Dans cet entretien l’ex-président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH), Me Boudjemaâ Ghechir qualifie l’annonce de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika par les quatre partis de l’alliance présidentielle, à savoir le RND, le FLN, le TAJ et le MPA d’illégale et d’immorale.
Maghreb Emergent : Comment voyez-vous en tant qu’observateur politique et expert en droits l’homme, l’annonce de la candidature du chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika par les partis de l’alliance ?
Boudjemaâ Ghechir : La déclaration de candidature du président de la République, Abdelaziz Bouteflika à la prochaine élection présidentielle par les quatre partis de l’alliance est illégale et immorale. Illégale parce qu’on ne peut pas annoncer la candidature d’une personne et entamer la récolte des signatures pour compléter son dossier de candidature avant même que cette personne ne se prononce publiquement sur sa candidature.
Le secrétaire général du FLN a annoncé le début de la collecte des signatures pour le chef de l’Etat alors que ce dernier n’a toujours pas déclaré son intention de prendre part à la course présidentielle. Je me demande sur quelle base légale les services du ministère de l’Intérieur ont remis les formulaires à ce parti. Ces mêmes partis ont commencé la campagne électorale avant les délais prévus par la loi.
C’est une démarche immorale car dans les pays démocratiques, les alliances politiques se créent sur la base d’un programme, d’une vision, des idées voire des idéologies. Chez nous, on crée une alliance de partis pour soutenir la candidature d’une personne avant qu’elle annonce son intention et dévoile son programme. Ainsi, on est dans le culte de la personne.
Qui est censé rappeler à l’ordre ces quatre partis politiques ?
Sur le plan légal c’est le Conseil constitutionnel ainsi que la Haute instance indépendante de surveillance des élections qui sont censés intervenir pour rappeler à l’ordre ces partis qui agissent en dehors en la loi et en toute impunité. Sur le plan politique, c’est toute la classe politique qui doit agir pour dénoncer ces pratiques scandaleuses qui nuisent à l’image du pays et à l’exercice de la démocratie.
Pourquoi le Conseil constitutionnel et la Haute instance indépendante de surveillance des élections n’ont-ils pas réagi ?
Vous savez très bien que les institutions de l’Etat en Algérie ne sont pas autonomes. Elles n’osent pas contrarier la volonté du pouvoir en place. Elles ne sont pas faites pour fonctionner d’une manière autonome et responsable. Il n’y a rien à espérer de ces deux institutions.
Quel message veulent véhiculer les quatre partis de l’alliance à travers leur agissement ?
Ces quatre partis tirent profil de la situation actuelle du pays et souhaitent qu’elle dure davantage. Ils veulent maintenir leurs privilèges et continuer à dominer la scène politique nationale. A travers leur démarche, ils espèrent tuer ce qui reste de la vie politique dans le pays.