Le groupe de réflexion libanais, Carnegie Middle East Centre (CMEC), filiale de la fondation Carnegie pour la paix internationale, a prédit une crise économique imminente en Algérie.
Pour le groupe CMEC, le pays semble s’être retrouvé dans une impasse politique, les élections présidentielles ayant déjà été annulées deux fois en quatre mois. « Ce blocage est alarmant compte tenu de la crise économique imminente qui ajoutera une couche de complexité à une situation déjà compliquée », écrit le groupe de réflexion sur son site.
Selon le CMEC, les progrès ont été freinés par deux choses. « L’armée, véritable centre du pouvoir en Algérie, tient fermement à l’organisation d’élections dans les conditions actuelles. Elle n’a pas réussi à rassurer les manifestants sur son intention de changer le système. Dans le même temps, les manifestants n’ont pas été en mesure de nommer des représentants ou des médiateurs capables de parler en leur nom et de formuler des revendications réalistes ».
Concernant le volet économique, le groupe de réflexion affirme que la structure de l’économie algérienne est particulièrement vulnérable. « Elle repose sur les rentes et repose sur l’exportation d’hydrocarbures, notamment de pétrole et de gaz naturel, qui représentent 95% des recettes d’exportation, 40% des recettes budgétaires et 30% du PIB ».
« En octobre 2017, le gouvernement a commencé à imprimer de l’argent pour financer ses déficits budgétaires. Cette mesure peu orthodoxe a généré un total de 56 milliards de dollars, dont 8,5 milliards en janvier 2019, représentant 30% du PIB pour 2018 » .
Elle a permis au gouvernement de respecter ses engagements internes en payant ses créanciers, y compris les entreprises de construction et de travaux publics.
Selon un rapport du FMI de juin 2018, la situation économique de l’Algérie se détériore inexorablement. Selon le même rapport, le chômage est en hausse. En septembre 2017, le chômage était estimé à 11,7%, contre 10,5% pour la même période de l’année précédente.
Le déclin rapide des réserves de change est plus inquiétant. En raison des prix élevés du pétrole entre 2003 et 2013, l’Algérie a accumulé de vastes réserves en devises qui en font le huitième plus grand détenteur au monde, avec 193,6 milliards de dollars en 2014.
« Toutefois, le pays a été touché par la chute des prix du pétrole et en conséquence, le gouvernement dispose de peu d’options, à ce jour, et utilise ses réserves pour aider ses dirigeants à une escalade et à une dégradation de la stabilité nationale », conclut le Carnegie Middle East Centre.