"Le changement à la tête de Sonatrach est plus important que celui de ministre"- A.Attar sur RadioM (audio-vidéo) - Maghreb Emergent

“Le changement à la tête de Sonatrach est plus important que celui de ministre”- A.Attar sur RadioM (audio-vidéo)

Facebook
Twitter

Pour l’ancien ministre et ex-PDG de Sonatrach, les récents changements à la tête du secteur de l’énergie sont « une surprise mais plutôt une bonne surprise ».

 

 

Abdelmadjid Attar estime que les nominations de nouveaux PDG aux commandes de Sonatrach et de Naftal sont même plus importantes que le changement de titulaire du portefeuille de ministre de l’énergie « car les véritables enjeux sont sur le terrain ». Il ajoute que le nouveau patron de Sonatrach, Amine Mazouzi « est capable de remettre de la confiance ». « C’est un jeune cadre d’une cinquantaine d’années, très posé et très compétent techniquement. Il a en particulier, à son actif, de nombreuses réalisations techniques et une connaissance approfondie du marché du gaz ». Selon Abdelmadjid Attar qui était mercredi l’invité du « Direct » de RadioM, cette nomination « a été accueillie favorablement au sein de la compagnie nationale où sa première tâche sera de rétablir un climat serein et de libérer les initiatives en protégeant les cadres de l’entreprise ». Au sujet du nouveau ministre de l’Energie, M. Salah Khebri, l’invité de RadioM se montre moins disert : « On ne le connaissait pas vraiment. C’est un autre profil ; un économiste plutôt qu’un technicien ». Le préjugé est plutôt favorable. « Il pourrait avoir plus de recul que ses prédécesseurs vis-à-vis des investissements de Sonatrach ».

 Rattraper notre retard dans les énergies renouvelables

La désignation de M . Khebri, justement, a coïncidé avec l’annonce d’un programme ambitieux dans le domaine des énergies renouvelables. Abdelmadjid Attar tempère : « le programme était déjà prêt à l’époque de Yousfi. Le nouveau ministre ne peut pas l’avoir élaboré en 24 heures ». Il n’empêche que c’est un « programme très ambitieux et tant mieux. Les hydrocarbures seuls ne nous permettront pas de financer notre transition énergétique. Il faut à tout prix éviter de les consommer en interne. Produire 37% de notre électricité à partir des énergies renouvelable en 2030, ce serait extraordinaire. La moyenne mondiale dans ce domaine ne dépasse pas 22% à l’heure actuelle ». Mais, avertit l’ancien ministre : « On a pris beaucoup de retard. Sur les 22 000 MW annoncés dès 2011, on n’a réalisé pour l’instant que moins de 500 MW en comptant les projets en cours ». « Il faudra d’abord beaucoup d’argent et ensuite changer le cadre réglementaire pour attirer de nouveaux acteurs et encourager de nouveaux modes de production et de consommation de l’énergie ».

Ouvrir le secteur aux opérateurs privés

Et Sonelgaz est-t-il le bon acteur pour réaliser un tel programme ? Bien qu’il préconise « la relance de la filiale de Sonelgaz chargée des énergies renouvelables », Abdelmadjid Attar souligne aussitôt que « Sonelgaz croule sous la pression de la demande d’électricité et n’arrive pas à répondre aux besoins d’un pays qui est devenu l’un des plus énergivores du monde en terme de croissance de la consommation ». L’ancien PDG de Sonatrach affirme donc comprendre très bien que « Sonelgaz ne puisse pas être au four et au moulin » et que son PDG se soit montré peu enclin, dans des interventions publiques récentes, à ériger le développement des énergies renouvelables en priorité pour son entreprise. Au passage Abdelmadjid Attar relève la contradiction entre les ambitions affichées par l’exécutif et les déclarations des responsables de l’opérateur public. Il livre incidemment un scoop aux auditeurs de Radio M « Nouredine Bouterfa serait partant si on en croît les informations qui courent actuellement dans le secteur ». Revenant à la stratégie du secteur, l’ancien ministre conseille de « reprendre le bilan sur le cadre réglementaire et d’ouvrir la porte au privé à travers une multitude d’opérateurs ». « On n’a pas besoin d’avoir dans ce domaine de très grosses entreprises, la difficulté, c’est que Sonelgaz est le seul propriétaire du réseau et il faut trouver une solution à ce problème ».

« La baisse des prix du baril sera durable »

Interrogé sur l’évolution des cours pétrolier, M. Attar affirme que la guerre des prix risque de durer. Il estime que tous les scénarios élaborés récemment évoquent un prix du baril qui pourrait atteindre 90 dollars à long terme mais qui ne dépassera pas 70 dollars d’ici 2019 ». L’ancien PDG de Sonatrach estime qu’ « avec un tel prix moyen du baril la plupart des gisements de gaz de schiste en Amérique du Nord vont reprendre leur production ce qui contribuera à empêcher une remontée des cours ». Pour l’expert algérien, la baisse actuelle des cours pétroliers est « un signal et une alerte ». Elle aurait pu « être prévue par les autorités algériennes qui réagissent aujourd’hui avec retard ». Il faut maintenant que la chute du prix du baril, soit un déclic et qu’elle serve enfin à la définition d’une « politique énergétique globale qui n’existe pas encore ».

Les économies d’énergie, le plus grand gisement pour l’Algérie

Les piliers de cette nouvelle politique énergétique devront être à la fois la consolidation  de la production d’hydrocarbures, et le développement des énergies renouvelables mais aussi les économies d’énergie ». La chute des prix constitue en particulier « une opportunité unique pour prendre des mesures en matière d’économie d’énergie ». C’est le « plus grand gisement dont dispose l’Algérie qui pratique, avec la Libye, les prix de l’énergie les plus bas. On a attendu 10 ans pour se décider à imposer des quotas d’importation de véhicules GPL. Il faut maintenant agir pour nous rapprocher de la vérité des prix à travers une augmentation progressive et échelonnée qui nous permettra de mieux maitriser la croissance de la consommation et de mettre fin au gaspillage et aux différents trafics. Le levier des prix est le seul efficace dans ce domaine ».

Extraits vidéo : http://bit.ly/1PQgIOP

Ecouter l’émission: 

 

 

Facebook
Twitter