L’annonce récente de l’adhésion officielle de l’Algérie à la Nouvelle Banque de Développement (NBD) des BRICS marque une étape importante dans la stratégie économique internationale du pays. Cependant, cette nouvelle, qui pourrait sembler de prime abord une victoire diplomatique pour Alger, révèle en réalité une approche aux résultats mitigés.
Cette intégration à la NBD intervient dans un contexte particulier. En 2023, l’Algérie a échoué à rejoindre le groupe des BRICS malgré une contribution substantielle de 1,5 milliard de dollars à la banque, annoncée en juillet de la même année par le président Abdelmadjid Tebboune lors d’une visite en Chine. Les raisons précises de ce rejet n’ont pas été rendues publiques, mais elles soulignent les défis auxquels l’Algérie fait face dans ses ambitions internationales.
Face à cet échec, le président Tebboune avait déclaré que le dossier des BRICS était « clos » pour l’Algérie. Paradoxalement, l’adhésion à la NBD semble indiquer une volonté persistante de se rapprocher des économies émergentes. Cette apparente contradiction soulève une question cruciale : l’Algérie aspire-t-elle toujours à rejoindre le groupe des BRICS à terme ? Bien qu’aucune déclaration officielle ne confirme cette hypothèse, l’intégration à la NBD pourrait être interprétée comme une stratégie alternative pour maintenir des liens étroits avec ces puissances émergentes.
Pour comprendre les implications de cette démarche, il est essentiel de la replacer dans le contexte économique actuel de l’Algérie. En 2022, le pays a enregistré une croissance de son produit intérieur brut (PIB) de 3,2%, soutenue notamment par une amélioration des secteurs hors hydrocarbures qui ont connu une hausse de 4,3%. Les prévisions pour 2023 sont encore plus optimistes, avec un taux de croissance attendu de 4,2%, favorisé par un rebond dans la production d’hydrocarbures et des performances solides dans les secteurs de l’industrie, de la construction et des services.
Néanmoins, ces signes positifs ne doivent pas occulter les défis structurels auxquels le pays est confronté. La forte dépendance aux hydrocarbures reste un point de vulnérabilité majeur pour l’économie algérienne. De plus, des pressions inflationnistes persistantes, atteignant 9,3% en 2023 principalement en raison de l’augmentation des prix des denrées alimentaires, pèsent sur le pouvoir d’achat des ménages.
Dans ce contexte, l’adhésion à la NBD peut être vue comme une tentative de diversifier les partenariats financiers de l’Algérie et d’accéder à de nouvelles sources de financement pour ses projets de développement. Cette démarche s’inscrit dans une tendance plus large observée parmi les économies émergentes, qui cherchent des alternatives aux institutions financières traditionnelles. La NBD elle-même a récemment élargi son cercle en accueillant d’autres pays comme le Bangladesh et l’Égypte.
En définitive, l’adhésion de l’Algérie à la Nouvelle Banque de Développement des BRICS soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Si cette intégration marque indéniablement une étape dans la stratégie économique internationale du pays, sa portée réelle demeure incertaine. Les analystes restent prudents quant aux bénéfices tangibles que l’Algérie pourra en tirer. Les retombées concrètes en termes d’investissements et de projets de développement sont encore floues, et il serait hâtif de proclamer cette adhésion comme une victoire majeure pour la diplomatie économique algérienne.