Cette semaine le Café presse politique (CPP) du jeudi 3 mars a commencé par explorer l’arrière scène de la politique algérienne, en s’attachant en particulier au Parlement et à l’opposition, avant de partir dans l’arrière cour de l’Algérie, en Libye, à la rencontre des filières de contrebande et du marché d’armes.
Pourquoi est-ce si difficile de parler politique ces dernières semaines au Café presse politique ? a interrogé en ouverture d’émission la présentatrice Souhila Benali. Si à première la vie politique semble léthargique, en réalité il se passe beaucoup de choses en coulisses, a indiqué Mounir Boudjema, journaliste spécialiste des questions sécuritaires.
Un avis partagé par Abed Charef, journaliste indépendant, qui relève que dans cette « cacophonie » gouvernementale, il appartient de se demander « qu’est-ce qui va changer et pour qui » ? « Il y a une multitude d’agendas qui sont là et tout le monde attend car le principal agenda du pays est celui du président Abdelaziz Bouteflika qui nous commande que rien ne bouge », souligne Abed Charef avant de conclure : « Aujourd’hui la guerre au Parlement va remplacer la lutte des clans ».
Pour Ihsane El Kadi, directeur d’Interface Médias et de Maghreb Emergent, le malaise du Café presse pour reparler politique est dû au fait qu’une trame qui a longtemps guidé les analyses du CPP a disparu : celle du conflit entre le clan présidentiel et le général Toufik.
Une opposition à réinventer
Dans cette nouvelle situation, que devient l’opposition ? «L’opposition est comme un homme armé avec des balles à blanc », a jugé Mounir Boudjema.
Pour Abed Charef, les méthodes de l’opposition sont dépassées : « On ne peut plus avoir de partis qui fonctionnent avec des réunions, des commissions centraux, etc., il y a des méthodes à inventer », affirme le journaliste qui estime que l’opposition n’est plus au fait de ce qu’est devenue la société algérienne et de ses aspirations. « La société est complètement explosée et émiettée et aucun parti ne peut ramasser tout ça », juge Abed Charef. « Il faudrait que 4/5e des partis qui existent disparaissent pour se fondre dans quelque chose qui soit identifiable et reconnaissable ».
Sur les traces du trafic d’armes
Y a t’il un risque de débordement du théâtre libyen en Algérie est la question qui a occupé les journalistes du CPP en seconde partie d’émission avec comme point d’entrée au sujet le récent article du quotidien francophone El Watan week-end sur le trafic d’armes à la frontière algéro-tunisienne.
Pour Akram Kherief, éditeur du site électronique Secret Difa3, qui suit le marché informel d’armement en Libye depuis trois ans, « il n’y a pratiquement plus d’armes en circulation ». « Aujourd’hui tout le monde est en train d’acheter des armes, il y a un an tout le monde vendait, la denrée se fait rare » a-t-il déclaré.
« Je n’ai jamais entendu parler d’un marché de l’armement à deux pas de la frontière », affirme de son côté, Tarik Hafid, rédacteur en chef du journal électronique Impact 24, qui a grandi dans la région frontalière de Tebessa. Il relève que « depuis un an et demi, il y a un renforcement de la garde frontalière et la contrebande, notamment du trafic d’alcool qui est énorme, est une gestion presque sociale prise en charge par les autorités ».
« Le gros du trafic est la disparité des prix entre les pays », a conclu, de son côté Ihsane El kadi en appelant à aller vers l’intégration maghrébine.
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