Des initiatives nationales de soutien aux start-ups conjuguées à des subventions internationales à la recherche devraient permettre de renforcer l’activité entrepreneuriale en Tunisie.
Le gouvernement a dévoilé en avril son projet de loi sur les start-ups (Startup Act), qui vise à établir un cadre propice au développement d’entreprises innovantes en levant les obstacles administratifs et règlementaires entravant leurs premiers pas.
Rédigée en concertation avec 70 entrepreneurs et investisseurs, la loi se propose également d’améliorer l’accès des petites entreprises au crédit par le biais de nouveaux mécanismes de financement. En cas d’approbation du texte par le parlement, une enveloppe annuelle de 15 millions de dinars (6 millions d’euros) sera mise à la disposition des entreprises dans leur première année d’exercice, tandis qu’un fonds de garantie pour l’innovation doté de 25 millions de dinars (10 millions d’euros) par an garantira 30 à 50% des participations des fonds commun de placement au capital des start-ups.
Comme c’est souvent le cas sur les marchés émergents, l’accès au financement est un problème de longue date pour les entreprises tunisiennes de petite taille. Selon une enquête sur les entreprises menée par la Banque mondiale en 2013, près de 25% des petites entreprises (ainsi définies par un effectif compris entre cinq et 19 employés) pointaient l’insuffisance de crédit comme un frein important à l’exercice de leur activité.
Capitaliser sur des bases solides
Le développement de la sphère des start-ups tunisiennes a jusqu’à présent été favorisé par plusieurs programmes et structures d’accompagnement.
Le Réseau national des pépinières d’entreprise, par exemple, qui est constitué de 27 pépinières publiques et géré par l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII), a incubé plus de 1 000 start-ups dans le domaine industriel depuis sa création en 2005.
L’APII est également à l’origine de Startup Tunisia, un salon de l’entrepreneuriat itinérant offrant aux projets les plus prometteurs des possibilités de financement. La troisième édition de l’évènement doit avoir lieu ce mois.
Les start-ups tunisiennes ont également bénéficié de l’appui de plusieurs incubateurs privés, le premier desquels, Wiki Start Up, a mobilisé 40 millions de dinars (15 millions d’euros) pour soutenir des initiatives entrepreneuriales depuis son lancement en 2011. L’entreprise a dévoilé en novembre le projet ambitieux de créer un nouveau programme baptisé Tunisia 500, ayant pour objectif d’accélérer 500 entreprises par an et de développer des synergies entre les acteurs du public et du privé.
L’an dernier fut également marqué par le lancement en Tunisie de Flat6Labs, un accélérateur de start-ups déjà présent dans quatre autres pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. La nouvelle antenne tunisienne veut faire bénéficier plus de 90 start-ups de son programme d’accélération intensif au cours de ses cinq premières années d’activité. A cette fin, l’organisme fournira non seulement des services d’encadrement et de mentorat, mais aussi des capitaux d’amorçage puisés dans un fonds de 20 millions de dinars (7,5 millions d’euros).
Partenaires de recherche internationaux
Les partenaires européens jouent également un rôle déterminant dans les ambitions tunisiennes en matière de recherche et d’innovation.
La Commission européenne a avalisé en mars un don de 60 millions d’euros pour couvrir le coût d’un programme de soutien à l’éducation, la mobilité, la recherche et l’innovation, communément connu sous le nom d’EMORI, en Tunisie. Le projet, qui se poursuivra jusqu’en 2020, vise à promouvoir une meilleure gestion du secteur éducatif et à favoriser le développement de travaux de recherche répondant aux besoins du secteur industriel, tout en améliorant les perspectives d’emploi des jeunes du pays.
Ce soutien financier devrait également intervenir en complément des opportunités offertes à la Tunisie par son adhésion à Horizon 2020, le programme de l’UE pour la recherche et l’innovation, doté de 80 milliards d’euros. Premier pays d’Afrique à l’avoir rejoint en décembre 2015, la Tunisie voit dans ce cadre ses chercheurs bénéficier d’un accès à des financements et ressources, ainsi que de meilleures perspectives de collaboration dans des domaines tels que la sécurité alimentaire, l’environnement, les nanotechnologies et les sciences sociales.
Une bonne réputation à préserver
Abritant 590 laboratoires et unités de recherche en 2015, selon le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, la Tunisie affiche des acquis solides en matière de recherche et développement.
Comptant 1 803 chercheurs par million d’habitants en 2014, la Tunisie dominait également la région Moyen-Orient et Afrique du Nord et se plaçait troisième en Afrique pour le nombre de publications scientifiques sur la période 1996-2015, selon la Banque Mondiale.
La capacité d’innovation de la Tunisie a cependant montré des signes d’essoufflement au cours des dernières années, comme en témoigne le classement du pays dans l’édition 2016 de l’Indice mondial de l’innovation : ayant perdu une place par rapport à l’an passé, il s’y plaçait 77ème sur 128, dépassé par le Maroc en 72ème position. Cela a encore creusé le fossé avec 2012, où la Tunisie occupait le 59ème rang.