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Tunisie

Le bilan de l’économie tunisienne en 2016 (document OBG)

Par Yacine Temlali
janvier 26, 2017
Le bilan de l’économie tunisienne en 2016 (document OBG)

 

De nouvelles dispositions législatives introduites en juin ont renforcé les règlementations régissant les activités bancaires, faisant passer le capital minimum dont doivent disposer les banques de 25 millions de dinars (10,2 millions d’euros) à 50 millions de dinars (20,5 millions d’euros) et introduisant des normes plus strictes en matière d’audit interne et de procédures de contrôle.

 

La mise en œuvre d’un programme de réformes profondes et d’investissements a commencé à porter ses fruits, et les indicateurs économiques montrent une tendance haussière. Si la Banque Centrale de Tunisie avait déclaré en décembre 2015 que l’économie nationale était entrée en « récession technique », le pays a depuis lors retrouvé un certain équilibre, obtenant de la part du FMI une prévision de croissance de 1,5% pour l’année 2016.

Les gouvernements de Habib Essid, nommé premier ministre en 2015, et de Youssef Chahed, qui a accédé à ce poste en août 2016, ont fait preuve d’une volonté ferme et constante dans la mise en œuvre du calendrier de réformes afin de sortir l’économie du rouge et mettre le pays sur la voie d’un développement durable.

 

Vers la normalisation

 

Restaurer les fondamentaux de l’économie constitue une priorité pour les dirigeants tunisiens.

Renfermant des dizaines de projets de transformation et d’investissement, notamment une réforme en profondeur de l’administration et un programme infrastructurel de grande ampleur, le Plan de Développement 2016-2020 s’est fixé comme objectif de ramener la croissance à un taux confortable de 4% et de réduire le chômage de son taux actuel de 15,6% à moins de 12% d’ici 2020.

Le Plan de Développement peut d’ores et déjà se prévaloir de la mise en place d’une importante réforme du secteur bancaire entreprise en 2016 afin de consolider les bases financières du pays.

De nouvelles dispositions législatives introduites en juin ont renforcé les règlementations régissant les activités bancaires, faisant passer le capital minimum dont doivent disposer les banques de 25 millions de dinars (10,2 millions d’euros) à 50 millions de dinars (20,5 millions d’euros) et introduisant des normes plus strictes en matière d’audit interne et de procédures de contrôle.

La loi prévoit également l’instauration d’un fonds de garantie des dépôts : un système de protection qui couvre les économies de 95% des Tunisiens et qui est habilité à apporter des aides financières d’urgence aux établissements bancaires.

Cette révision du cadre règlementaire fait suite à des opérations de recapitalisation des banques Société Tunisienne de Banque et Banque de l’Habitat en 2015 qui visaient à réduire la part des prêts non performants de ces dernières.

Si la réforme est en marche dans le secteur bancaire, d’autres secteurs sont moins faciles à cerner, envoyant des messages contradictoires et affichant des croissances irrégulières difficiles à déchiffrer pour les responsables de l’élaboration des politiques. Le secteur minier, par exemple, a connu une forte croissance en 2016 suite à des indicateurs négatifs à la fin de l’année précédente, tandis que le secteur agricole a dû faire face à une chute de ses exportations d’huile d’olive après une récolte exceptionnelle en 2015 qui avait rapporté près d’1 milliard de dollars de recettes.

 

Signaux positifs

 

Récolter le soutien de partenaires internationaux s’avère crucial pour le pays s’il veut réussir à financer son plan de développement, estimé à 120 milliards de dinars (49,6 milliards d’euros) tout en gardant son déficit public sous contrôle.

La réduction du déficit budgétaire, qui s’élève actuellement à 4,4% du PIB selon les estimations de la Banque Mondiale, constitue l’un des objectifs fixés par le FMI pour le pays dans le cadre des modalités d’un accord portant sur un programme de prêt de quatre ans d’un montant de 2,9 milliards de dollars signé en 2016.

La recherche de financements extérieurs a conduit le gouvernement à mener une vaste campagne de promotion à destination des investisseurs qui s’est conclue au mois de novembre par la conférence internationale de l’investissement Tunisia 2020, dont le but était de présenter aux décideurs étrangers les opportunités d’investissement introduites par le plan de développement.

L’événement, auquel ont participé 70 pays et 1500 partenaires économiques, s’est soldé par des promesses d’investissement d’un montant total de 34 milliards de dinars (14 milliards d’euros). De nombreux partenariats commerciaux, avec Microsoft et Peugeot notamment, se sont également noués lors de cette conférence, qui a également permis de sécuriser des financements pour des projets hospitaliers et touristiques.

La campagne a également mis l’accent sur une récente révision du cadre règlementaire qui vise à rendre la Tunisie plus attractive aux yeux des investisseurs. Un nouveau code de l’investissement a été adopté en septembre afin de libéraliser le régime des investissements et de simplifier les procédures : ce dernier supprime les barrières à l’entrée pour les investisseurs étrangers et réduit l’ampleur des démarches administratives afin de faciliter le processus d’investissement.

Une nouvelle législation prévoyant une simplification des procédures et exigences contractuelles pour les partenariats public-privé est également entrée en vigueur cette année.

 

Préparer l’avenir

 

Afin de préparer dès maintenant son développement sur le long terme, la Tunisie a également lancé en 2016 un projet de réforme de l’éducation qui entend pallier les faiblesses du secteur. Le programme de réforme, qui sera déployé jusqu’à 2020 avec un budget estimé à 4,1 milliards de dinars (1,7 milliard d’euros), comprend une amélioration de la formation des enseignants et des programmes d’enseignement ; une révision du calendrier scolaire avec extension du nombre de journées d’enseignement ; et la rénovation d’établissements d’enseignement primaire.

Les nouvelles politiques éducatives visent également à promouvoir l’accès à l’emploi pour les jeunes diplômés universitaires, parmi lesquels le taux de chômage s’élevait à 31,2% en 2015. Les experts attribuant ce chiffre à un décalage entre les programmes d’enseignement universitaire et les attentes des employeurs, le gouvernement a lancé en 2016 une série d’initiatives destinées à accroître l’implication du secteur privé dans l’éducation.

Un programme baptisé « l’Entreprise Amie de l’Ecole » met en relation des écoles avec des entreprises privées qui s’engagent à offrir des stages et d’autres formes de soutien aux élèves, tandis que le Projet Enseignement Supérieur pour l’Employabilité, qui a bénéficié d’un financement de 70 millions de dollars de la part de la Banque Mondiale, cherchera à développer les stages parrainés par l’employeur et l’orientation professionnelle.

Le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) offre des opportunités privilégiées aux jeunes diplômés. Selon des sources ministérielles, ce dernier pourrait recruter jusqu’à 10 000 nouveaux diplômés. Le lancement du programme Digital Talent (talent numérique), qui prévoit la création d’un Observatoire des Capacités des TIC pour analyser les critères d’employabilité et une Académie des TIC chargée d’assurer une formation adéquate, était prévu pour fin 2016.

 

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