Il a été question lors du CPP de jeudi dernier du bilan de la première année du 4e mandat. Ont été passés en revue le « nouvel équilibre » au pouvoir, l’« affaiblissement » supposé du DRS, les confidences de Saïd Bouteflika à Louisa Hanoune, et les « révélations » du livre « Paris-Alger, Une histoire passionnelle ».
Au CPP, le Café Presse Politique de Radio M, on se désolait fortement en ce jeudi 16 avril. La raison ? La première année du quatrième mandat du président Abdelaziz Bouteflika s’est malheureusement déroulée comme cela avait été décrit dans les débats du CPP il y a un an. Le chef de l’Etat, contraint de réduire ses activités à un strict minimum, est remplacé par le premier ministre Abdelmalek Sellal sur le plan protocolaire, « c’est le deal en vigueur », souligne El Kadi Ihsane. Mais le fait le plus notable est le maintien du statuquo et de l’impasse, souligne Saïd Djaafar, qui avait écrit, au lendemain des élections présidentielles du 17 avril 2014 un éditorial intitulé : 18, rue de l’Impasse. Y a-t-il et des changements sur d’autres volets ? Les avis divergent. El Kadi Ihsane estime que le patron du DRS, le général Toufik Mediène, qui avait cédé du terrain face au clan présidentiel, est en grande difficulté. « Le 4ème mandat s’est constitué avec une nouvelle équipe » autour de Saïd Bouteflika, le général Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, et Ali Haddad, nouveau patron du FCE, affirme El Kadi Ihsane. Ceci donne « de nouveaux équilibres autour de Saïd Bouteflika, avec un DRS affaibli ».
Divergence sur le rôle du DRS
El Kadi Ihsane insiste d’ailleurs sur ce qu’il considère comme « une divergence doctrinale au sein du CPP ». Elle concerne « le poids du DRS dans la fabrication de la décision ». Pour lui, « le DRS prend des forces dans moments exceptionnels », mais aujourd’hui, « l’affaiblissement du DRS est un fait établi », dit-il. C’est ce que disent « les anciens collaborateurs du général Toufik », qui répètent à qui veut les entendre que leur patron « ne pèse pas grand-chose » aujourd’hui.
Abed Charef botte en touche. Pour lui, cela signifie simplement que « la com. du DRS est efficace ». Mais il insiste sur les dérapages provoqués par le quatrième mandat. « En temps normal, le pouvoir n’est pas dans les institutions. Avec la maladie du président Bouteflika, l’essentiel du pouvoir a déserté les institutions ». Il exprime aussi sa « déception » envers l’opposition, qui avait fait naitre un espoir immense lors de la conférence de Zéralda de juin 2014. Mais le premier responsable de cette situation, c’est le pouvoir, insiste-t-il. Et « quand le pouvoir échoue, ce n’est pas lui seul qui échoue mais tout le pays avec lui ». Il considère aussi que « c’est une période reflux historique, de régression. Aujourd’hui, le pays n’a pas trouvé l’énergie et la vitalité nécessaires pour rebondir ».
Louisa Hanoune, porte-parole de Saïd Bouteflika
Abed Charef se désole aussi que « Louisa Hanoune se fasse porte-parole de Bouteflika ». Il rappelle que la présidente du Parti des Travailleurs « a milité réellement pendant deux décennies », qu’elle a « défendu des positions très difficiles » dans les années 1990, pour finir ainsi : défendre Saïd Bouteflika. Il estime qu’en rapportant les propos selon lequel Saïd Bouteflika n’est pas candidat à la succession de son frère, elle se discrédite gravement.
« C’est de la folie furieuse de penser que Saïd Bouteflika peut succéder » au chef de l’Etat, estime de son côté Saïd Djaafar. « C’est totalement exclu », dit-il. La succession se passe autrement, affirme Abed Charef. Quand sera venu le moment, le conclave se réunit, il se referme sur lui-même, et il décide. Il n’y a pas d’impact de l’extérieur ».
Corruption et incivisme
Le CPP a aussi évoqué la corruption, un thème récurrent de l’actualité algérienne. Le livre « Paris-Alger, Une histoire passionnelle », a relancé ce sujet. Avec notamment des révélations sur la fille du premier ministre Abdelmalek Sellal, qui a acquis un appartement à Paris pour 800.000 euros. « Ce qui est détourné par la nomenklatura passe de plus en plus par une connivence avec la France », a souligné El Kadi Ihsane. « Effarant et effrayant », a dit Saïd Djaafar, qui estime que sur ce terrain, le système est « complètement fou ». A la corruption au sommet, répond « un incivisme général » des Algériens, ce qui constitue une réponse à la corruption des riches et puissants.
Sid-Ahmed Hamouche, journaliste basé en Suisse, rappelle qu’un système bien huilé est à la disposition des dirigeants du Tiers-Monde, pour leur proposer des placements, mais qu’à la base, ce sont les dirigeants du sud qui « ne croient pas » à l’avenir de leur pays. La corruption est une sorte d’assurance pour eux, dit-il. « La seule garantie que connaissent les dirigeants, c’est de rester au pouvoir », affirme Saïd Djaafar
Extraits vidéo : http://bit.ly/1HAEmZt