L’Initiative maghrébine du commerce et de l’industrie (IMCI) lancée mardi à Marrakech à l’issue du 3e forum des entrepreneurs maghrébins redonne des couleurs à l’intégration économique de l’Union du Maghreb arabe (UMA). Sans illusions, cependant.
Pour son 25e anniversaire, l’Union du Maghreb Arabe (UMA) née le 17 février 1989, a reçu un cadeau « économique et collectif » : l’Initiative maghrébine du commerce et de l’investissement (IMCI). Cette feuille de route conclue entre les cinq organisations patronales des pays de l’UMA – la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), la Confédération algérienne du patronat (CAP), le Conseil du patronat libyen (CPL), l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) et la Confédération nationale du patronat mauritanien (CNPM) – à l’issue du 3e forum des entrepreneurs maghrébins, organisé par l’Union maghrébine des employeurs (UME) les 17 et 18 février à Marrakech, vise à accélérer le processus d’intégration des économies des pays de l’UMA.
Deux grands axes rassemblant douze propositions essentielles ont été établis rapporte le site d’informations marocain Medias 24. Le premier, d’ordre politique, identifie un certain nombre d’actions à entreprendre pour concrétiser cette union : harmonisation des procédures douanières, création d’un régime de transport commun, libéralisation totale des mouvements de capitaux, etc. Le second, d’ordre organisationnel, consiste à doter l’UME des structures opérationnelles pour gérer cette intégration en devenir.
La non-intégration économique coûte 3 et 9 milliards de dollars par an
« Il est clair que sans le politique, on ne pourra pas trop avancer. Mais nous avons quand même décidé de nous doter de notre propre feuille de route avant d’aller voir du côté des politiques », a déclaré Salaheddine Kadmiri, vice-président de la CGEM qui préside depuis janvier dernier l’UME. Un sentiment partagé par les 600 hommes d’affaires maghrébins présents au forum, conscients que la fermeture des frontières entre le Maroc et l’Algérie, qui dure depuis 20 ans, constitue le principal blocage à la réalisation de l’intégration maghrébine.
Le commerce entre les pays de l’UMA ne représente ainsi que 3% des échanges globaux de ces pays, soit « le taux d’intégration le plus faible au monde », a fait valoir Miriem Bensalah Chaqroun, présidente de la CGEM. A titre comparatif, ce taux est de 60% pour les pays de l’Union européenne, 25% pour l’Asean (Asie du Sud-Est), 15% pour le Mercosur (Amérique du Sud) et plus près de nous 9% pour la Cedeao (Afrique de l’Ouest). Selon la Banque mondiale (BM), l’UMA pourrait au moins doubler son taux actuel. D’après une étude réalisée tout récemment par l’institution financière, la non-intégration économique coûte entre 3 et 9 milliards de dollars par an, a indiqué Simon Gray, directeur du département Maghreb de la BM. Une non-intégration, en somme, qui coûte à l’ensemble des économies maghrébines entre 2 à 3 point de PIB tous les ans. « Le Maghreb uni n’est plus une option, mais plutôt une obligation si la région ne veut pas rater le train de la mondialisation », a conclu Simon Gray.