L’Algérie est confrontée cette année 2020, à quatre grandes crises. Le pays doit trouver des solutions adéquates à ses quatre difficultés majeures afin de pouvoir se tourner définitivement vers l’avenir et entamer la construction de la nouvelle Algérie sur des fondements solides et durables. Ces quatre crises sont d’ordre politique, sanitaire, socioéconomique et enfin climatique.
Une épineuse question de légitimité politique
L’Algérie a entamé l’année 2020, sans résoudre l’épineuse question de légitimité politique. Le peuple persiste dans sa remise en cause de la légitimité et la pertinence la feuille de route de sortie de crise choisie par les décideurs après le départ forcé de l’ancien président de la république Abdelaziz Bouteflika. Les Algériens continuent de réclamer de véritables réformes politiques qui feront de leur pays un Etat de droit respectueux de toutes les libertés fondamentales. Le refus d’une grande partie des Algériens de reconnaitre les résultats des élections présidentielles du 12 décembre 2019, signifie que le pays vit toujours une crise politique interne.
La trêve sanitaire décrétée par le Hirak le mois de mars, n’est que l’accalmie qui précède la tempête. La fin de la pandémie COVID 19, marquera le retour des manifestations et d’autres formes de protestation contre le régime qui a profité de cette conjoncture exceptionnelle pour lancer une offensive judiciaire contre des journalistes, des activistes politiques et des animateurs du Hirak. L’absence d’une réponse favorable aux revendications de la rue ne fera que perdurer la crise de la légitimité politique qui dure depuis l’été 62. La gestion de la crise sanitaire par les institutions de l’Etat, pourrait donner un nouveau souffle à la révolution du sourire.
Une crise socioéconomique sans précédent
La chute des prix du pétrole depuis 2014, a plongé la balance des payements de l’Algérie dans un grave déficit. En effet, le budget de l’Etat continue de fonctionner avec des dépenses largement plus importantes que les recettes. Cette décente aux enfers entamée en 2014, va s’aggraver davantage en 2020 à cause de plusieurs facteurs. On peut citer la chute des prix des hydrocarbures à des niveaux très bas jamais enregistrés depuis près de 20 ans. Un baril à moins de 30 dollars met l’Algérie dans la précarité. Les réserves de change estimées à 60 milliards de dollars au début de l’année en cours, baisseront à des seuils très bas avant le 31 décembre. Le déficit de la blance des payements est sans précédent dans l’histoire de l’Algérie indépendante.
Le secteur des hydrocarbures n’est pas le seul touché par la crise. La fiscalité ordinaire réalisera également des recettes insignifiantes en raison de la paralysie qui touche la quasi-totalité des activités économiques formelles et informelles. Cette paralysie aura pour conséquence la baisse du pouvoir d’achat, la hausse du chômage et l’allongement de la liste des familles nécessiteuses que l’Etat doit prendre en charge. La mobilisation d’un budget colossal, en cette période de vaches maigres, est indispensable pour couvrir les besoins les plus élémentaires des franges importantes de la société. Ne pas le faire risque de provoquer l’irréparable d’autant plus que la crise de légitimité politique demeure posée.
Une crise sanitaire inédite
L’Algérie vit à l’instar du reste du monde, une crise sanitaire inédite. L’arrivée du virus COVID 19, le mois de février dernier, a provoqué un chamboulement dans le pays. Non préparé à gérer une telle situation, le secteur de la santé publique tente, en dépit de manque de moyens, de faire face à la pandémie qui provoque des tragédies humaines dans les quatre coins du monde.
Le personnel médical, se plaint de l’insuffisance des équipements de protection et des conditions du travail. Les sit-in et les marches organisés par les employés des hôpitaux de Blida, Boufarik, Tlemcen et d’une polyclinique à Sétif, ne sont que la partie apparente de l’iceberg. Le mécontentement ne cesse de monter dans les établissements de santé publique, ont averti les syndicats du secteur. Avec l’augmentation de nombre de malade au cours des prochains jours, comme annoncée par le ministre de la Santé, de la Population et la Réforme hospitalière, la pression sera plus lourde sur le personnel médical qui a perdu plusieurs de ses membres qui étaient en premières lignes dans le combat contre la pandémie. Beaucoup d’observateurs et de médecins craignent une complication de la crise sanitaire les prochaines semaines.
Une pluviométrie largement en dessous de la moyenne saisonnière
Aux crises sanitaire, socioéconomique et politique s’ajoute une autre crise d’ordre climatique. Il s’agit de la sécheresse qui frappe l’Afrique du Nord cette saison. La pluviométrie est largement en dessous de la moyenne saisonnière cette année. Les céréales sont la première victime de l’hiver doux et sec. Les récoltes seront largement moins importantes que les prévisions. Le pouvoir aura la double tâche de trouver des alternatives à la récolte nationale et à assurer des revenus aux agriculteurs. La baisse du taux de remplissage des barrages pourrait atteindre des niveaux critiques d’ici la fin de l’été. La distribution de l’eau potable verra sans doute des perturbations en été. Un plan de rationalisation de la consommation de l’eau potable s’impose pour éviter une crise d’eau notamment dans des régions à forte démographie qui ne disposent pas de stations de dessalement des eaux de mer à l’image de Sétif, Bejaia, Bouira, Tizi Ouzou, Batna, Blida et Constantine.