La polémique suscitée par la suspension des tarifs douaniers s’est invitée au Café presse politique du jeudi 25 février où l’accord d’association avec l’Union européenne a fait monter la température du CPP jusqu’à ce que la perspective d’une rupture de gaz nationale évite l’explosion.
Le cafouillage autour de la directive annonçant que l’ensemble des franchises sont considérées caduques à partir du 1er janvier a été différemment interprété par les membres du CPP.
Pour Ihsane El Kadi, directeur de l’agence Interface Médias éditrice de Maghreb Emergent, il y a bien eu « suspension ». Pendant 24 heures, tous les produits du monde entier ont été soumis au régime douanier dans les ports et aéroports du pays puis on a levé cette mesure sans démenti, a-t-il déclaré.
Hassan Haddouche, journaliste spécialiste en économie, qui s’est entretenu avec un cadre du ministère du Commerce, pointe plutôt une erreur de rédaction : « Le téléx a été mal rédigé, il parlait de « toutes » les franchises suspendues au lieu de certaines franchises ».
Sans commenter son contenu, Chawki Amari, chroniqueur à El Watan, souligne que ce « sont toujours des sources anonymes qui démentent » et que « l’Algérie fonctionne encore à l’heure du téléx ».
Rapport de force
Quelles que soient les raisons à la source de la confusion, cette polémique a été « salutaire » car elle « a fait tomber les masques » relève Ihsane El Kadi qui souligne « qu’une partie de l’exécutif en relation avec une partie du milieu des affaires pense qu’il faut suspendre l’accord d’association avec l’Union européenne ».
Abed Charef, journaliste indépendant, juge sévèrement cet accord et « ceux qui l’ont signé » estimant qu’il a cassé « toute velléité d’industrialisation du pays depuis 15 ans ».
Un bilan partagé par Ihsane El Kadi qui relève que l’Algérie a failli dans sa capacité à placer des produits hors hydrocarbures sur le marché européen tels que la « pomme de terre de Aïn Defla par exemple ».
Plus modéré Hassan Haddouche rappelle que la logique de l’accord doit aussi favoriser les investissements européens en Algérie ainsi que les aides publiques de l’UE à l’Algérie. « C’est un bon accord si on l’applique correctement », estime-t-il.
A bicyclette !
La seconde partie du CPP consacrée au risque de la panne de gaz a été plus consensuelle. Comment l’Algérie va exploiter son gaz à présent qu’elle n’en a presque plus à vendre ? se sont interrogés les membres du CPP.
« Il faut s’attendre à une guerre des prix sur le gaz », a déclaré Ihsane El Kadi « et l’Algérie va devoir défendre ses parts sur le marché européen ».
Quant aux conséquences sur le marché intérieur, elles sont de deux ordres analyse le CPP : une partie du pays ne recevra pas le gaz naturel et les prix du gaz devraient connaître une seconde augmentation.
Face à ce risque de pénurie : « Rouler en vélo ! » préconise Chawki Amari.
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