L’Algérie affiche des ambitions économiques audacieuses pour la prochaine décennie, comme l’a révélé le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni, lors d’un entretien accordé à la télévision nationale en marge de la Foire internationale d’Alger. Cette vision, axée sur la diversification de l’économie et la réduction de la dépendance aux hydrocarbures, s’appuie sur des réformes structurelles profondes et des objectifs chiffrés ambitieux.
Le premier axe de cette transformation économique concerne la maîtrise des importations. « En 2019, nous importions plus de 60 milliards de dollars. En 2024, nous sommes passés à 45 milliards de dollars », a déclaré M. Zitouni. Cette réduction de 25% en cinq ans n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une politique volontariste visant à stimuler la production nationale et à rationaliser les importations.
Le ministre a tenu à préciser que cette approche ne signifie pas un repli sur soi : « Nous n’avons jamais cessé d’importer. La rationalisation des importations, c’est une culture, pas seulement une spécificité algérienne ». Cette stratégie s’inscrit dans une tendance mondiale de protection des économies nationales, comme en témoignent les récentes mesures prises par l’Union européenne concernant les voitures électriques chinoises.
Le deuxième pilier de cette transformation économique repose sur la promotion des exportations hors hydrocarbures. Les chiffres avancés par le ministre sont éloquents : de 1,8 milliard de dollars en 2019, ces exportations ont atteint 7 milliards de dollars fin 2023. « Nous avons mis le train sur les rails », s’est félicité M. Zitouni.
Émergence de nouveaux secteurs porteurs
Cette croissance concerne plusieurs secteurs de l’économie algérienne. Dans le domaine des matériaux de construction, le ministre a déclaré : « Aujourd’hui, nous exportons pour 1,3 milliard de dollars de matériaux de construction ».
L’industrie agroalimentaire a évolué, passant du statut d’importateur net pour certains produits à celui d’exportateur. Les secteurs des cosmétiques et des produits de nettoyage ont atteint l’autosuffisance et commencent à exporter.
Indicateurs macroéconomiques
Le ministre a présenté plusieurs indicateurs économiques. L’Algérie affiche un taux de croissance de 4,1% et un excédent de la balance commerciale. Les réserves de change dépassent 70 milliards de dollars. On note également la création de 726 000 entreprises au cours des quatre dernières années.
L’Algérie a des objectifs pour 2030. « Nous prévoyons d’atteindre 29 milliards de dollars en exportations non pétrolières », a annoncé le ministre. Combinées aux exportations pétrolières, les exportations totales devraient atteindre 42 milliards de dollars, avec plus de 70% provenant du secteur hors hydrocarbures.
Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement mise sur plusieurs secteurs. L’industrie minière est mise en avant, le ministre indiquant que « la mine de phosphate d’Amizour fera de l’Algérie le premier exportateur mondial de phosphate ». L’agriculture est également ciblée, avec une réduction prévue des importations de blé. L’industrie automobile fait l’objet d’un nouveau cahier des charges visant l’autosuffisance nationale et l’exportation. Le tourisme, les télécommunications et les travaux publics sont aussi considérés comme des secteurs d’avenir.
Néanmoins, des défis restent à relever. Le ministre a souligné la nécessité de « créer un climat favorable aux investissements » et de « mettre en place un nouveau cadre législatif ». Il a également mentionné l’importance d’assurer une mise en œuvre des réformes et de s’adapter aux évolutions du marché mondial.
En conclusion, l’Algérie vise une transformation de son économie d’ici 2030. Les premiers résultats sont notables, mais la réussite de ce plan dépendra de la mise en œuvre des réformes et de la mobilisation des acteurs économiques.