Si le nombre de franchises étrangères présentes en Tunisie était auparavant limité, plusieurs se sont récemment installées dans le pays, un développement prometteur pour le secteur du commerce de détail tunisien.
Au mois de mai, le Ministère du Commerce – qui a fusionné avec le Ministère de l’Industrie en septembre pour devenir le Ministère de l’Industrie et du Commerce – avait accordé 18 licences sur un total de 33 demandes déposées, à des franchises étrangères pour l’exercice de leurs activités en Tunisie, a déclaré la directrice du commerce intérieur au Ministère du Commerce, Faten Bel Hédi, dans la presse tunisienne.
Depuis l’annonce du mois de mai, deux autres demandes ont été acceptées, portant ainsi le nombre total de franchises étrangères ayant reçu l’autorisation d’exercer dans les secteurs hors secteurs libres à 20 depuis la mise en place de nouvelles règlementations en la matière en 2010, selon le Ministère du Commerce. Certains secteurs, tels que la distribution, le tourisme, la formation professionnelle et certaines activités de services sont considérés comme des secteurs libres, ne nécessitant pas d’autorisation préalable du Ministère du Commerce.
Parmi les franchises étrangères qui se sont installées en Tunisie au cours de l’année dernière, on peut notamment citer les marques de vêtements Petit Bateau, LC Waikiki, Kiabi, Springfield et Women’secret, ainsi que les chaines de restauration Quick, Johnny Rockets, Paul, Chili’s, Papa John’s ainsi que Burger King dans les mois à venir.
Cadre juridique
Avant l’adoption en août 2009 de la loi 2009-69 relative au commerce de distribution – qui définit la nature de la franchise dans le pays, précise les droits et obligations des deux parties, et énumère les clauses obligatoires devant figurer dans le contrat de franchise et dans le document d’information précontractuelle – la Tunisie ne disposait pas d’un cadre juridique clair en matière de franchises ni de dispositions relatives à la protection des marques, ce qui limitait les intérêts étrangers.
Des démarches administratives contraignantes ont également limité le potentiel de croissance du secteur de la franchise. Un décret daté de juillet 2010 stipule en outre que les franchises étrangères sont dans l’obligation de demander une autorisation auprès du Ministère du Commerce avant de s’installer, mis à part les franchises exerçant dans 26 secteurs d’activités – une opération qui prend en général entre quatre et six mois, les demandes étant acceptées toute l’année. De plus, l’accord de la Banque Centrale est nécessaire au rapatriement des royalties à l´étranger.
Moteurs de croissance
On a toutefois pu observer ces dernières années une série de changements et un certain nombre de facteurs permettent d’expliquer la progression des magasins franchisés, avec en premier lieu l’expansion des centres commerciaux.
A l’instar de nombreux marchés d’Afrique du Nord, les espaces prévus exclusivement pour le commerce de détail ont toujours été limités en Tunisie, les magasins de détail étant souvent relégués à des quartiers et des biens immobiliers de moindre standing. Ces dernières années ont toutefois vu l’essor d’espaces commerciaux formels – notamment dans des zones nouvellement aménagées du quartier des Berges du Lac à Tunis et le Tunisia Mall, centre commercial de 37 000 m²- avec à la clé davantage de locaux commerciaux, et de meilleure qualité, pour les nouveaux franchisés.
Des initiatives pour stimuler la franchise
Le gouvernement a également adopté une série de mesures destinées à susciter davantage d’intérêt pour les franchises en Tunisie. A cet effet, le Ministère du Commerce a soutenu l’an dernier l’ouverture de l’Académie Tunisienne de la Franchise – créée sous l’égide du Centre d’Affaires de Sfax, de l’Agence de Coopération Internationale Allemande et de la Fédération Française de la Franchise – qui vise à apporter des conseils aux jeunes entrepreneurs désireux d’établir ou de gérer des franchises étrangères.
« De plus, des membres de nombreux corps de métier seront formés par l’Académie dans les fondamentaux de la franchise pour qu’ils puissent accompagner le développement du réseau des franchiseurs, » a expliqué Ekram Makni, Directrice Générale du Centre d’Affaires de Sfax, à l’occasion du lancement de l’Académie, faisant référence aux avocats, experts en communication et en marketing et managers d’entreprises qui bénéficieront des enseignements de l’Académie.
Les autorités tunisiennes ont également accueilli avec intérêt la signature avec l’agence américaine pour la promotion de l’investissement privé à l’étranger (OPIC) un protocole d’accord de facilité de crédit d’un montant de 50 millions de dollars qui garantit des prêts accordés aux petites et moyennes entreprises (PME) tunisiennes afin de permettre à ces dernières d’acquérir et de gérer des franchises. Cette facilité de crédit devrait soutenir 250 PME sur 10 ans, selon un communiqué publié par l’OPIC.
Potentiel commercial
Le secteur du commerce de détail tunisien est certes de taille modeste- en particulier comparé aux autres marchés libéralisés d’Afrique du Nord que sont le Maroc avec ses 34,4 millions de consommateurs et l’Egypte qui en compte 91,5 millions – mais il présente un potentiel de croissance non négligeable.
Bien que la Tunisie se soit placée au 26ème rang sur 30 pays au classement de l’Indice de développement global du commerce de détail 2016 (Global Retail Development Index) d’AT Kearney, avec un secteur du commerce de détail affichant l’an dernier des ventes totales à hauteur de 15 milliards de dollars pour 11 millions d’habitants, le cabinet de conseil a souligné les opportunités considérables que la Tunisie offre aux commerçants de détail, principalement du fait que le marché tunisien présente un faible niveau de saturation et une population n’ayant pas accès à une offre suffisante.