Numéro décoiffant du CPP. Normal, il y a été question de Lotfi Double Kanon comme leader d’opinion, de Algérie-Maroc, et incidemment de dépénalisation du cannabis en Algérie. A écouter et voir.
Le Café presse politique était partagé sur l’importance réelle à donner aux nouveaux faiseurs d’opinion algériens sur les réseaux sociaux, mesurée par FanZone.dz, classement publié cette semaine, des 500 pages Facebook algériennes les plus suivies. Abed Charef a porté le point de vue de la réserve car, selon lui, on ne peut pas être leader d’opinion sans « avoir une vision » et sans produire « un discours structuré ». Il compare les contenus des RS à celui d’Echourouk des débuts lorsque le journal arabophone « mélangeait du People, du sport, et de la religiosité » et conteste le mot « leader d’opinion ». Des critères d’analyse qui ne seraient plus valables aujourd’hui pour El Kadi Ihsane qui fait le lien avec la société de médias qu’est devenu le monde connecté et qui fait que la notoriété de départ prime sur l’expertise. Ce qui fait que Lotfi Double Kanon (Rappeur) ou Hafid Derradji (commentateur à Bein Sport) sont sollicités pour donner leur avis sur tous les évènements politiques en Algérie et construisent ainsi une communauté de plusieurs millions de fans en Algérie qu’aucun homme politique « classique » ne peut approcher. Akram Kherief parle de « Dealer d’opinion au sens positif » estimant que « ce sont ceux qui dénoncent le plus et font le plus de bruit qui attirent les flux sur les réseaux sociaux ». Hafid Tarik, de son côté, considère qu’il n’est pas possible de comparer les contenus des pages Facebook de personnalités politiques comme Benflis ou Nekkaz avec celui sur la page de Lotfi Double Kanon. Pour Omar Zellig, homme de radio très actif sur les réseaux sociaux, « le vrai intérêt des RS n’est pas tant dans l’audience d’hommes et de femmes qui avaient déjà une notoriété hors utilisation de Facebook », mais dans ce qu’il appelle « la zone médiane, celle qui permet de produire une alternative à l’absence de démocratie en Algérie » comme par exemple « les posts qui ont montré la protestation de Bejaia au début de l’année ou la mobilisation de In Salah en 2015 ». Omar Zellig en a profité au passage pour rappeler que la notoriété de quelqu’un comme Lotfi Double Kanon s’est faite aussi avec l’aide de Khalida Toumi, l’ex ministre de la culture, qui « en a fait, un moment, le représentant de la jeunesse dynamique ».
La Maroc n’a pas gagné, c’est l’Union Africaine qui gagné
Le CPP a plutôt convergé au sujet de l’interprétation du retour du Maroc dans l’enceinte africaine. Abed Charef a résumé un point de vue plutôt partagé sur le plateau : le Maroc ne peut pas se prévaloir d’une victoire, c’est lui qui avait quitté l’OUA en 1984 et l’Algérie n’avait aucun intérêt à l’en empêcher. La présence du Maroc dans l’Union Africaine offre une opportunité de dialogue direct entre les acteurs du conflit du Sahara Occidentale. Puisque la RASD (république arabe sahraouie démocratique) y siège aussi. Hafid Tarik va un peu plus loin en estimant que c’est plutôt une victoire pour les Sahraouis puisque le Maroc reconnaît de fait la RASD en rejoignant l’Union Africaine. Le fait est qu’une erreur politique des Marocains d’il y a trois décades est ainsi réparée. Mais ce retour au bercail peut il être un déclic pour un nouvel élan au Maghreb ? Le roi Mohamed VI a fait un constat froid et pessimiste sur l’avenir de l’UMA. Pour El Kadi Ihsane l’Algérie aurait du – s’il elle avait une gouvernance non pétrifiée – prendre rapidement une initiative à ce sujet et cette initiative est évidente « rouvrir la frontière terrestre entre les deux pays pour rétablir des flux normaux » et préparer l’avenir en créant une détente qui aidera à trouver une solution à l’occupation du Sahara Occidental.
Et voilà qu’on parle de Cannabis
Une proposition qui agrée Omar Zellig favorable à l’ouverture de la frontière ontière entre l’Algérie et le Maroc « ne serait ce que pour mettre fin à la grave pénurie de Cannabis à Alger et ses environs » préambule à une dépénalisation de sa consommation que préconise l’invité du CPP . Une proposition détonante qui fera sans doute l’objet d’un thème dans un CPP prochain puisque les partis politiques sont en panne d’idées nouvelles pour mobiliser l’électorat jeune en particulier. Omar Zelig prend soin de rappeler que dans sa quête de réforme de la législation sur le cannabis, il ne s’inspire pas de Benoit Hamon candidat du PS à la présidentielle en France mais d’un député de Nahda en Tunisie dont les arguments sont tout à fait comparables à ceux que l’on pourrait citer en Algérie. Le CPP dérape à chaque fois qu’il traite de la relation Algérie-Maroc ? Un intervenant a évoqué un cliché tenace au sujet de l’ouverture de la frontière. « Le cannabis passe déjà, ce que les opérateurs économiques algériens attendent de faire passer ce sont leurs produits qui sont devenus concurrentiels depuis la fermeture de la frontière en 1994 ». Et cela c’est plus difficile à faire.