Le roi marocain Mohammed VI effectue à partir de ce mercredi une visite de travail et d’amitié en France, au cours de laquelle il s’entretiendra avec le président français, François Hollande. Au cœur des enjeux pour les deux pays figurent la coopération bilatérale, la COP 22, la lutte contre le terrorisme et la situation sécuritaire en Afrique du Nord et dans la bande sahélo-saharienne. Selon un communiqué du ministère de la Maison Royale, du Protocole et de la Chancellerie marocain, le roi se rendra, aussi, à l’Institut du Monde Arabe pour s’enquérir sur le projet du Centre Culturel du Maroc qui sera prochainement édifié à Paris.
Durant son séjour en France, le chef d’Etat marocain visitera également un consulat du Maroc. La même source précise que « cette visite illustre l’excellence des relations bilatérales, basée sur un partenariat durable et confortée par une volonté commune de tisser des liens renforcés et multidimensionnels entre les deux pays. Elle s’inscrit dans le cadre des contacts permanents de haut niveau et des échanges réguliers de visites entre les deux chefs d’Etat ».
En effet, les deux pays font face à quatre défis, dans des espaces géographiques d’intérêt commun, en l’ occurrence l’espace euro-méditerranéen, l’espace africain et l’espace atlantique. Dans un article récemment par le journal marocain francophone « Le Matin du Sahara », le directeur général de l’Institut Royal des Etudes Stratégiques du Maroc (IRES), Mohammed Tawfik Mouline, explique que le premier défi est celui de la compétitivité. » Défi qui est en lien avec l’émergence d’un nouvel ordre mondial qui soumet les économies nationales à d’importantes pressions concurrentielles, notamment de la part des économies émergentes d’Asie ».
L’autre défi sur lequel il insiste est celui de la sécurité face à l’accentuation des menaces transnationales dont, notamment, le terrorisme et le crime organisé. Ces menaces, souligne-t-il, rendent leur appréhension complexe faute d’ une coopération régionale et internationale effective et efficiente.
En particulier, l’accroissement de l’effectif de terroristes, originaires de pays sud-méditerranéens, mais aussi de pays européens qui rejoignent les rangs de l’organisation de l’Etat islamique et les groupes extrémistes en Syrie, en Irak et en Libye constitue une préoccupation majeure. Le retour de ces terroristes expose les pays émetteurs à des risques imminents, eu égard à leurs capacités de nuisance prévisible. La France a récemment payé le prix des attaques meurtrières ayant pris pour cible, vendredi 13 novembre, la ville de Paris et fait quelque 130 morts et des centaines de blessés. Tout de suite après, les services de renseignements marocains ont fourni à leurs vis-à-vis dans l’Hexagone les informations qui ont mis les enquêteurs sur la piste du cerveau de ces attaques et aussi aidé à démanteler la cellule terroriste à Saint-Denis.
Dans ce sens, le DG de l’ IRES appelle à ce que la coopération sécuritaire entre le Maroc et la France soit étendue aux menaces émergentes, notamment la cybercriminalité sous toutes ses facettes car il s’agit des canaux privilégiés par les extrémistes pour leurs activités d’endoctrinement et de recrutement des jeunes.
Mohammed Tawfik Mouline évoque un troisième défi, celui du développement durable. Pour lui, le changement climatique met à rude épreuve la sécurité économique, alimentaire et sanitaire des pays et menace même la survie de l’Homme. Il estime que » cette problématique exige une réponse globale et urgente, à la hauteur des enjeux encourus et des espoirs de la communauté internationale de voir aboutir un accord mondial sur le climat à la COP21 à Paris et à la COP22 au Maroc en 2016″.
Le dernier défi est celui de la migration, matérialisé par une accentuation des déplacements des populations du sud et de l’est de la Méditerranée, dans un contexte d’ instabilité sociopolitique dans la région et de persistance des conflits armés en Libye et en Syrie.