Des investissements considérables de la part de partenaires internationaux contribuent à remettre la Tunisie sur la voie de la croissance économique à l’heure où le pays est confronté à des conditions économiques difficiles, à une instabilité sociale et à un fort taux de chômage.
L’année dernière, au mois d’avril, le gouvernement tunisien a signé avec le FMI un accord portant sur l’octroi d’une facilité élargie de crédit (FEC) d’un montant de 2,83 milliards de dollars, divisée en plusieurs tranches sur une durée de 4 ans et soumise à des audits réguliers de la part du FMI.
Le premier de ces audits a été achevé en juin et a donné lieu au décaissement d’une deuxième tranche d’environ 314,4 millions de dollars, soit environ la même somme que la première tranche débloquée un an auparavant.
Conformément aux modalités prévues par ce programme de crédit, le décaissement des fonds, destinés à soutenir des investissements publics prioritaires, est conditionné par une réforme du régime fiscal et une amélioration des prestations du service public, dans le cadre d’une stratégie visant à faire passer la dette publique sous la barre des 70% du PIB d’ici 2020.
Les premières mesures de réforme des taxes et impôts et des dépenses de l’Etat suite à l’approbation initiale de la FEC ont été annoncées dans le budget de l’année adopté au mois de décembre: parmi ces dernières, on peut citer une hausse de 7,5% de la taxe sur les entreprises et la mise en œuvre de règles visant à réduire l’évasion fiscale parmi les professions libérales.
Un gel du recrutement des fonctionnaires a également été annoncé mais, comme le FMI le faisait remarquer le mois dernier, l’opposition suscitée par ces changements au sein de la population et le contexte socio-politique fragile en général pourrait peser sur les futurs efforts de réforme et sur la confiance des investisseurs.
Les conditions requises pour de futurs décaissements comprennent l’exigence de prendre des mesures afin de maintenir l’inflation en dessous de 4% et la mise en place d’un système de taux de change plus flexible. Une réforme de la fiscalité prévue pour 2018 devrait également contribuer à renforcer la stabilité fiscale en Tunisie, notamment grâce à la mise en place d’une nouvelle « direction des grandes entreprises » qui s’emploiera à créer une plus grande équité fiscale et à recouvrir des arriérés d’impôts et de droits de douane d’un montant qui représente environ 6% du PIB, selon le FMI.
Engagement international
De même, le mois dernier, la Banque Mondiale a approuvé un prêt de 500 millions de dollars dans le cadre du Financement à l’appui de politiques de développement axées sur l’environnement des affaires et l’entrepreneuriat.
Ce financement, qui s’inscrit dans le cadre d’un programme d’appui de 5 milliards de dollars consenti en mai dernier et destiné à soutenir le Plan Quinquennal 2016-2020 du gouvernement tunisien, vise à développer l’intérieur du pays et à promouvoir la création d’emplois et l’entreprenariat, en particulier chez les jeunes.
Selon la Banque Centrale de Tunisie, le taux de chômage tournait autour de 15,5% l’an dernier, avec un chômage chez les jeunes qui s’établissait à près du double de ce chiffre.
Une autre tentative de création d’emplois a vu le jour le mois dernier, avec l’annonce par l’International Finance Corporation (IFC), un membre du Groupe Banque Mondiale, de sa collaboration avec le Centre Financier aux Entrepreneurs Tunisiens, CFE Tunisie.
Cet accord prévoit une collaboration des deux organismes dans le but d’étendre l’accès au microcrédit pour les petites entreprises et les jeunes entrepreneurs, l’IFC s’engageant à conseiller le CFE Tunisie sur la gestion des risques associés au prêt à des PME et sur les produits financiers les plus adaptés à de telles structures.
Ce genre d’initiatives devrait contribuer à réduire le taux de chômage, qui devrait tomber à 12% l’an prochain d’après les prévisions du FMI.
Au total, le gouvernement entend dépenser près de 8,5 milliards de dollars d’ici 2021 afin de remettre l’économie du pays sur pied et de tenir les promesses faites lors de la révolution de 2011.
Consolidation et défis
Ces initiatives coordonnées de la part de partenaires internationaux interviennent alors que les indicateurs économiques de la Tunisie semblent indiquer des signes de reprise.
Au cours des trois premiers mois de l’année, le PIB du pays s’est accru de 2,1% en glissement annuel, contre 0,9% à la même période l’an dernier, tandis que le chômage affichait une légère baisse, passant de 15,5% fin 2016 à 15,3% à la fin du mois de mars cette année, selon l’Institut National de Statistique et d’Economie Appliquée (INSEA).
L’INSEA estime que cette reprise est en grande partie due à une légère hausse des recettes agricoles, minières et touristiques.
Le secteur du tourisme, dont la contribution au PIB est passée de près de 10% en 2010 à 6,6% cette année, avec des recettes atteignant 5,8 milliards de dinars (2,1 milliards d’euros), revêt une importance particulière pour l’économie tunisienne. Suite à la révolution, des attentats au Musée du Bardo et dans la station balnéaire de Sousse en début 2015 ont refroidi certains touristes potentiels, freinant encore davantage la croissance économique.
Toutefois, selon le Conseil Mondial du Voyage et du Tourisme (World Travel and Tourism Council, WTTC), le secteur touristique tunisien semblerait à un tournant : il devrait enregistrer une croissance de 2,5% cette année et de 3,6% par an jusqu’en 2027.