Le mardi 12 mai, l’agence presse officielle (APS) a relayé un article du quotidien américain, Washington Times, louant les réformes économiques et constitutionnelles engagées par le président Abdelmadjid Tebboune.
Cette analyse du Washington Times est signée David Keene, un lobbyiste rémunéré du cabinet Keene Consulting Services, dont l’Algérie s’est offert ses services pour promouvoir son image et ses centres d’intérêts aux Etats-Unis.
En novembre 2018, l’ambassade d’Algérie à Washington a signé un contrat d’une année, avec le dirigeant de ce cabinet de consulting, David Keene, afin d’apporter « une contribution de qualité à la promotion de l’image de l’Algérie tant au niveau de l’exécutif américain que du Congrès et du monde des affaires », a affirmé l’APS dans son édition du jour.
La même source n’a pas dévoilé la valeur de ce contrat, mais la presse américaine a avancé le chiffre de 360 000 dollars, soit 30 000 dollars par mois au profit du consultant et auteur de l’article du Washington Times, David Keene. Le contrat a été déclaré auprès des autorités de transparence nord-américaines et expire en novembre 2019, s’il n’est pas renouvelé automatiquement.
L’apparition d’un billet ‘’flatteur’’ sur l’Algérie dans ce journal avec la signature de David Keene, laisse croire que le contrat a bel et bien été reconduit. « Ce contrat qui rémunère David Keene avec des sommes faramineuses de 30 000 dollars mensuellement, a surement été reconduit pour cette même somme si ce n’est pas plus », souligne Moussaab Hamoudi chercheur en sciences politiques.
30 000 dollars par mois pour un impact « domestique »
Mais cette analyse « américaine », présentée par les médias publics et privés algériens comme un véritable soutien de l’opinion US aux réformes engagées du président, a été réalisée, en fait, par un journal de faible influence et sans grand impact médiatique au niveau international.
En effet, il ne faut pas confondre le Washington Times avec le Washington Post ou le News York Times. Deux journaux largement considérés comme indépendants et très puissants aux Etats-Unis. Le Washington Times est un journal relativement récent qui a été fondé en 1982 avec un tirage d’environ 100 000 exemplaires par jour, contre 700 000 pour le Washington Post.
Selon Hacène Hirache, docteur en sciences économiques et analyste politique, « le Washington Times est un petit journal qui n’a aucun impact aux Etats-Unis ni aux décideurs du monde. David Keene, qui a rédigé l’article, est une personnalité qui n’a aucun effet sur les décideurs et la scène politique US».
Pour le chercheur en sciences politiques Moussaab Hamoudi, cette opération considérée comme du lobbying et payée avec l’argent du contribuable algérien, « n’est finalement qu’une action de communication qui n’a d’impact qu’en interne, car elle n’a aucune influence sur les décideurs américains et internationaux ».
Il estime que c’est de l’argent gaspillé pour pas grand-chose. « C’est une médiocre opération de communication qui a servi seulement l’usage domestique, pour faire du sensationnel sur les plateaux de télévision et les colonnes des journaux en Algérie », a-t-il conclu.