L’agence CNAS du 126 rue Didouche Mourad à Alger est sans connexion depuis plus de huit jours. Une situation très mal vécue par les assurés, souvent malades chroniques et âgés et également par le personnel de l’agence.
« Ce n’est pas croyable, cela fait cinq jours que je reviens, ne me dites pas que ce n’est pas du sabotage ». La soixantaine très largement dépassée, une barbe plus sel que pouvoir, l’homme, malade chronique, est en colère car il n’a pu mettre à jour sa précieuse carte Chifa à l’agence CNAS (caisse nationale d’assurance maladie) au 126 rue Didouche Mourad à Alger.
C’était le mardi 13 décembre. Le jeudi 15 décembre 2016, à 10 heures, les assurés sociaux qui cherchent à activer et à mettre à jour leur carte Chifa entendent toujours la même réponse déprimante : « macache réseau, on ne peut pas mettre à jour ou activer les cartes ».
Le personnel de l’agence Didouche Mourad était mortifié d’avoir à donner la même réponse à des gens souvent âgés et malades chronique depuis le mercredi 7 novembre dernier la même déprimante réponse. « Cela nous dépasse, c’est un problème d’Algérie Télécom ».
Un homme, la cinquantaine, allure cadre explose : « c’est quoi ça, ils réparent un satellite de la NASA? Sept jours sans pouvoir rétablir la connexion, ils font quoi dans cette boutique ? ».
Le chef de l’agence CNAS qui revoit, la mort dans l’âme, les gens venir et repartir bredouille est accablé : « Comment expliquez à des personnes âgées et malades qui ont un besoin vital de leur carte que cela n’est pas de notre ressort ».
Ce jeudi matin, il était en longue discussion avec trois vieilles dames pour essayer de leur expliquer ces histoires de réseau. A l’agence, le personnel est, il faut le signaler, à l’écoute pour tenter d’aider ceux qui sont dans l’urgence.
« Vous pouvez dire à votre pharmacien de vous prêter les médicaments et de revenir chez lui mettre les choses à jour quand votre carte sera mise à jour » suggère un agent à une vieille femme qui disait ne pas avoir les moyens financiers de se passer de la carte Chifa.
Pourquoi ils nous haïssent?
Ce jeudi 15 décembre à dix heures, huit jours après la panne qui laisse sur le carreau des assurés, une équipe de techniciens d’Algérie Télécom s’affairait devant la grande boite des connexions. L’agence, d’habitude pleine de monde, est vide. Les gens arrivent et repartent, tristes, abattus, dans le désarroi.
« Wach darnlahoum, hna zawaliya ? » disait il y a quelques jours une vielle femme. « Qu’est-ce qu’on leur a fait, nous ne sommes que des pauvres gens ». Ce jeudi, un homme qui a compris dès l’entrée que les choses n’ont pas été rétablies a secoué la tête : « Mafhmatch, 3lach yekrhouna? ». « J’ai pas compris pourquoi ils nous haïssent ».
Huit jours sans rétablir la connexion d’une agence CNAS vitale pour les assurés, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond en effet. Si incompréhensible que cela a poussé un quadragénaire au dérapage… révisionniste.Vite réprimé par un sexagénaire : « Non, ne demande pas le retour de la France mais le départ de ceux qui ne sont pas à leur place. Tu es rue Didouche… Didouche Mourad! Ne l’oublie pas ».