Avec la nouvelle affaire de corruption révélée cette semaine par le journaliste algérien Lyas Hallas à propos de la fille du Premier ministre Abdelmalek Sellal, citée dans le scandale des « Panama Papers », le Café presse politique (CPP) du jeudi 26 mai a plongé dans les méandres des réseaux et sous-réseaux du système de corruption algérien pour tenter de comprendre et d’éclairer son fonctionnement sur Radio M.
L’apparition de Abdelmalek Sellal dans les Panama Papers, une surprise ? a demandé la présentatrice Souhila Benali en ouverture d’émission. « Non », a répondu Abed Charef, journaliste politique, en faisant remarquer que « le Premier ministre a passé dix ans aux côtés de Chakib Khelil et ne s’est jamais offusqué lors de l’éclatement des affaires autour de l’ancien ministre de l’Energie ».
« C’est un faisceau où tout le monde est plus ou moins impliqué et le degré d’implication minimum est le silence », a souligné Abed Charef. « On assiste à une sorte d’effeuillage avec chaque jour de nouvelles informations qui nous parviennent de l’extérieur », a, de son côté, commenté Saïd Djaafer, directeur éditorial du Huffington Post Algérie.
« La nouveauté c’est que l’on pensait que le réseau Sellal était différent et cette révélation nous prouve que non », a pointé Ihsane El Kadi, directeur de l’agence Interface Médias, éditrice du site d’information Maghreb Emergent. « Avec l’apparition du nom de Omar Habour, on se rend compte que dès les premières années 2000, Sellal était en affaire avec Habour », a relevé le journaliste.
« Cette information aurait permis de mieux comprendre pourquoi Sellal a été fidèle à Bouteflika jusqu’au 4e mandat : il y avait une solidarité plus forte du côté du business avec Bouteflika que ce que l’on imaginait », a poursuivi Ihsane El Kadi en lançant au passage un appel « pour que les prochaines enquêtes soient éditées en Algérie ».
Implication du DRS
« Habour et Bedjaoui gèrent des affaires transnationales. Nous sommes totalement dans une mondialisation corruptrice et non vertueuse », a souligné Saïd Djaafer. « Beaucoup croyaient que c’est DRS qui assumait la fonction de protéger pays de ces affaires de corruption et on se rend compte qu’il est lui aussi impliqué ».
« On corrompt pour s’enrichir personnellement », a poursuivi le directeur éditorial du Huffington Post. « Le DRS n’est plus une structure mais on utilise sa fonction ».
« Progressivement, les commissions sont devenues un instrument du pouvoir et dans le prolongement de la corruption », a développé Abed Charef en concluant que « la corruption est structurelle, tous les réseaux sont impliqués ».
Vers le retour des émeutes ?
« Face à la révélation de ces scandales, la réponse classique du pouvoir est la répression », a commenté Saïd Djaafer en prenant l’exemple des télévisions offshore que le gouvernement souhaite dorénavant éliminer. « La logique de répression peut à mon avis s’accentuer », a-t-il jugé.
« La nouvelle donne va être l’intrusion de l’acteur social : l’opposition de Zeralda, le syndicalisme, etc. », a affirmé Ihsane El Kadi, en prédisant « des émeutes non contrôlées dans les mois à venir ».
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