conséquent l’investissement consenti par ces derniers, a déclaré Mohamed Chaabouni, directeur général de Vivo Energy Tunisie, à OBG. Effectivement, c’est un marché très concurrentiel dans lequel les entreprises doivent se différentier par leurs produits, leurs canaux logistiques, leurs localisations et leurs services. «
Le secteur aval souffre également du marché informel, qui représente environ 25 % du marché total. Ceci est principalement dû à un manque de contrôle à la frontière libyenne, qui permet à un grand volume de pétrole moins cher de transiter chaque jour.
Une surveillance de voisinage
Pour prendre les devants du changement en termes d’équilibre énergétique, la Tunisie a demandé une plus grande coopération régionale, se tournant vers l’Algérie pour obtenir de l’aide. Après une visite, fin juillet, du ministre algérien de l’Energie, Salah Khebri, les deux pays ont convenu d’augmenter les niveaux d’approvisionnement de l’Algérie en gaz naturel à 2,4 milliards de m² cette année, ainsi que de renforcer les échanges commerciaux bilatéraux existants de gaz de pétrole liquéfié. La Tunisie sert également de point de transit stratégique pour le gazoduc Trans-Mediterranean Pipeline, reliant l’Algérie et l’Italie, pour lequel elle reçoit des redevances de gaz naturel au lieu des frais de transit.
Ceci s’ajoute à l’inauguration, en juillet dernier, d’une cinquième ligne d’interconnexion transfrontalière de réseau électrique. Développée pour un coût de 115,8 millions de Dinars Tunisiens (52,2 million d’euros), la liaison de 400 kV, sur 210 km, doit aider à réduire les coûts d’exploitation pour le réseau tunisien.
Un avenir pour les énergies renouvelables
La stratégie de la Tunisie pour diversifier sa production et moins dépendre des hydrocarbures implique un engagement général en faveur de l’énergie renouvelable. Dans le cadre de ces efforts, le pays a lancé en 2012 le Plan Solaire Tunisien (PST), d’une capacité de 10 900 MW.
Le PST vise à faire passer la part de l’électricité produite à partir de sources renouvelables à 30 % d’ici à 2030, un exploit étant donné que les énergies renouvelables (hors hydraulique) ne représentaient encore que 2 % de l’électricité en 2010. Sans une stratégie ciblée, les sources d’énergie renouvelable ne seraient amenées à augmenter que de 5 % dans les 15 prochaines années.
La stratégie énergétique, qui devrait lever environ 4,75 milliards d’euros de financement de la part d’investisseurs en 2030, propose un mélange d’énergie éolienne (15 %), d’énergie photovoltaïque (10 %) et d’énergie solaire concentrée (5 %), avec au total 3 725 MW de capacité d’énergie renouvelable d’ici à 2030. Ceci représente une augmentation significative par rapport aux niveaux de capacité de 2012, qui comptait seulement 250 MW d’énergie, principalement éolienne.
La participation du secteur privé sera cruciale dans la réalisation des ambitions de la PST. Outre les 500 millions d’euros d’investissements publics et les 120 millions d’euros d’aides aux investissements, 4 milliards d’euros de financement privé seront nécessaires.
A court terme, la coopération régionale croissante devrait aider à combler les lacunes les plus immédiates du pays en matière d’énergie tout en limitant les investissements d’infrastructure coûteux, le pays œuvrant vers un objectif à long terme d’une combinaison énergétique plus diversifiée et plus fiable.