Le Café presse politique (CPP) de la webradio Radio M du jeudi 19 mai fut à l’image du thème débattu : houleux. Les journalistes, nombreux cette semaine, réunis autour de la présentatrice Souhila Benali ayant des lectures différentes des batailles qui font rage au sein du pouvoir et se manifestent ces dernières semaines par une guerre médiatique, notamment autour de l’opposition du gouvernement à l’acquisition du groupe de presse El Khabar par l’homme d’affaires Issad Rebrab, patron de Cevital.
« Issad Rebrab se retrouve dans la même posture que des gens du FLN pris dans de grands conflits internes », a rappelé Saïd Djaafer, directeur éditorial du Huffington Post Algérie, en guise de préambule. « La partie du pouvoir à laquelle Rebrab était associée a perdu du poids ! Et avoir El Khabar fait partie de la bataille ».
« Le bras de fer visible entre Rebrab et Hamid Grine, ministre de la Communication, cache en fait un bras de fer entre Rebrab et le pouvoir, il y a un sens politique », a d’emblée résumé Nordine Azzouz, rédacteur en chef de Reporters.
« La cible ce n’est pas Rebrab, c’est El Khabar », a estimé, pour sa part, Chawki Amari, chroniqueur à El Watan. « Et le prochain ce sera El Watan », a-t-il prédit.
Nouvelle donne
« Issad Rebrab a fonctionné avec le pouvoir pendant des années pour ses affaires, pourquoi aujourd’hui se sent-il à l’étroit et veut-on l’enrôler dans une bataille. », s’est interrogé Abed Charef, journaliste politique.
« Le patron de Cevital voulait prospérer comme oligarque et ne pas jouer un rôle politique mais la ligne de front entre les oligarques et la politique s’est diluée avec l’affaiblissement du pouvoir », a analysé, de son côté, Ihsane El Kadi, directeur d’Interface Médias, l’agence éditrice de Maghreb Emergent. « Il va devoir soutenir des opposants ou successeurs à Bouteflika ». « La manière de gérer les intérêts du clan s’est dégradée avec la maladie du président Abdelaziz Bouteflika et la nouvelle organisation des intérêts du pouvoir qui se met en place est extrêmement mauvaise », a-t-il alerté.
Corruption
« Est-ce qu’il y a plus d’affaires de corruption maintenant que sous le DRS et que vont-elles changer pour la suite ? » a questionné Chawki Amari : « Il y a une logique de groupe : le plus grand des voleurs est obligé d’être défendu car c’est tout le groupe qui se défend en même temps. »
« Ces nouvelles affaires de corruption qui sortent à travers les Panama Papers montrent aussi que le rôle de légitimité sécuritaire a été très mal assumée, c’est un échec général », a souligné Saïd Djaafer.
« Malheureusement, ces révélations qui sortent ne sont pas le produit de notre presse : le ébat sur les affaires et la corruption est un débat importé », a regretté Nordine Azzouz.
Succession toujours floue
Pour terminer, le CPP, a tenté une nouvelle fois d’esquisser des scénarios de succession possibles. « Aujourd’hui la carte Abdelaziz Belkhadem semble être possibilité », a avancé Ihsane El Kadi. « Belkhadem a été viré comme un malpropre par la Présidence, ça me paraît gros qu’on le relance à présent », a nuancé Saïd Djaafer.
« On essaye de nous montrer un terrain de lutte dépassée : une opposition Bouteflika-Toufik qui n’existe plus », a estimé Abed Charef : « Pour moi, les choses se jouent avec d’autres partenaires qui n’arrivent pas à émerger car aucun ne s’en dégage », a-t-il conclu.
La vidéo du CPP: