Les auditeurs de Radio M font preuve d’une solidarité réconfortante envers Souhila Benali, toujours sous la menace d’une procédure disciplinaire à la chaine 3 de la radio algérienne. Il lui est reproché d’animer un débat politique sur Radio M, ce qu’elle fait de manière bénévole.
«L’état se dérègle». Le constat alarmant établi par Saïd Djaafer pour commenter le remaniement du 14 mai a été largement partagé au CPP, le Café Presse Politique de Radio M, jeudi 21 mai. Au-delà du changement de ministres, c’est en effet « l’amateurisme » qui a marqué l’opération, avec deux remaniements à quatre jours d’intervalle, qui a retenu l’attention, occultant la signification politique éventuelle de ce changement.
Saïd Djaafer a relevé « le côté affligeant du remaniement », avec « deux remaniements en quatre jours ». Il refuse de croire que le rétablissement d’une hiérarchie entre les deux pôles des affaires étrangères, Ramtane Lamamra et Abdelkader Messahel, soit le résultat d’un changement de rapport de forces en quatre jours. « Je n’y crois pas, c’est erreur de gestion ».
Mounir Boudjamaa relève que cet épisode s’est déroulé comme s’il « n’y avait pas de lecteur, pas de correcteur ». Jusque-là, une « technostructure » était chargée de faire fonctionner l’Etat, et « elle le faisait assez bien, mais ce n’est plus le cas ». A la présidence, il y a «de plus en plus d’amateurs, de moins en moins de politiques. On ne pense plus au rudimentaire, au basique».
Reniement
Abed Charef estime qu’il y a « une dégénérescence des institutions ». Mais il relève que ce qui s’est passé aux affaires étrangères est un « élément secondaire », qui a occulté ce qui est « fondamental ». Pour lui, avec ce remaniement, le président Bouteflika « renie tout ce qu’il a fait jusque-là sur le plan économique ».
Cela donne du sens à ce remaniement, observe El Kadi Ihsane. Cela montre plutôt de l’inconscience », objecte Abed Charef. Pour El Kadi Ihsane, ce remaniement montre que le pouvoir a éprouvé « le besoin de changer les choses ». Le changement concerne « le noyau économique » du gouvernement, ce qui confirme que le pouvoir considère désormais que « ça ne peut pas marcher avec les anciens instruments et les anciennes ressources humaines ». Il estime aussi que le remaniement révèle « un recul du DRS » parallèlement à une avancée des milieux d’argent. « Les amis de Ali Haddad sont restés » au gouvernement.
A l’inverse, Abed Charef estime que la nomination de Abderrahmane Benkhalfa au ministère des finances relève de « l’inconscience». « Ceux qui ont nommé M. Benkhalfa pensent qu’il peut régler les problèmes en restant sur le terrain technique » et en maintenant en l’Etat les institutions actuelles.
Dosages et équilibres
Mounir Boudjemaa note aussi que la composition du gouvernement révèle des dosages de plus en plus difficiles à assurer. « Il est difficile de faire les équilibres, avec des dosages entre générations, militants, techniciens, régions, etc. ». Mais en tout état de cause, ce remaniement « ne met pas fin à l’immobilisme », ajoute Saïd Djaafer. « On a changé du personnel, on n’ pas changé de politique ».
Y a-t-il du changement dans la lutte antiterroriste ? L’opération qui a permis l’élimination de 25 terroristes cette semaine à l’est d’Alger a été saluée comme un fait majeur. Qu’est-ce qui a rendu possible un tel fait d’armes? La militarisation de la lutte antiterroriste ? Une amélioration du renseignement ? Une rivalité entre groupes terroristes ? Un déclin inexorable des groupes armés ? Le CPP a évoqué ces questions, et a abordé la situation en Egypte, où le régime du maréchal Sissi a fait condamner à mort l’ancien président Mohamed Morsi, élu des frères musulmans. Le régime égyptien a aussi commencé à exécuter des condamnés à mort, dans une dérive inquiétante.
Extraits vidéos : http://bit.ly/1IP3Wfh