Le déploiement par la Tunisie d’une nouvelle loi sur l’investissement au mois de janvier de cette année pourrait aider le pays à capitaliser davantage encore sur la récente reprise des investissements internationaux, en assurant la pérennité sur le long terme du renforcement des flux financiers liés aux IDE.
Lors d’un sommet bilatéral organisé à Tunis début juillet, des entreprises tunisiennes ont signé des conventions de partenariats avec des firmes chinoises pour une valeur totale de 1,2 milliards de dinars (424,9 millions d’euros) dans les domaines du commerce, de la technologie et de la finance. Le sommet était consacré à la recherche d’axes de coopération économique et technologique entre les deux pays.
Le premier contrat, conclu entre le Tunisien Groupe Loukil et la Banque industrielle et commerciale de Chine (Industrial and Commercial Bank of China, ICBC) verra cette dernière assumer le financement d’un méga-projet, le Tunisia Africa Mall, devant être bâti à Raoued, au nord de Tunis, pour 157,69 millions de dinars (55 millions d’euros). La construction de ce centre commercial de 100 000 mètres carrés, annoncé comme le plus grand de Tunisie, sera entreprise par la China State Construction Engineering Corporation, qui devrait inaugurer le chantier d’ici à la fin de l’année.
Le sommet fut également le cadre de la signature d’un protocole d’entente entre l’entreprise nationale SIAME et la multinationale de réseaux et de télécoms chinoise Huawei pour le développement d’une solution de comptage intelligent pour le compte de la Société tunisienne de l’électricité et du gaz, un service public.
Le troisième contrat, signé entre l’ICBC et Amen Bank, amènera les deux bailleurs à coopérer sur l’attribution de crédits syndiqués pour des projets d’envergure en Tunisie. Tout octroi de crédit sera cependant soumis à la condition d’une participation chinoise au projet, que ce soit dans le domaine de la construction, de l’ingénierie, de la fourniture d’équipements ou du transfert de technologie.
Elargir la coopération, stimuler la croissance
Ces nouveaux projets emboîtent le pas à d’autres accords d’investissement importants entre les deux pays, qui ont accru la coopération économique et technologique dans une variété de secteurs, au nombre desquels la finance, le tourisme, et la santé, répondant ainsi à la volonté de la Tunisie de diversifier ses sources d’investissement afin de s’affranchir de sa dépendance à ses partenaires traditionnels et de renforcer les flux financiers liés aux investissements directs étrangers (IDE).
Par exemple, fin mai, l’Association professionnelle tunisienne des banques et établissements financiers a signé avec la Banque de développement de Chine un accord cadre portant sur l’apport de financements aux petites et moyennes entreprises (PME), octroyant aux PME des lignes de crédit pour des projets dans des secteurs variés, allant de l’agro-alimentaire aux énergies renouvelables.
Ces efforts de rapprochement font suite à une hausse des IDE chinois enregistrés par l’Agence de Promotion de l’Investissement Extérieur (Foreign Investment Promotion Agency, FIPA) tunisienne.
Selon l’agence, les investissements chinois ont cru de 57% entre 2015 et 2016, pour atteindre 2,2 milliards de dinars (762,5 millions d’euros). La part chinoise du total des IDE n’en demeure pas moins marginale en comparaison avec d’autres pays. La France, premier partenaire d’investissement du pays, y a investi une somme de 364,5 milliards de dinars (126,3 milliards d’euros) en 2016.
En 2016 le montant total des IDE s’établissait à 2% seulement du PIB, ce qu’un rapport du FMI qualifie de nouveau record à la baisse. Cependant les projections du fonds pour cette année et la prochaine, de l’ordre de 2,5 à 3%, pourraient présager d’un début de retournement de la situation. Une perspective corroborée par les données officielles en matière d’IDE pour le premier trimestre 2017, qui ont enregistré une hausse de 16,6% en glissement annuel, selon des chiffres de la FIPA rapportés par les médias locaux.
Les réformes économiques améliorent le climat des affaires
Le déploiement par la Tunisie d’une nouvelle loi sur l’investissement au mois de janvier de cette année pourrait aider le pays à capitaliser davantage encore sur la récente reprise des investissements internationaux, en assurant la pérennité sur le long terme du renforcement des flux financiers liés aux IDE.
La loi simplifie le cadre d’investissement, facilite le transfert de fonds hors du pays par les entreprises et fournit diverses mesures d’incitation à l’investissement, dont des exonérations fiscales s’étendant sur une période allant jusqu’à 10 ans pour certains projets et des subventions pouvant s’élever jusqu’à 30 millions de dinars (10,4 millions d’euros).
En outre, elle a créé un certain nombre d’organismes consacrés à des dimensions spécifiques de l’investissement : une nouvelle instance d’investissement devant aider les investisseurs à mieux faire face aux exigences administratives et bureaucratiques du pays; un Conseil supérieur d’investissement chargé de piloter les politiques et mesures en matière d’investissement; et un fonds d’investissement allouant des subventions pour encourager l’investissement.
Ce nouveau cadre permet également l’ouverture aux investissements étrangers davantage de secteurs, bien que les domaines d’activité en question ne soient pas encore clairement identifiés. A l’heure actuelle, les étrangers ont besoin de l’autorisation du gouvernement avant de pouvoir investir dans 51 secteurs différents