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« Le droit au logement est un défi majeur » (Nadir Djermoune, urbaniste – entretien)

Par Yacine Temlali
juillet 20, 2017
« Le droit au logement est un défi majeur » (Nadir Djermoune, urbaniste – entretien)

Dans cet entretien accordé au site web croate spécialisé Motel Trogir, Nadir Djermoune, qui enseigne à l’université de Blida, donne un aperçu de l’histoire architecturale et urbanistique de l’Algérie contemporaine, de l’époque coloniale à celle d’aujourd’hui.

 

 

Au début, pouvez-vous nous dire ce qu’est actuellement l’Algérie? Plus de 130 ans de domination coloniale française, alors la guerre pour l’indépendance, une tentative importante pour former une société socialiste (Ben Bella, Boumediene), la période de libéralisation / privatisation dans la première moitié des années 80, la croissance du sentiment religieux comme fait politique de À la fin des années 1980, une guerre civile atroce, Bouteflika comme acteur unificateur et la dernière décennie et quelque chose comme la «stabilité» politique, où est aujourd’hui le pays?

Nadir Djermoune : Votre question couvre toute l’histoire de l’Algérie contemporaine. Il est donc difficile d y répondre d’une manière succincte. Néanmoins, on peut esquisser un aperçu global du processus politique qu’a connu l’Algérie depuis son indépendance. Dans un premier temps, on ne peut pas vraiment qualifier le pouvoir de Ben Bella et de Boumediene comme « une tentative importante pour former une société socialiste » comme vous le dites. Il faut peut-être nuancer. Si on prend comme modèle de formation de société socialiste, l’URSS, la Chine sous Mao, ou encore Cuba ou les ex pays de l’Est dont la Yougoslavie, aux quel on peut rajouter l’expérience de la social-démocratie de l’Europe centrale (je pense notamment à la courte expérience de la république de Weimar), il y a eu réellement tentative de construire une société socialiste, fruit de révolutions politiques et sociales menées par des partis communistes. Il y a eu donc un projet socialiste théorisé et mené politiquement, assumé idéologiquement par une avant-garde politique et intellectuelle. Ce n’était pas le cas de l’Algérie. La révolution algérienne menée par le FLN les armes à la main avait un caractère démocratique, national et anticolonial. Mais la direction du FLN était idéologiquement hétéroclite. Si l’indépendance du pays a ouvert la voie pour une transcroissance d’une révolution nationale et démocratique vers une révolution sociale, dans le modèle socialiste, la direction du FLN n’a pas suivi. Elle n’a pas muté vers une direction socialiste comme le présente le discours dominant. La fraction militaire autour de Ben Bella/Boumediene a plutôt freiné l’élan autogestionnaire (dans le modèle Yougoslave).

Les mesures économiques et sociales prises étaient plutôt de l’ordre d’un capitalisme d’état. La période de Boumediene a marqué un premier cycle dans la formation du capitalisme algérien avec une forte présence d’état. Sa fonction historique fut le transfert du capital, notamment le capital foncier et immobilier vers une classe de possédants (Bourgeoisie nationale au sens marxiste du terme). Classe qui était inexistante au lendemain de 62, ou du moins très faible et sans aucune légitimité pour diriger le pays. Dans cette phase, il y a eu surtout l’émergence et la stabilisation des couches moyennes.

Les premiers signes d’une accumulation du capital entre les mains d’une nouvelle couche sociale de possédants dans la décennie 1980 sont marqués par une ouverture économique vers le marché international et un début de privatisation des secteurs économiques jusque là étatique. Ce qui va engendrer une première grande crise dans le capitalisme algérien notamment au sein des couches moyennes. Ceci explique en partie l’émergence ce que vous appelez « le sentiment religieux comme fait politique ». Ce fait politique s’assimile au fait à un processus de fascisation comme réponse aux angoisses des couches moyennes engagées en masse dans une protestation politique.

Les années Bouteflika qui finissent sur la maladie du président, derrière une façade unificatrice, sont surtout des années d’offensives des classes dominantes. Celles-ci ont non seulement pignons sur rue mais sont en phase de gagner la bataille politique. Ce sera surement la forme que prendra le capitalisme algérien dans le nouveau cycle après Bouteflika, à moins d’un bouleversement régional ou mondial.

Comment tous ces processus et ces moments historiques ont-ils réfléchi sur la ville et l’espace en Algérie?

L’indépendance de l’Algérie est marquée par l’absence d’un projet politique, économique et social pensé, achevée et représentatif. Il émerge en fonction des rapports de force qui se construisent souvent dans la douleur suivant le processus que nous avons décrit. C’est aussi valable pour la production de l’espace et la ville. Ce vide est comblé par des politiques pragmatiques. La grande question au quelle est confrontée l’Algérie dès les premières années d’indépendance est le grand écart entre l’immense demande en logement et en espace urbain d’un coté et la faible offre d’un autre coté. Dans un premier temps, la politique du pouvoir en place se limitait à gérer un espace urbain et habitable bâti pour une population environ 1 millions de colons, devenu « vacant » après le départ en masse de ces derniers. Cet espace de qualité sera « offert » à l’appropriation pour une population d’environ 9 millions d’habitants, jusque là exclus de l’espace urbain.

A partir des années 70, la politique économique basée sur l’industrialisation, sera accompagné d’une politique de planification urbaine basée sur deux axes : le logement collectif sur le modèle des « grands ensembles », héritage des « CIAM » d’un coté et la politique des lotissements urbains pour maisons individuelles, destinées aux nouvelles classes possédantes, sur le modèle « cité-jardin » et le mythe de la « villa ». La disponibilité du sol, devenu domanial notamment autour des grands centres urbains, a facilité cette urbanisation. Il a engendré en revanche un étalement urbain sur des larges territoires.

Les outils d’urbanismes qui ont accompagné cette urbanisation sont restés rattachés aux hypothèses des « CIAM », c’est-à-dire centrés sur des catégories fonctionnelles et économiques en négligeant les aspects environnementaux et territoriaux. Ce qui a engendré une occupation contradictoire peu organique des territoires urbains.

Les années de crise politique et de guerre civile des années 90 ont surtout favorisé la prolifération de lotissements et surtout une urbanisation informelle qui échappe au contrôle juridique et architecturale des pouvoir publics.

Les luttes urbaines et revendications sociales ont contraint le pouvoir sous Bouteflika à continuer la politique du logement social en s’appuyant sur les avatars du modèle des CIAM et de la « charte d’Athènes » malgré ses limites avérées notamment sur le plan environnemental.

Il est intéressant de constater que la ville d’Alger émerge très souvent sur la «carte moderniste» avec le plan Obus de Le Corbusier, qui, bien que n’ait pas été réalisé, a laissé quelques traces sur les générations suivantes d’architectes et de disciples de Le Corbusier, ainsi que sur la structure de la ville (Aéro-Habitat, etc.). Comment décririez-vous en bref le développement moderniste de la ville, qui sont les phases les plus importantes, les tendances?

L’influence du modèle de Le Corbusier au delà du « plan Obus » sur l’urbanisation d’Alger est indéniable. Mais c’est surtout les thèses et les plans des CIAM qui ont marqué Alger dès les années 50, puis le plan de Constantine de De Gaule en 1958, à la vielle de l’indépendance, qui se prolongent dans l’urbanisation au lendemain de l’indépendance. Dès les années 50, Alger est devenue une agglomération immense, dont l’étalement signalait un développement alarmant. J. Berque décrivait la situation comme « un attentat topographique et une menace sociale » liée à la prolifération de l’habitat précaire et des bidonvilles dans la ville qui rappelait au pouvoir colonial «la vie puissante et misérable » des algériens. (Bidonvilles, CIAM et grands ensembles- Zeynep çelik, 2003). Les hypothèses des CIAM vont rester dominantes dans l’urbanisation d’Alger. Des plus emblématiques on peut citer Zerhfuss au Champ de Manœuvre, Roland Simounet dans l’absorption de l’habitat précaire, le groupe Hanning et Dalloz dans la cité des Annassers. Même F. Pouillon reprend le même modèle avec une démarche culturaliste. Toutes ces opérations qui témoignent du poids de CIAM et du « Mouvement Moderne » (que vous appelez moderniste) dans l’architecture et l’urbanisme d’Alger au 20°siècle vont continuer à jouer le rôle de paradigme jusqu’à aujourd’hui en perdant de leur portée utopique initiale.

Déjà de la période du protectorat français, comme dans d’autres pays d’Afrique du Nord, comme le Maroc, les colonies deviennent le terrain pour les expérimentations pour les architectes européens. Dans les anciennes colonies, dans la première moitié du XXe siècle, des idées de planification urbaine ont été introduites, considérées comme étant «trop radicales à mettre en œuvre en Europe». Pouvez-vous nous parler de quelques exemples de l’Algérie?

Tout le 20° siècle, dans le sillage du Bauhaus, de la Chartes d’Athènes et des CIAM, fut un siècle d’expérimentation et d’élaboration de nouvelles hypothèses, mais pas seulement en Algérie et en Afrique du nord. C’est surtout le cas pour les pays qui ont tenté la construction du socialisme mais aussi, à un degré moindre dans le pays capitaliste développé. Il suffit de penser aux expériences d’Ernest May à francfort, à « vienne la rouge » au temps de la république de Weimar, à Berlage à Amsterdam, aux constructivistes russes….Alger est plutôt connu pour le projet théorique de Le Corbusier « Plan Obus ». Il y a eu aussi au niveau de l’urbanisme, dans les années 30, le plan de René Danger, puis celui de H. Prost. Mais aucun n’a été réalisé dans sa totalité. Puis on a eu dans la restructuration du quartier de la Marine le plan de Tony Socard qui a été réalisé en partie. On peut aussi citer l’expérience ratée de Hanning et de Dalloz au quartier des Anassers qui ont cru trouver dans la topographie d’Alger et son croissant un modèle géométrique « naturel » sous forme d’équerre qui dirigerait la forme de la ville ! Il y a en effet durant le 20° siècle beaucoup d’expériences qui font la richesse de la ville sur le plan de la recherche académique, mais qui représentent aussi un certain éclectisme urbain qui exprime des contradictions dans son développement en opposition avec la grande harmonie du 19° siècle ou encore de l’ancienne ville.

Au cours de cette période, des personnalités architecturales importantes réalisent leurs idées en Algérie, dont l’une est Fernand Pouillon, qui a été employé par le gouvernement colonial d’Algérie pour aider à résoudre le problème brûlant de l’habitation, pour les travailleurs européens, mais la population musulmane en pleine expansion Vient en villes pour travailler, avec les processus d’industrialisation de cette époque. Comment estimez-vous ces réalisations (Climat de France, Diar el Saada, Diar El Mahcouletc.)? Certains théoriciens soulignent que l’urbanisme (en particulier la résolution de la question de l’habitation) a souvent été utilisé comme l’un des outils ou la tentative de parvenir à la paix sociale, et a-t-il été entrepris par les puissances coloniales en période d’agitation sociale?

« La question du logement » est déjà soulignée par F. Engels au 19° siècle. Au 20 siècle le philosophe français H. Lefebvre parle du « droit au logement ». La question du logement et de l’habitat reste la grande problématique tant sociale qu’urbaine et architecturale du 20° siècle. Sur le plan social et politique, la question ne se pose pas seulement en terme de « parvenir à la paix sociale ». Elle se pose en terme de « droit au logement » et un « droit à la ville ». C’était valable dans les années 50 et c’est valable aujourd’hui. Les algériens ont toujours tenu cette question au cœur de leur préoccupation. Aujourd’hui encore, cette question est au cœur du programme de Bouteflika. Car les algériens n’ont jamais abandonné ce qu’ils ont toujours considéré comme un droit. Nous avons signalé plus haut que la question du logement et des bidonvilles à Alger était la grande préoccupation des architectes, mais un peu oublié par l’histoire de l’architecture moderne. En 1953, le groupe d’architecte réunis sous l’appellation de « CIAM-Alger » fait une présentation au congrès international d’architecture moderne (CIAM) d’Aix-en-Provence. L’étude présentée couvre cinq thèmes principaux : urbanisme, législation, construction, arts plastique et question sociale.

Sur le plan strictement urbain et architectural, le changement d’échelle typologique dans la production du logement est à l’origine des transformations de la forme urbaine moderne. La disparition de la parcelle, de l’ilot comme régulateur de la forme urbaine a laissé la place à la barre, la tour et « le grand ensemble ». Les expériences de F. Pouillon offre à cet égard des hypothèses encore d’actualité aujourd’hui tant sur le plan des conditions sociales et économiques et les procédé techniques utilisés que sur le plan esthétique et architectural. Au niveau urbain, Pouillon reste un « moderniste » avec sa dimension culturaliste, c’est à dire celle de chercher dans la culture locale des éléments architectoniques pour son esthétique. .

Il est également important de mentionner que la planification de la ville moderniste entreprise par la domination coloniale était la planification des inégalités sociales (exemples d’habitats pour les populations européennes et musulmanes réparties, etc.) Comment ces réalisations sont-elles vues aujourd’hui et comment elles sont-elles traitées? Par exemple, les quartiers d’habitation Pouillon, etc.?

La ségrégation sociale et culturelle était la structure fondamentale de la société coloniale. Les algériens étaient exclus de la vie urbaine. C’est déjà le cas dès les débuts de la colonisation dans toutes les villes algériennes, sauf peut être pour Alger où la position territoriale de la Casbah a imposé une promiscuité sociale et culturelle dans l’espace de la ville. Mais promiscuité ne veut pas dire mixité. Lorsque dans les années 50, face à l’exode rural qui déferlait à la périphérie des grandes villes, le pouvoir colonial a entamé une politique urbaine envers les populations indigènes, c’était une réponse tardive aux revendications nationales et démocratiques. Dans les cités d’habitation construite sur le modèle de la « chartes d’Athènes », destinés aux populations françaises et européennes d’abords et les populations indigènes en second lieu, la même ségrégation est reconduite. On retrouve encore les traces de cette ségrégation dans la cité « Concorde » sur les hauteurs de Birmandreis ou celle de Diar El Mahçoul de F. Pouillon, structurée entre la partie appelée « Confort » et la partie appelé « Indigène ». F. Pouillon a voulu casser cette ségrégation en offrant, dans le cas de la cité « climat de France », une certaine grandiloquence à travers une esthétique monumentale. Cette ségrégation est vite dépassée au lendemain de l’indépendance. Nous avons même l’appropriation des quartiers habités par la grande bourgeoisie coloniale par les couches les plus pauvres, comme le quartier du19° siècle de Didouche (ex Isly) ou le quartier de Hydra. Pour les cités « Modernes » du 20 siècle les traces de cette ségrégation sont moins apparentes.

Après la guerre algérienne pour l’indépendance, la nouvelle société socialiste semblait émerger. Après une courte période de Ben Bella (encore plus radicale de gauche?), Pour la prochaine décennie et demie Houari Boumediene règle dans une tentative de créer une société socialiste semblable à la RSFY de Tito. Comment sa règle est-elle vue aujourd’hui en Algérie et comment a-t-elle réfléchi sur le développement urbain?

On ne peut pas qualifier la nouvelle société post coloniale de « socialiste » ni au temps de Ben Bella ni au temps de Boumediene, si ce n’est dans le discours. Il y a en revanche une forte présence étatique dans la construction d’une économie qui avait comme ambition une véritable indépendance et une justice sociale que les algériens n’ont jamais abandonnée. Ceci a amené le régime de Boumediene à chercher des alliances qu’il a trouvé dans les régimes les plus progressistes et dehors de l’influence de l’URSS, dont la Yougoslavie de Tito. Mais je ne connais pas bien la réalité yougoslave pour comparer. En revanche il n y a pas un rapport direct avec le développement urbain. Dans cet élan d’une construction d’une société indépendante et souveraine, le projet de Boumediene était centré sur l’industrie industrialisant. Ce qui a entrainé un processus d’urbanisation massif de la société en partant de la matrice territoriale coloniale et ses inégalités initiales. L’échec de cette politique d’industrialisation n’a pas freiné le processus d’urbanisation de la société et du territoire algérien. La libéralisation en cours aujourd’hui a accentué cette inégalité.

En mentionnant Boumediene, il est nécessaire de mentionner le travail d’Oscar Niemeyer, qui était à l’époque de son exil européen, en tant que membre actif du parti communiste du Brésil, il a dû quitter le pays après le coup d’Etat militaire. Boumediene l’invite à l’Algérie puis il réalise plusieurs réalisations publiques très importantes mais moins connues (universités, installations sportives). Comment voyez-vous cette relation Boumediene-Niemeyer et l’ouvre de Niemeyer en Algérie?

O. Niemeyer a construit seulement deux grands ouvrages qui sont des universités, celle de Constantine et d’Alger et une salle sportive qu’on appelle la coupole. Si ces projets représentent dans le paysage urbain Algérien la dimension la plus poussée dans de l’architecture moderne de l’Algérie contemporaine, ils restent isolés et noyés dans une urbanisation de plus en plus anarchique. Ce sont surtout des projets qui brillent par leur plasticité célébrant le béton et le verre. Ils symbolisent par leur forme l’une des facettes idéologique de l’ère de Boumediene centrée sur la science, la technologie et l’industrialisation de la société. Le choix de Niemeyer pour l’université, édifice abritant la science, n’est, de ce point de vue pas un hasard. C’est dans la même logique qu’est choisi aussi le japonais Kenzo Tange pour la construction de l’université des sciences et des technologies d’Oran.

Aujourd’hui, ce sont plutôt les valeurs esthétiques dites « arabo-musulmane » qui symbolisent l’idéologie officielle en matière d’esthétique architecturale.

Le mouvement non aligné était fort mais aujourd’hui un lien presque totalement négligé entre l’Algérie et les pays de l’ex-Yougoslavie (et au-delà). L’important échange culturel, éducatif et économique a été permis grâce à ce mouvement. Aujourd’hui, il n’y a aucune trace du tout. Voyez-vous un potentiel pour revoir ces relations et l’héritage des relations non alignées créées à l’époque? Dans l’architecture, la culture et au-delà?

Il y a eu en effet dans les années 1970-80 un riche et grand échange culturel, notamment dans le domaine technique, scientifique et sportif entre l’Algérie et l’ex-Yougoslavie et avec les « ex-Pays de l’est ». Ce choix était dicté surtout par le besoin d’un encadrement technique dans le cadre du développement technologique et industriel que nous avons cité plus haut. Il est aussi dicté, politiquement par la volonté de diversifier cet encadrement et les échanges avec l’étranger afin d’échapper au monopole d’un seul pays notamment la France qui reste très présent notamment à travers la langue française.

Aujourd’hui, avec la mondialisation économique et la cyber informatique, l’ouverture sur le monde, notamment sur le monde développé est une nécessité cruciale. Mais le développement qui s’inscrit encore dans un capitalisme libéralisé et plus que jamais mondial reste un développement très inégal et combiné. Il est inégal entre les pays du nord et ceux du sud. Les pays du sud restent étouffés par les logiques impérialistes des puissances du nord auxquelles on peut rajouter les puissances chinoise et russe. C’est aussi un développement combiné où il combine des logiques culturelles et sociales différentes. Comment concilier et combiner ces histoires différentes dans un destin commun ? C’est la grande question du siècle.

L’hypothèse d’un avenir socialiste engagé au début du siècle passé avec la révolution russe a montré ses limites suite à la dégénérescence stalinienne. « L’utopie » de Tito et d’une certaine manière celle de Boumediene dans le mouvement non aligné a aussi montrés ses limites. L’Algérie comme la Yougoslavie ont connu des guerres civiles atroces dans les années 90. Au niveau urbain et architectural c’est valable pour l’utopie du Bauhaus. Autant d’élément historiques et culturel qui nécessitent de revoir avec un regard critique cette histoire contemporaine afin de construire de nouvelles hypothèses de développement et d’émancipation.

Quelles sont les principales tendances dans le développement urbain / l’architecture / l’espace public en Algérie aujourd’hui et quels sont les principaux défis?

Le principal défi en termes de développement urbain/architectural et d’espace public reste essentiellement celui de régler la question du logement pour une population de près de 40 millions d’habitant et de plus en plus urbanisé en gardant un droit au logement comme un droit inaliénable, comme le droit à a santé et à l’éducation. L’autre défit se résume dans « le droit à la ville », c’est-à-dire le droit à un espace public de qualité qui est différent du fameux « espace vert » chers aux Modernistes

Mais ce développent fait place aujourd’hui à une autre crise, la crise environnementale et écologique. Les réactions à ces crises et à ces échecs se tournent vers des questionnements identitaires y compris en architecture. On est loin de l’utopie « Bauhaus ». À travers ces enjeux identitaires se poses la question de notre rapport à l’histoire et aux enjeux patrimoniaux.

 

 

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