En Tunisie, le phénomène de la corruption dans les marchés publics avoisine les 10% selon une étude de la Banque Mondiale, ce qui impacte de manière très forte le budget de l’Etat et qui, selon Chawki Tabib, président de l’instance de lutte contre la corruption engendre environs 25% de pertes sur le volume global des marchés publics au trésor.
Pour mettre un frein à ces pratiques le gouvernement tunisien avec l’aide de la KOICA ( l’agence coréenne de coopération internationale), ont instauré un système électronique de gestion des marchés publics disponible en ligne et identifiant les principaux acteurs de la commande publique. De l’ordonnateur qui doit justifier son achat et obtenir les validations hiérarchiques nécessaires avant la mise en ligne de l’appel d’offres. Cette méthode en elle même, permet de fluidifier les procédures administratives internes et de bien déterminer les responsabilités.
Idem pour les postulants à l’obtention du marché, ils seront prévenus de la disponibilité d’un appel d’offres et sauront s’ils sont éligibles ou pas pour y répondre. Les résultats, techniques et financiers seront aussi mis en ligne en toute transparence.
Il sera obligatoire à partir de septembre 2018, TUNEPS consacrera l’égalité des chances et la rigueur dans le traitement de la commande publique. Pour le gouvernement, ce système permettra d’accélérer le rythme de préparation des dossiers administratifs et financiers des marchés et de réaliser les projets publics dans les délais prévus et, partant, améliorer l’efficacité des marchés publics et renforcer la compétitivité.
Le projet TUNEPS a débuté en 2008 après l’obtention par la Tunisie d’une ligne de financement de 5,7 millions de dollars de la part de la KOICA. La décision de l’appliquer viendra en janvier 2013, juste après la révolution. Il sera appliqué sur 9 sites pilotes dont 4 ministères avant d’être généralisé après la décision prise hier par le Chef de gouvernement .
L’architecture du projet a été co-réalisée par l’entreprise coréenne Samsung SDS et un nombre d’entreprises tunisiennes dans les domaines de la programmation, la sécurité des réseaux et de l’hébergement.Il aura permis à de nombreuses start-ups et PME tunisiennes de mettre dans leurs portefeuille la réalisation d’un projet majeur et de prospecter grâce à ça à l’international.
Selon une étude publiée en 2017 par le journal en ligne l’économiste Maghrébin: 47% des chefs d’entreprise tunisiens considèrent que les procédures relatives à la participation aux marchés publics sont complexes. Toujours dans le cadre de la même étude, 61% des chefs d’entreprise estiment que la loi qui régit l’accès aux marchés publics ne comporte pas de dispositions qui facilitent l’accès des PME aux marchés publics contre 8% qui n’ont pas connaissance du décret-loi en question ou ont exprimé un avis négatif.
Ce projet est une première maghrébine qui prouve que la lutte contre la corruption au niveau des institutions publiques repose sur des décisions politiques avec un investissement très faible.