Le point noir du système bancaire algérien reste le sous développement et la non-adaptation de son fonctionnement aux normes moderne, appliquées partout dans le monde. Des initiatives de numérisation sont lancées par certaines banques, publiques notamment, mais leurs impacts sur le fonctionnement de l’économie réelle du pays reste très timide.
Au milieu du débat national sur l’intention de l’Algérie d’intégrer le groupe des BRICS (Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud), une annonce est surgie en décembre dernier de la part du Premier ministre, Aïmen Benabderrahamane. Il a affirmé que « la Banque d’Algérie compte adopter une monnaie numérique nationale sous le nom de « dinar numérique algérien » ». En faite, en quoi cela est important, alors que d’autres réformes, notamment du système bancaire, surtout au niveau réglementaire, n’ont pas été appliqués depuis plusieurs années ?
Dans une nouvelle contribution, rendu publique, le 19 janvier, par le Cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise (CARE), son vice-président, spécialiste des TOC, ALi Kahlane, trouve qu’il y a un grand intérêt pour l’Algérie d’adopter sa monnaie numérique de banque centrale (MNBC), surtout que celle-ci « gagne rapidement du terrain à travers le monde ».
« La monnaie numérique de banque centrale constitue une évolution originale pour contrecarrer l’expansion incontrôlée des cryptomonnaies. Il est à rappeler que ces dernières avaient été conçues avec comme principe, le rejet de toute forme d’autorité monétaire centrale. Les banques centrales ont pris la main et s’emparent désormais de ces technologies pour mettre en place une alternative qui leur permet de garder le contrôle », explique le rédacteur de l’analyse du CARE.
Que va changer concrètement ?
Plus concrètement, « la Banque centrale déclare que l’objectif de sa monnaie numérique n’est pas de remplacer toutes les pièces et les billets, mais plutôt de proposer une alternative et de suivre l’évolution des comportements de paiement des Algériens. En effet, il serait alors possible d’introduire une numérisation progressive de la monnaie numérique », souligne-t-il.
L’analyse explique que si un citoyen a « dans un compte de monnaie numérique 1000 DA, c’est de l’argent physique, du cash que vous recevez instantanément. Il a cours légal, exactement comme un billet de
1000 DA. C’est votre argent. Vous pouvez immédiatement en faire usage. La transaction est cryptographique, inscrite dans la blockchain de la MNBC, elle est irréversible et irrévocable. Personne ne pourra reprendre cette somme, ni la banque centrale, ni aucune autorité, qu’elle soit régalienne ou pas ».
Se préparer pour intégrer les BRICS ?
Le 7 novembre 2022, L’Algérie a annoncé avoir déposé officiellement sa demande d’adhésion au groupe des BRICS. Une annonce qui a fait le tour du monde, surtout que le contexte politico-économique international coïncide avec les tensions géopolitiques internationales en l’occident (USA et Europe) et la Russie avec ses alliés membres du BRICS.
« Le Conseil d’affaires du BRICS travaille sur un système de paiements internationaux, adossé à la monnaie numérique de banque centrale, commune. Elle sera une version centralisée et souveraine, elle devrait être détachée de la méthode SWIFT.
Dans une version plus centralisée et plus souveraine », souligne l’analyse d’Ali Kahlane. Il affirme ainsi que « des tests bêta et des expérimentations grandeur nature sont prévus pour l’année 2023 avec des lancements effectifs dès 2024 ». De plus, tous les pays membres du groupe des BRICS ont déjà lancé leur projet de monnaie numérique de banque centrale, certaines ont même plusieurs, comme l’Afrique du Sud.