Condamné par contumace à trois ans de prison ferme par le tribunal militaire, le blogueur Yassine Ayari a été arrêté dès son arrivée jeudi matin à Tunis.
Le blogueur et opposant Tunisien, Yassine Ayari, a été arrêté et immédiatement emprisonné dès son arrivée, jeudi matin, à l’aéroport de Tunis-Carthage. Selon son avocat Samir Ben Amor, l’arrestation et l’incarcération du blogueur tunisien intervient après un mandat d’amener émis par le Tribunal militaire, qui avait condamné par contumace le blogueur à trois ans de prison ferme. Il a été transféré et écroué à la prison de Mornaguia de Tunis, en attendant de comparaître devant le tribunal militaire le 6 janvier 2015, selon son avocat, cité par l’agence de presse tunisienne TAP. Yassine Ayari avait été condamné par la justice militaire tunisienne pour »atteinte au moral de l’armée et outrage à des fonctionnaires de l’institution militaire ». Il a écrit une série de textes critiques contre l’armée tunisienne et certains de ses dirigeants, publiés sur sa page Facebook.
Explications du tribunal militaire
Dans un communiqué rendu public juste après l’arrestation et la mise sous écrou du blogueur tunisien, le tribunal militaire (TM) a expliqué qu’il »avait condamné l’intéressé par défaut, le 18 novembre 2014, à une peine de trois ans de prison ferme avec application immédiate de la peine, conformément aux dispositions de l’article 91 du Code de justice militaire (…) ». Une information judiciaire avait été ouverte contre Yassine Ayari, explique le TM tunisien, qui poursuit l’intéressé pour »diffamation et outrage public contre certain nombre d’officiers supérieurs et cadres du ministère de la Défense », »propagation de rumeurs de nature à déstabiliser les unités militaires » et »accusation, sans en fournir la preuve, d’un certain nombre de responsables militaires d’avoir commis des abus financiers et administratifs ». »Durant des mois, Yassine Ayari utilisait sa page FB pour faire fuiter des informations sur l’appareil militaire tunisien, le ministère de la Défense et le ministre Ghazi Jeribi, lui-même, des informations de premier plan parfois sur les mouvements au sein même du cabinet du ministre », écrit le site »Businessnews », qui ajoute que M. Ayari « était au courant qu’il allait être arrêté et a été informé de cela depuis des semaines par un haut gradé militaire, comme il l’a dit lui-même sur sa page FB ».