Le CPP ne s’est pas détourné de l’actualité la plus affligeante de la semaine. L’attaque d’un bâtiment de migrants par des Algériens à Dély Ibrahim. La mort de Castro, l’accord de l’OPEP et le vote de la suppression progressive de la retraite anticipée.
Leila Berrato, correspondante de RFI en Algérie et journaliste spécialisée dans les questions migratoires a planté le décor pour le CPP. La presse algérienne n’a rapporté que la version des riverains algériens du bâtiment de Bouchebouk . Elle a rencontré l’autre partie et la vidéo qu’elle montre laisse penser que le point de départ de la rixe dans la rue est une agression contre un couple de migrants subsahariens par des jeunes du quartier. La suite est affligeante. Il a fallu l’intervention de renforts de la gendarmerie d’Alger Ouest pour sauver les familles habitants l’immeuble d’un lynchage certain. Le scénario de ces explosions de violence est désormais connu. « Une altercation de départ donne lieu à une rumeur fallacieuse qui provoque un déferlement de haine comme à Ouargla, Tamanrasset ou Bechar ». « Les Algériens sont à cran. Ils veulent en découdre » relève Akram Kharief. La preuve, les scènes insoutenables du présumé voleur lynché par « d’honnêtes » citoyens à Akbou il y a quelques semaines ou celles du supporter du MC Oran massacré par des « supporters » du MO Béjaia plus récemment, a rappelé El Kadi Ihsane. Inévitablement la question du racisme des algériens est évoquée. Abed Charef considère qu’il est très largement sous-estimé et s’en inquiète. Que faire dans ce cas ? Abed Charef déplore que les autorités algériennes retiennent le pire des flux migratoires, une évolution naturelle inévitable dans le monde d’aujourd’hui, et laisse échapper le meilleur. Le meilleur serait, et c’est un point de vue partagé par le CPP du jour, de mieux intégrer ces population notamment en levant les obstacles au permis du travail. Leila Berrato a rappelé que non loin de Dely Brahim ou s’est produit « ce progrom » selon l’expression de Abed Charef, des travailleurs subsahariens travaillent ; sans doute au noir ; pour des petites entreprises privées qui sous-traitent pour la wilaya d’Alger les travaux d’aménagements des abords de l’autoroute qui va vers Zeralda.
L’accord de l’OPEP une fausse bonne nouvelle ?
L’annonce d’un accord de L’Opep de réduction de 1.2 million de barils jour de pétrole est une fausse bonne nouvelle pour Abed Charef. Si elle est appliquée elle dans un premier temps faire monter les prix et donner le prétexte au gouvernement algérien de renoncer à toute réforme structurelle, puis dans un deuxième temps elle va relancer la production de pétrole de schiste américain et donc conduire à nouveau à une baisse des cours du brut. Scénario jugé un peu obscur par El Kadi Ihsane qui note surtout que dans le cours termes les prévisions de la loi de finance pour 2016 sont très au deçà du prix moyen de référence de la loi de finance et que sans cet accord, qui est une bonne nouvelle, les mesures d’austérité imposée aux Algériens seront encore plus fortes avant la fin de l’année 2017. Des mesures que le gouvernement redoute à prendre comme le montre le vote le jour même du CPP de l’amendement supprimant la retraite anticipée. L’exécutif a adoucit la potion en différant au 1er janvier 2019 l’entrée en vigueur de cette suppression. Elle sera effective graduellement avec un recul de l’âge de départ à la retraite à 58 ans en 2017 et à 59 ans en 2018. « Reculade du gouvernement ? » a demandé l’animateur du CPP, Khaled Drareni. « Manœuvre, pour une fois habile » du gouvernement a répondu Abed Charef.
Ce que Fidel Castro a raté dans sa vie
Qu’est ce qu’à raté Fidel Castro, disparu cette semaine, pour rester dans l’Histoire comme un géant sans controverse ? « Il aurait du partir au début des années 70 » estime Abed Charef. Pour El Kadi Ihsane ; « Il a manqué le tournant Gorbatchev au milieu des années 80 » . Une ouverture au pluralisme politique à Cuba à ce moment là n’aurait pas évincé le Parti communiste du pouvoir avec ou sans Castro. La preuve selon lui, « Les révolutionnaires Sandinistes au Nicaragua dominent toujours la vie politique nationale par les urnes », mêmes s’ils sont passés à l’opposition pendant un temps depuis 30 ans. « Fidel Castro a privé les progressistes du monde entier d’un modèle vertueux », un socialisme à visage humain par opposition au stalinisme et à la dégénérescence autoritaire soviétique des années Brejnev. Pas donc de béatitude devant le bilan du castrisme au CPP. Mais une reconnaissance tout de même de la grandeur symbolique de son rôle à un moment crucial de l’histoire de la décolonisation et de la lutte contre les dominants du monde. Pour Akram Kharief « Fidel Castro a libéré l’Afrique » et El Kadi Ihsane comprend que l’Algérie décrète un deuil national, même s’il trouve que trois jours auraient été plus adéquats « l’Algérie ne peut pas tourner le dos à cette partie de son histoire ». Reste la question qui fâche, la succession de Fidel par Raoul son frère et qui, dans le contexte du CPP, conduit immédiatement au parallèle entre le président Bouteflika et son jeune frère Said. Il faut écouter le CPP jusqu’au bout pour obtenir les réponses.
