Le Café presse politique ne souscrira sans doute pas ses économies au futur emprunt Baba Ammi sans intérêts. Pas plus qu’il ne se mettra d’accord sur le sens de la demande marocaine d’adhérer à la CEDEAO.
« Le gouvernement va perdre une année » (Abed Charef), «C’est le RHB de la finance publique » (El Kadi Ihsane), le Café presse politique n’a pas eu de mots assez durs pour qualifier l’annonce par Baba Ammi le ministre des finances du lancement prochain d’un emprunt d’Etat participatif à taux zéro. En fait, un emprunt hallal qui tente de s’attirer les dépôts des épargnants qui n’auraient pas souscrit à l’emprunt pour la croissance de 2016 à cause de considérations religieuses liées au taux d’intérêt. Hassan Haddouche, de retour au CPP, a tenté de faire dans la pédagogie, expliquant que le gouvernement a besoin de lever encore de l’argent, et invitant à « ne pas mélanger entre mesures contre l’informel et mesures pour financer les déficits ». Ce à quoi Abed Charef a rétorqué que l’emprunt hallal « c’est un peu comme si quelqu’un voulait acheter une voiture à 2 millions de dinars et qu’il faisait le tour des amis pour demander 200 dinars à chacun. Il vaut mieux qu’il prenne le transport public ». Comprendre, il n’y aura pas de souscripteurs pour cette opération, les Algériens qui ont de l’argent savent calculer. Pour répondre aux besoins de financement du Trésor public, c’est même l’inverse que « cette bigoterie » qu’il aurait fallu faire. « Au taux d’inflation officiel de 8,2% aujourd’hui il faut lancer des emprunts avec une meilleure rémunération que de celle de l’emprunt de 2016 » a affirmé El Kadi Ihsane rappelant la recommandation faite à Radio M par Adel Si Bouekkez, un des membres de la Task force économique auprès du premier ministre. L’argent de l’informel n’a pas répondu à l’appel à souscription de l’emprunt national pour la croissance, est ce que c’était à cause de considération religieuse ? « Qu’est ce qui a permis à Baba Ammi de conclure dans son coin que c’était le cas ? » s’est élevé El Kadi Ihsane, évoquant une autre fois la recommandation de l’expert cité afin de réformer le dispositif de mise en conformité fiscale dans le sens de plus de garanties pour les épargnants de l’informel qui n’ont pas fait confiance à la loi et qui ont boudé le dispositif.
Le Maroc vers la CEDEAO, bluff ou alternative
La requête du Maroc pour adhérer à la zone économie de l’Afrique de l’Ouest la CEDEAO, a emporté un seul accord dans le CPP : « ce n’est pas encore fait », et il coulera beaucoup d’eau sous les ponts avant que cela ne devienne une réalité, si des pays comme la Guinée Bissau, le Cap Vert ou le Mali ne s’y opposent pas. Est-elle une manœuvre d’un pouvoir « dans l’impasse » ? Le terme utilisé par Abed Charef , – deux régimes dans l’impasse – n’a pas convenu à Hassan Haddouche qui a expliqué que « le Maroc est un pays dont la croissance est importante et dont l’économie est en train de se diversifier. Il a fait le pari d’aller vers l’Afrique de l’ouest il y’a trente ans, et en tire naturellement des bénéfices politiques aujourd’hui ». Certes, la CEDEAO ne peut pas remplacer le poids potentiel d’un Maghreb intégré mais le pari sur cette zone économique est-il anecdotique ? Hassan Haddouche rappelle que le poids économique de la CEDEAO est de 730 milliards de dollars de PIB » très loin devant celui de l’Algérie. Pour Tarik Hafid, le Maroc est entré dans l’Union Africaine mais continue en réalité à faire cavalier seul comme le montre son comportement hostile au candidat soutenu par l’UA pour la présidence du FIDA. La question est donc, le Maroc veut il vraiment tourner le dos à l’UMA et à l’Algérie, « là ou se trouve ses véritables intérêts économiques régionaux » ou utilise-t-il la carte de la CEDEAO comme un moyen de pression sur l’Algérie comme il l’a fait avec la volonté d’adhérer à l’Union Européenne ou au conseil économiques des pays du golf arabe ? Pour El Kadi Ihsane le résultat est un peu le même « dans dix ans c’est l’Algérie du statu quo qui voulait isoler le Maroc avec la frontière fermée qui va se réveiller isolée ».
L’attentat de Constantine, mode d’emploi
Il y a dix ans, cette année 2017, qu’il n’y a plus eu d’attentats dans les grandes villes algériennes. Que signifie donc la tentative d’attentat suicide avortée à Constantine et revendiquée par Daesh ? Pour Abed Charef ; « L’Etat islamique ne peut pas influer sur la situation politique ou la situation sociale. Ce n’est plus une menace stratégique pour l’Algérie. Mais le terrorisme résiduel va rester longtemps. Il faudra vivre avec ». Tarik Hafid note que « le terroriste qui s’est fait exploser n’a pas fabriqué sa ceinture tout seul. Donc il y’a au moins une cellule, donc il y’ a encore une capacité de recrutement et encore une capacité de nuisance ». La balance recrutement-élimination a été examinée par les intervenants, El Kadi Ihsane relevant que des jeunes ont encore rejoint le maquis dans la période de 2010, selon le communiqué des services de sécurité. Modèle algérien de déradicalisation ? Réconciliation ou pas ? Le thème suscite lui aussi un retour sur la sortie des années 90 chargé d’états d’âmes mais aussi de bonne distance d’analyse. Ce qui est bien le propre du CPP.