Les législatives marocaines sont plus importantes que leurs homologues algériennes. Mais est ce pour autant que le système politique marocain est plus moderne que l’Algérien ?
Le CPP de cette semaine avait un franc privilège. Il a accueilli en son sein Mahdi Boukhalfa, le seul envoyé spécial de la presse algérienne (Maghreb Emergent) à avoir couvert les élections législatives marocaines du 07 octobre dernier. «Les similitudes avec l’Algérie sont nombreuses » selon les membres du talk de journalistes politiques sur RadioM et le témoignage de Mahdi Boukhalfa. Taux de participation faible, véritable pouvoir détenu en dehors du gouvernement, et représentation incomplète du spectre politique (Said Djaafer insiste sur l’absence de Al Adl Oua El Ihsane de feu cheikh Yassine). Ce qui fait parler de « ronronnement » à Abed Charef au sujet de la vie politique marocaine. El Kadi Ihsane insiste plutôt sur ce qui donne « l’apparence » d’une plus grande modernité de la vie politique marocaine par rapport à l’Algérienne : « l’institution monarchique se sent suffisamment consolidée pour aller plus loin dans l’aménagement de la vitrine politique et vivre des cohabitations » avec les frères musulmans du PJD aujourd’hui, avec les socialistes de Yousfi en 1997 déjà. La performance « marketing » du palais est d’autant plus remarquable que, vient rappeler Akram Khraif, « le Maroc demeure un narco-Etat et une puissance occupante au Sahara Occidental ». L’inverse des critères d’un champion de la démocratie. Autre bémol évoqué lors du CPP au sujet de l’exercice des libertés au Maroc, que ne peut pas cacher le choix apparemment libre de la majorité de gouvernement, les atteintes à la liberté de la presse. Le journal d’investigation online indépendant le Desk, annonçait, a rappelé Said Djaafer, dans la semaine des élections son intention de stopper son aventure à la fin du mois d’octobre, faute d’abonnés payants en nombre suffisant. Les journaux qui vivent sous le modèle économique des revenus publicitaires étouffent sous des lignes de plus en plus rouges. Ce qui fait dire à Abed Charef que derrière un système qui paraît plus efficace « et qui a remporté certains succès », il y a sans doute des « rigidités » structurelles plus fortes au Maroc qu’en Algérie.
Saadani peut devenir premier ministre en mode Maroc
Le CPP est resté sur la thématique des élections en revenant en Algérie en deuxième partie d’émission. Said Djaafer a fait étalage du grand embarras de l’opposition de Zeralda contrainte de rejeter la haute instance de surveillance des élections – et du même coup son président Abdelwahab Derbal pressenti par le président Bouteflika – tout en se préparant à aller aux élections législatives de la semaine prochaine. Impasse politique qui est due, selon Abed Charef, a une erreur originelle de l’opposition, « la revendication d’une commission indépendante pour organiser les élections ». Le pouvoir s’en est emparé et l’a taillée à sa main en l’introduisant dans la constitution. Tout le monde, une fois n’est pas coutume, s’accorde au CPP à dire que le pouvoir algérien a raté sa dernière révision constitutionnelle en ne donnant pas de véritables prérogatives au parlement , faisant ainsi des législatives prochaines un vrai rendez vous politique, en attendant les présidentielles. « Cela aurait signifier que Amar Saadani peut devenir premier ministre si le FLN arrive en tête des législatives et que le président désigne, comme au Maroc, pour former un gouvernement le chef du parti qui a gagné » s’est inquiété Khaled Drareni le présentateur du CPP.
Défendre le moratoire ou militer pour l’abolition de la peine capitale
Le CPP a fini sur un thème très sensible, la peine de mort. Il existe un moratoire, non public, depuis le milieu des années 90 sous le président de l’Etat Lamine Zeroual pour ne plus exécuter les peines capitales « nombreuses rendues par les tribunaux spéciaux « a rappelé El Kadi Ihsane. Les crimes d’enfant ont provoqué, cet été, une montée de la revendication dans certaines catégories de la population algérienne pour que ce moratoire prenne fin et que les coupables de ses crimes soient condamnés à mort, et surtout exécutés. « Ce n’est pas le moment émotionnel pour un tel débat » déplore Abed Charef. Il est plus opportun pour les ONG qui se battent pour l’abolition de la peine de mort « de se concentrer sur la préservation de ce moratoire qui est aujourd’hui menacé de prendre fin » fait observer Said Djaafer. Le CPP a évoqué la peine capitale suite à deux journées d’études organisées l’une par Amnesty International, l’autre par la LADDH présidée par Nourredine Benissad, sur le thème. Le 10 octobre était la journée mondiale pour l’abolition de la peine de mort. « Elle sera abolie un jour en Algérie » pronostique El Kadi Ihsane, « c’est le sens de l’Histoire ».
L’émission en audio:
L’émission en vidéo: