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Algérie

Le coût faramineux en devises des véhicules CKD-SKD

Par Maghreb Émergent
février 19, 2018
Le coût faramineux en devises des véhicules CKD-SKD

 

Les véhicules importés en kits coûtent nettement plus cher, en devises, que des véhicules « finis ». C’est le prix de l’apprentissage, dit-on, mais ce coût prend des proportions alarmantes.

Les véhicules importés en CKD-SKD durant l’année 2017 ont coûté près de dix pour cent plus cher que les véhicules finis importés la même année, selon des calculs de Maghreb Emergent à partir de statistiques des douanes algériennes et de différentes administrations. Mais par rapport au coût des véhicules finis importés en 2012-2013, lorsque les circuits d’importations et de commercialisation étaient rôdés, l’écart est plus important (+20%).

Des calculs faits à partir des chiffres officiels montrent que le coût d’un véhicule importé en kits en 2017 est de 15.000 dollars l’unité, contre 13.744 dollars pour le véhicule importé « fini ».En 2016, le coût d’un véhicule importé « fini » était encore beaucoup plus bas, à 10.783 dollars, soit un écart de 30%.

Selon des chiffres des douanes algériennes repris par l’agence APS, l’Algérie a importé pour 1.8 milliard de dollars de véhicules en kits destinés à être montés en Algérie. Au total, 120.000 véhicules auraient été montés en Algérie, ce qui donne ce coût de 15.000 dollars l’unité.

Jusqu’à 40% plus cher !

Toutefois, si on prend les chiffres du constructeur Renault, les écarts prennent une allure dangereuse. En 2012 et 2013, années fastes pour les importations de véhicules, le prix moyen d’un véhicule Renault importé revenait respectivement à 10.256 dollars et 10.988 dollars. Le résultat est simple : indépendamment des modèles, un véhicule monté à Oued Tlélat revient 40% plus cher pour la simple partie en devises.

A cette catastrophe, il faut ajouter d’autres éléments aggravants : les modèles montés à Oran sont les moins chers de la gamme Renault (Symbol, Sandera Stepway) alors que les véhicules importés auparavant comprenaient des modèles plus chers, notamment une part importante de la gamme Clio.

A la hausse du coût en devises, il faudrait ajouter le manque à gagner pour l’Etat. Les véhicules montés sur place bénéficient en effet de l’exonération d’une série de taxes, mesures supposées encourager la production locale.

Quant au coût du véhicule, il atteint des sommets. Car en plus de la partie devises, il faut ajouter la part en monnaie locale, représentée aujourd’hui ce qui est pompeusement appelé « taux d’intégration ». Celui-ci va actuellement de 15 à 30%, le taux le plus élevé étant réalisé chez Renault.

Fausse solution

Pour le gouvernement, cette option du SKD-CKD était destinée à favoriser l’émergence d’une industrie automobile. Le choix peut être défendu, y compris quand il y a des surcoûts, du moment qu’il donne lieu à la naissance d’un réseau de sous-traitance et de fabricants de composants conséquent. Obligation est d’ailleurs faite aux constructeurs automobiles de passer à un taux d’intégration progressif qui devrait atteindre 40 à 50% au bout de cinq ans.

Toutefois, ces obligations n’ont aucune portée pratique. La règlementation change au gré des gouvernements, et aucun ministre ne semble en mesure d’imposer un respect de règles émises.

Le résultat de cette politique est là. Le gouvernement, qui voulait limiter la sortie de devises, a lancé une politique qui a pour résultat d’augmenter le montant des devises transférées pour le même produit. « Dernaha djazaïria » débouche ainsi sur une nouvelle saignée de devises.

Fermer les yeux

Les entreprises automobiles concernées ne communiquent évidemment pas sur ce volet devises. C’est de bonne guerre. Elles se contentent de profiter d’un nouveau modèle, mis en place avec la complicité du gouvernement et des grandes marques automobiles, qui trouvent ainsi un modèle absurde qui leur permet de faire des bénéfices inattendus.

Mais l’attitude du gouvernement, qui occulte cet aspect, pose problème. L’exécutif est ainsi amené, au bout du compte, à défendre un choix absurde, ou au moins à fermer les yeux. Il est vrai qu’il est difficile à un gouvernement gérant les affaires du pays dans le cadre des orientations du président Bouteflika de critiquer des mesures prises dans le cadre des orientations du président Bouteflika.

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