Donald Trump qui a déjà démontré sa capacité à prendre des décisions sans vraiment réfléchir aux conséquences immédiates pourrait être tenté par un bras de fer commercial avec l’Allemagne même si pour le moment ses cibles sont le Mexique et la Chine.
Parmi les sujets récurrents en matière d’actualité économique, le match commercial entre l’Allemagne et la Chine figure en bonne place. L’année dernière, après la publication des chiffres 2015, la Chine a été proclamée numéro un mondial du commerce extérieur devant son rival germanique.
Une consécration qui a alimenté nombre de débat à commencer par celui concernant la place de la Chine au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le refus des Etats Unis et de l’Union européenne (UE) de lui accorder le statut de pays à économie de marché en raison de ses pratiques jugées protectionnistes.
L’Allemagne reprend la tête
Cette fois, la tendance vient de s’inverser. La publication récente des soldes des comptes courants démontre que l’Allemagne est repassée en tête en 2016. Pour mémoire, la balance des paiements courants est un agrégat qui prend, principalement en compte le solde commercial et les échanges de services. C’est donc un excellent indicateur quant aux performances exportatrices d’un pays.
En 2016, donc, l’Allemagne a affiché un excédent des comptes courants de l’ordre de 297 milliards de dollars (257 milliards de dollars en 2015). De son côté, la Chine n’a enregistré «que» 245 milliards de dollars de solde positif (293 milliards de dollars en 2015). Du coup, le vieux débat à propos de «l’égoïsme» de l’Allemagne a refait surface.
Pour résumer, ce pays est accusé de trop exporter au détriment de ses partenaires européens. Plus encore, Berlin est mis en cause pour la faiblesse de ses importations et la réticence de ses autorités à se lancer dans un plan massif d’investissements. Pourtant le besoin existe ne serait-ce que dans le domaine des infrastructures dont un nombre important a vieilli.
Mais la chancelière Merkel ne l’entend pas de cette oreille. Pour elle, la consommation intérieure demeure forte et l’afflux des réfugiés contribue à augmenter la demande. En clair, pas question que l’Allemagne ne consente plus d’efforts pour équilibrer sa balance commerciale.
Trump veut un rééquilibrage
L’affaire se corse néanmoins avec la nouvelle donne américaine. A plusieurs reprises Donald Trump a critiqué plusieurs pays dont il estime qu’ils ne jouent pas le jeu de l’ouverture commerciale. Outre le Mexique, et à un degré moindre le Canada, le nouveau président américain a surtout ciblé la Chine et l’Allemagne. Et ce ne sont pas les 478 milliards de dollars de déficit des comptes courants enregistrés par les Etats Unis d’Amérique en 2016 qui vont calmer le jeu.On attend donc avec impatience la première rencontre entre Trump et Merkel – déjà en opposition sur d’autres sujets à l’image de celui des réfugiés.
Pour autant, on imagine mal l’administration américaine décider de taxer le « made in Germany ». En effet, la moindre mesure coercitive et unilatérale qui serait prise par les Etats Unis entrainerait une réaction commune de l’ensemble des membres de l’Union européenne (UE). Pour les exportateurs américains, y compris de services, ce serait une très mauvaise nouvelle.
Pour autant, le président Trump a déjà démontré sa capacité à prendre des décisions sans vraiment réfléchir aux conséquences immédiates. L’homme qui a promis de faire revenir les emplois aux Etats Unis pourrait ainsi être tenté par un bras de fer commercial avec l’Allemagne. A moins qu’il ne procède par élimination, en décidant de s’en prendre d’abord au Mexique et à la Chine.
Akram Belkaïd
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